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3/3 – Foot féminin et salaires : rouage du mécanisme de développement de la discipline

Par 21/03/2020 12:40 septembre 3rd, 2020 No Comments
Cet article ferme le tryptique d’articles autour de la professionnalisation et l’économie du football féminin, dont les deux premiers articles sont disponibles plus bas dans cette rubrique #Metemps. Plusieurs références y seront faites dans cet article, ainsi qu’à d’autres articles de la rubrique – nous vous invitons donc à scroller à vos aises sur cette page.
Alors que la professionnalisation du football féminin et la lutte pour l’égalité salariale progressent à travers le monde, les retombées économiques qui pourraient en découler sont encore souvent freinées par des investissements faibles ou utilisés de manière impertinente. Analyse du mécanisme qui permet de bien les rentabiliser.

Nous l’avons démontré, la mise en place du système de rémunération des joueuses (⅔ – à lire plus bas) ainsi que ses résultats économiques positifs dépendent des investissements dans le football féminin. Mais sa reconnaissance et la popularisation sont, eux, les conséquences de la répartition de l’argent entre clubs, fédérations et joueuses elles-mêmes. Les salaires et la professionnalisation font partie d’un ensemble et d’autres conditions doivent être remplies pour que le travail des joueuses porte ses fruits. Aux clubs et aux fédérations de s’en charger.

Formation et performance – les clubs en jeu

Le succès des rencontres footballistiques dépend du spectacle offert aux spectateurs : s’ils apprécient, ils reviendront, et la “consommation” du football à la télé comme au stade augmentera. De toute évidence, la rémunération des joueuses a une influence primordiale sur leur niveau de jeu (plus d’explications à ce sujet dans ⅓, plus bas dans la rubrique), mais l’efficacité du temps et l’énergie consacrés à leur effort sportif est conditionnée par les conditions d’entraînement. Ce n’est qu’avec des infrastructures (terrains, matériel, staff…) de qualité et mises à disposition pendant une durée adéquate que le talent et le travail des joueuses peuvent réellement augmenter et permettre de meilleures performances en match. L’Olympique Lyonnais gagne championnat après championnat en partie grâce à son mercato, mais doit surtout sa réussite à son centre de formation qui lance certaines des meilleures joueuses d’Europe ou du monde. Ce vivier de joueuses lui permet même de fournir à d’autres équipes celles qui ne joueront pas en équipe première.

L’importance de la formation concerne également la pratique dès le plus jeune âge. D’une part, il permet de former physiquement et psychologiquement (voir interview de Maria José Brundo plus bas) de futures joueuses vedettes. Plus longue et meilleure est leur expérience dans le football, meilleure sera leur performance à l’heure de se professionnaliser et meilleur sera le niveau global du football professionnel. D’autre part, il permet l’augmentation de la pratique de la discipline et la normalise – plus de jeunes filles jouant au football permet d’habituer les générations actuelles à ce fait social et “d’éduquer” les jeunes générations à l’idée d’une pratique non genrée. Mais les clubs ne sont pas seuls responsables de l’amélioration des conditions de jeu pour les joueuses – le fardeau du développement de la pratique chez les jeunes est aussi porté par les Fédérations…

Développement et visibilisation – les fédérations au rendez-vous ?

En effet, le développement de la discipline dans sa pratique est l’objectif principal des Fédérations – fédérations nationales comme la FFF, continentales comme l’UEFA ou mondiale comme la FIFA – dont l’économie tourne autour de la médiatisation et la popularité du football. L’argument de la faible rentabilité relative du football féminin, lui vaut souvent d’être bien moins considéré que le football masculin. Et ce, y compris dans le cas où les joueuses et les clubs sont engagés et réalisent leur part du contrat.

Alors que sa médiatisation peut permettre la visibilisation du sport, les médias ne s’y intéressent que si l’audience réclame ce type de programmes et si le spectacle sur le terrain est au rendez-vous. Une fois que les clubs entraînent et que les footballeuses performent, c’est aux fédérations d’agir pour les mener vers les médias. L’organisation par les fédérations de championnats à la hauteur des espérances du public permet d’attirer davantage de “consommateurs” à travers les médias qui en seront aussi plus friands. La Coupe du Monde 2019 a été un bel exemple de création d’une vague de popularité pour le football féminin, notant des scores d’audience records à la télé (voyez nos articles à ce sujet plus bas dans la rubrique) – entre autres…

Joueuses, clubs et fédérations sont donc des parties complémentaires du mécanisme de popularisation et de création d’une économie du football féminin. Des joueuses douées sans salaire et soutien technique de leur club ne peuvent pas espérer grand chose, et sans le soutien fédéral, leur visibilité est aussi réduite. En divisant les finances entre joueuses, clubs et fédérations pour l’investir avec jugement, le football féminin pourra enfin devenir rentable.

Et tout ce système, a pour point de départ la professionnalisation et la rémunération des joueuses (relisez l’article précédent ⅔)…

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