Ada Hegerberg est de retour après plusieurs années compliquées – ©Damien LG-OL
Dans une interview accordée à beIN Sports, Ada Hegerberg s’est longuement livrée sur le football féminin français, ses périodes difficiles, mais aussi sur le départ de Jean-Michel Aulas.
Sur ses blessures lors des dernières années
« J’ai vécu des choses très difficiles mais j’ai pu surmonter ces épreuves. On m’a dit qu’il fallait d’abord remarcher avant de jouer. Ca a été des mois très longs, le plus grand challenge dans ma carrière. C’était un challenge mental. [….] Revenir et gagner la Ligue des champions, où tout le monde avait dit qu’on allait perdre, et gagner le championnat, c’est une énorme fierté pour moi. C’est une fierté pour moi, parce que je reviens de loin. C’était peut-être le plus grand moment de ma carrière.»
« C’est fini tout ça. J’ai envie de profiter. On parle tellement de résultat et de performance, parce que c’est comme ça au haut niveau, mais sans rêver, sans prendre de plaisir, je pense que c’est très difficile de réussir sur le long terme. Ce recul-là vient peut-être de mes blessures. C’est fun de venir au travail avec un bon groupe de joueuses qu’on aime bien. Des fois je me sens comme une petite fille dans ce monde. »
Sur le départ de Jean-Michel Aulas
« Pour moi, c’est peut-être le plus grand Monsieur de l’histoire du football, surtout du football français, mais aussi du football féminin. Je ne sais pas si les gens se rendent vraiment compte de l’importance qu’il a eu pour les femmes en général. Malgré tout, on est une petite minorité à avoir vu ses valeurs. On parle d’un homme qui a pris tellement de temps, qui a tellement investi dans notre équipe, qui a un palmarès hors-normes. La relation qu’il a avec nous, […] c’est quelque chose que je ne vais jamais retrouver dans ma carrière. C’est avec beaucoup de tristesse qu’on le voit partir. C’est marrant parce que j’ai toujours dit que le jour où le Président quitterait le club, moi aussi. Pour moi il restera toujours le patron. Lui-même sait à quel point il est important pour nous, et il mérite tout le respect qu’on peut lui donner. J’espère qu’il restera assez proche de nous parce que c’est une relation très particulière. »
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Sur l’avenir du football féminin français
« C’est à eux de se poser la question de ce qu’ils veulent pour notre championnat. Est-ce qu’ils veulent être en compétition avec les autres championnats d’Europe ? C’est la première question à se poser. Si la réponse est oui, il faut faire quelque chose parce qu’aujourd’hui on n’est pas là. Ca fait 8-9 ans que je suis en France, malheureusement il n’y a eu aucun développement. C’est très triste parce qu’il y a un football intéressant. Il faut mettre en place un produit qui peut durer. On ne peut que aller vers l’avant parce que là ça ne peut pas être pire. »
Sur ses prises de position
« C’est très dommage qu’aujourd’hui des jeunes filles se posent la question de savoir si c’est bien pour elle de jouer au foot. Il faut pas négliger l’importance d’éduquer les gens. […] Ca ne doit pas être une question d’argent mais de considération. […] Je ne suis pas une politicienne, je suis footballeuse. Mais je sais qu’avec les résultats et les performances, ça peut avoir un poids sur l’avenir du foot. Être dans cette position est un privilège mais aussi une responsabilité. J’aurais aimé ne pas prendre la parole et rester focus sur le foot […] mais malheureusement en étant une femme dans le foot aujourd’hui, les responsabilités sont plus grandes que cela. Si on veut que le foot se développe, il faudra dire les choses clairement. Je trouve dommage qu’aujourd’hui dans le football, il n’y ait jamais de dialogue entre les acteurs et les actrices et les organisations, les fédérations. Malheureusement c’est le business du football. Quand il y a de plus en plus d’argent, on est mis de côté et c’est de plus en plus difficile d’avoir de l’impact en tant qu’actrice. »