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Argentine : la coach de Rosario Central dénoncée pour harcèlement et homophobie

Par 08/01/2022 12:00 No Comments
L’équipe de Rosario Central en 2019 avant un match contre San Lorenzo – © Ana Clara Nicola
Le 30 décembre dernier, 13 joueuses et anciennes joueuses de Rosario Central (Argentine) ont porté plainte contre leur club et leur entraîneure pour harcèlement et discrimination. Explications. 

Harcèlement, maltraitance et homophobie

Le 30 décembre dernier, 13 joueuses et anciennes joueuses du club de première division argentine, Rosario Central, se sont unies pour publier un communiqué de presse. Elles y dénoncent les actes d’harcèlement et de discrimination de leur entraîneure Roxana Vallejos.

« Nous nous organisons pour rendre visible une série de faits de harcèlement dont nous avons été victimes cette année. A de multiples reprises, nous avons souffert de maltraitance, menaces, discrimination de genre et envers la diversité sexuelle, d’actes qui ont atteint notre santé physique et mentale », déclarent-elles dans leur communiqué. 

Parmi les actes dénoncés par les joueuses, un comportement abusif pendant les entraînements. Vallejos aurait par exemple exigé de certaines joueuses qu’elles participent aux entraînements malgré des blessures importantes, mettant en danger leur santé. « C’étaient plein de petites actions tous les jours, à tous les entraînements qui , au bout d’un moment, nous ont fait nous dire “bon, là il faut faire quelque chose!” », déclarait Mica Bianchi dans un live avec nos collègues de FutFemProf. Elles citent également les suites d’une défaite en championnat, à la suite de laquelle l’entraîneure aurait « confisqué » les téléphones de toutes les joueuses pendant les entraînements suivants pour les forcer à « être plus concentrées ». Un abus de pouvoir et une atteinte à la privacité, auxquels s’ajoutent nombre d’interactions irrespectueuses et autoritaires. 

Mais les délits incombés à l’entraîneure de Rosario Central ne se limitent pas à du harcèlement moral. En effet, l’ancienne joueuse Maira Sanchez raconte avoir été expulsée du club pour avoir embrassé une coéquipière. Elle raconte : « le 9 novembre 2021 j’ai été convoquée dans un vestiaire, seule avec la directrice technique, qui annonçait mon licenciement de l’équipe “professionnelle” pour avoir, supposément, embrassé une coéquipière dans l’enceinte du club »  

Maira sanchez Rosario Central – © Instagram @mairasanchez_m

Un club dans le déni et sur la défensive

Les joueuses auraient dénoncé les actes de Vallejos aux autorités du club. Mais, étant restées sans réponse, elles ont finalement décidé de porter plainte auprès de l’INADI, l’Institiut National contre la Discrimination, la Xénophobie et le Racisme. Dans le cadre de cette plainte, elles dénoncent les actes de leur coach mais aussi l’inaction de leur club. 

Face à ces accusations, le club a également publié un communiqué dans lequel il dément les accusations de discrimination homophobe et précise que toutes les décisions de radiation de joueuses sont « basées purement et exclusivement [sur des raisons] à caractère sportif. » Il ne mentionne cependant pas le reste des accusations de harcèlement et de comportement abusif. 

Le communiqué défend aussi ses employés et les mesures de longue date contre l’homophobie en rappelant l’existance du Secrétariat de genre et de discrimination, créé justement pour traîter ce genre de problématiques. Ces propos font écho à la déclaration des joueuses plaintives qui disent avoir précédemment dénoncé les actes homophobes de la coach à la secrétaire de genre et de discrimination du club.

Depuis la plainte, la secrétaire en question a déclaré son soutien aux joueuses et activé le protocole de prévention et d’action. Elle aurait déclaré «Nous voulons manifester notre préoccupation face au fait de gravité institutionnelle que les dernières heures ont rendu public. » L’objectif du plan d’action est de « prévenir et éliminer les violences et discriminations basées sur le genre, l’orientation sexuelle, l’identité ou l’expression de genre. » Reste à clarifier son inaction suite à une première réunion que les joueuses ont eu avec le club avant de porter plainte auprès d’INADI.

Et maintenant ? 

Plus d’une semaine après les faits, Roxana Vallejos reste en poste. Alors que son contrat a été renouvelé à la fin de l’année 2021, le club ne semble pas souhaiter y mettre fin face à ces accusations. Maira Sanchez, quant à elle n’a pas réintégré l’effectif  En attendant, l’INADI mène son investigation et le club enquête, d’après ses dires, en interne sur les accusations d’homophobie. L’issue définitive de ce scandale est encore en attente. 

Cet article a été réalisé avec l’aide et en association avec nos partenaires en Argentine de FutFemProf. Retrouvez leur contenu en espagnol ici.

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