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Arrêt D2: « Le caractère des femmes fait qu’on ira jusqu’au bout du combat »

Par 09/03/2021 10:00 mars 11th, 2021 No Comments
Candice Pognat, joueuse d’Yzeure ©Sylvain Gallet
Une nouvelle fois suspendu après l’annonce de la reprise, le championnat de D2 féminine est toujours dans l’incertitude. Clara Moreira et Candice Pognat, joueuses au FF Yzeure se sont livrées à L’Équipière pour évoquer les difficultés rencontrées cette saison sur tous les plans mais aussi pour parler de la considération accordée au football féminin.

Un ascenseur émotionnel difficile

Depuis le début de la crise sanitaire en mars 2020, le championnat de D2 n’a jamais réellement repris la totalité de ses droits. Déjà achevé prématurément en 2020, le championnat n’aura donné lieu qu’à cinq petites journées depuis l’interruption fin octobre. Pourtant, deux semaines auparavant, le Ministère des sports avait enfin accordé son autorisation pour une reprise à la compétition le 18 avril. Mais c’était avant de revenir sur ses dires récemment. Un moment difficile pour les joueuses comme le souligne Candice Pognat: « Les arguments avancés sont incohérents et infondés car nous pouvons également respecter les conditions de reprise de championnat comme la D1 Arkema ainsi que les championnats masculins… On a vécu un ascenseur émotionnel très très fort. » Clara Moreira confirme: « Ça nous met toutes en colère en tant que joueuses, on se sent malmenées. Ils ne se rendent pas compte des conséquences pour nous sur le plan mental et corporel. »

Un manque de considération envers la D2

A l’inverse du football masculin, la Coupe de France féminine est en suspens pour les clubs hormis ceux de D1 Arkema. Une différence qui génère un sentiment d’injustice pour Candice Pognat. « On se sent délaissées et pas reconnues à notre juste valeur. Même si on n’a pas un statut professionnel, on s’entraîne comme des pros. » Elle ajoute « des clubs amateurs masculins vont reprendre pour la Coupe de France et nous, on est dans le flou, sans information pour la suite du championnat sans même avoir un espoir de reprendre au niveau de la Coupe de France féminine. »

Pour elle, cette situation n’est ni plus ni moins que le résultat d’un manque de considération de la Fédération Française de Football. « On se sent mises de côté par la Fédération, par ses décisions d’inégalités. »

« Comment voulez-vous vous mettre en lumière quand il n’y pas de compétition? »

Clara Moreira partage ce sentiment et pense que cela nuit également aux objectifs et ambitions de chaque joueuse en club ou en sélection. Elle prend l’exemple de sa coéquipière Christine Manie, internationale Camerounaise qui prépare les barrages pour les Jeux Olympiques, (ndlr, le match de barrage face au Chili a été reporté à avril) . « Il y a un manque de respect envers certaines internationales et autres joueuses qui se fixent des objectifs et ambitions. Comment voulez-vous vous mettre en lumière quand il n’y pas de compétition? (silence). » 

Une situation qui, selon elle, pénalise des joueuses en sélection. Elle évoque une image : « Je vois mes collègues prendre le train et partir. Moi, je monte dans le train mais sans rails, je vais nulle part. » Elle compatit également avec les joueuses hors contrat. « Je pense également à toutes mes coéquipières et autres joueuses de D2 qui travaillent la journée, viennent aux entraînements, qui font ça depuis des années. Quelles réponses leur donne-t-on? C’est un manque de respect et de considération, on n’a pas l’impression d’être portées » explique-t-elle.

La sortie de Noël Le Graët n’arrange rien

Pour ne rien arranger, certains propos tenus par Noël Le Graët alimentent cette incompréhension. Récemment interrogé sur les tensions au sein de l’équipe de France féminine, le Président de la FFF a sommairement répondu :« Elles n’ont perdu aucun match. Donc elles peuvent se tirer les cheveux, ça m’est égal. » Des déclarations qui ne font que renforcer le malaise déjà présent. Candice Pognat réagit sans détour : « Noël Le Graët nous fait honte par ses déclarations et par ses décisions. Il y a déjà une inégalité homme/femme dans le football et même en dehors du sportif. On aimerait avoir un Président qui se bat justement contre ces inégalités, qui prône le respect et la tolérance envers les femmes. » 

Clara Moreira souligne, quant à elle, son incompréhension. Dans le contexte actuel d’élections pour la présidence de la FFF (ndlr, les élections se tiendront le 16 mars), elle reste dubitative « Je ne sais pas si c’est de la maladresse mais il s’est mis en mauvaise posture », avant de conclure par un message porteur d’espoir: « Le caractère des femmes en général fait qu’on ira jusqu’au bout du combat pour que toutes les femmes du milieu sportif et autres, obtiennent l’égalité et soient enfin reconnues à leur juste valeur. »

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