
Les joueuses du Sporting interrogées en zone mixte à la fin du match. – ©️Antoine Chossat / L’Équipière
À l’issue de la troisième journée de Liga BPI, qu’en est-il de l’Atlético Ouriense, anciennes championnes et représentantes du Portugal en Ligue des Champions ?
À une dizaine de kilomètres d’Ourém, à Fátima, il y a près d’un siècle, trois jeunes bergers auraient vécu l’expérience d’apparitions sacrées de la Vierge Marie. Depuis, Fátima est un des lieux de pèlerinages catholiques les plus importants du monde, avec des centaines de milliers de pèlerins venant chaque année dans cette localité à 1h au Nord de Lisbonne.
Sur ces pèlerins, il est fort à parier que peu d’entre eux viennent également assister aux matchs du Clube Atlético Ouriense. Deux fois champions de première division en 2013 et 2014, avec deux participations en Ligue des Champions à la clé, le club d’Ourém est aujourd’hui loin de faire partie des favoris pour le titre. Il jouait samedi son premier match à domicile de la saison, contre le puissant Sporting Portugal. Un club de Lisbonne, filiale d’un des trois plus grands clubs masculins du pays. Retour sur l’histoire courte mais riche de l’Atlético Ouriense à l’occasion de la troisième journée de Liga BPI.

Les joueuses du Sporting concentrées et soudées avant le match. – ©️Antoine Chossat / L’Équipière
Une affiche déséquilibrée
Le Sporting s’avance sur la pelouse de l’Ouriense avec de grandes ambitions et la volonté de faire un match plein. Au sein de la division Sud de cette nouvelle version de la Liga BPI, il y a un match dans le match qui se joue, celui opposant le Sporting au Benfica. Il se jouera en partie le 15 novembre prochain avec un derby de Lisbonne sur le terrain du Benfica. Mais il se joue aussi à chaque journée contre des plus petites équipes sur le terrain de la différence de but. À l’entame de la journée, les deux clubs affichent sans surprise 2 victoires en 2 matchs et les Aigles ont l’avantage du goal average (+13) sur les Lionnes (+11).

La coach du Sporting, Susana Cova, sait que ce match n’est pas sans enjeu quand elle parle à ses joueuses.
Dès la première minute et première occasion du Sporting, les Vertes et Blanches ouvrent la marque sur corner. Cela ne sera cependant pas la seule fois de l’après-midi : on s’attend à un match riche en buts. Un quart d’heure plus tard, Fátima Pinto, comme un symbole, vient doubler la marque pour le Sporting d’un lob sur la gardienne.

Sur les couloirs, ici avec Alicia Correia, la menace était constante. – ©️Antoine Chossat / L’Équipière
Un trouble-fête ambitieux
Pourtant, l’Atlético Ouriense n’abandonne pas là. Ce n’est pas dans l’ADN du club que d’abandonner. Fondé en 2008, la section féminine connaît une ascension rapide. Pour leurs débuts en première division, lors de la saison 2012-13, elles finissent à la première place de la saison régulière avant de détrôner l’União 1° Dezembro, qui a régné pendant 11 saisons consécutives de 2001 à 2012. Si la série en cours de l’OL est encore plus importante (14 titres nationaux), une telle domination demeure impressionnante. Ourém est venu la briser. La saison suivante, elles remportent un second titre en autant de participations, et raflent la Coupe du Portugal. Surtout, elles participent pour la première fois de leur histoire à la Ligue des Champions, avec un tour préliminaire à domicile qu’elles n’arriveront pas à passer en raison d’une défaite contre les Suisses de Zürich.

La salle des trophées de l’Atlético Ouriense est une des plus garnies du football féminin portugais. – ©️Antoine Chossat / L’Équipière
La saison suivante, pour leur seconde participation, elles écrivent l’histoire en devenant le tout premier club portugais à se qualifier pour une phase finale de compétition européenne avec une victoire contre le Standard de Liège et l’ASA Tel-Aviv. En seizièmes de finale, elles chuteront contre les Danoises du Fortuna Hjørring. Mais cette performance reste une des plus grandes fiertés de l’histoire du club : « Nous sommes le premier club portugais à avoir passé les qualifications ! », répète-t-on.
Peut-être est-ce cette histoire qui a inspiré l’équipe à cet instant du match, puisqu’à la 37e minute, Flavia Fartaria décoche une superbe frappe qui vient se déposer dans la lucarne de Patrícia Morais. Le but du 1-2, le premier but dans le jeu d’Ourém cette saison, est peut-être le plus beau de ce match et le banc ne s’y trompe pas, exultant de joie.
À la mi-temps, le score (1-2) ne reflète pas exactement la physionomie du match tant le Sporting a dominé. Mais à l’image de leur histoire, l’Atlético Ouriense a su jouer les troubles-fêtes.

On présente avec fierté la plaque de participation d’Ourém à la Champion’s League, aux côtés des plus grands clubs d’Europe. – ©️Antoine Chossat / L’Équipière
Un déclin inexorable
La deuxième partie de l’histoire de l’Atlético, à l’image de sa deuxième mi-temps, ne se passe pas exactement de la manière souhaitée. Elles laissent échapper le titre deux années consécutives au CF Benfica, le « Fofó » (à ne pas confondre avec le SL Benfica, la section féminine du puissant club benfiquiste), les deux dernières saisons avant l’arrivée des sections du Sporting et de Braga. Dans un nouveau format en 2017, le championnat ne bénéficie pas à Ourém, relégué pour 2 points trois ans après leur dernier titre. Le club fera l’ascenseur et reviendra dans l’élite la saison suivante, mais son statut aura changé dans un championnat qui ne sera plus jamais le même. Sur le terrain ce samedi, le Sporting retrouve son réalisme. L’internationale brésilienne Raquel Santos inscrit un triplé en trente minutes et les buts s’enchaînent. Au coup de sifflet final, le score est de 9-1 pour le Sporting. La semaine dernière, l’Atlético Ouriense perdait sur le même score contre l’autre géant, le Benfica.

C’est non sans quelques difficultés que Raquel Santos récupère le ballon des pieds d’Ana Ferreira. – ©️Antoine Chossat / L’Équipière
Pour le Sporting, c’est une très bonne opération, puisqu’elles reprennent la tête grâce à la différence de buts (+19), avec la meilleure attaque du championnat. Benfica est derrière (+17), n’ayant battu Damaiense (que) par 4 buts à 0.

À l’image de leur capitaine, la Serbe Neveda Damjanovic, le Sporting a été solide à Ourém. – ©️Antoine Chossat / L’Équipière
À la fin du match, le coach de l’Ouriense, dont l’écho des cris a retentit avec force tout le long du match, a encore de la voix. Il dit devant les caméras que cet après-midi, il n’y a eu « nada de bom ». Mais de ce côté là, on confesse également que le plus dur est passé avec ces deux matchs et qu’une toute autre saison peut désormais commencer. Même dans cette nouvelle saison, on sent que « cela va être compliqué », « Estoril joue très bien, le Maritimo aussi, on verra bien. » Pour gagner son ticket d’entrée pour la deuxième phase du championnat, il faut impérativement terminer aux quatres premières places d’une division Sud relevée.
L’époque des trophées semble ainsi révolue à Ourém, en tout cas pour le moment. Le sourire reste tout de même présent sur les visages, et la fierté des années glorieuses du club semble ineffaçable. Nul ne sait ce que le futur à court et long terme réservera, mais peut-être que le club de la ville d’Ourém est, plus qu’un autre, susceptible de voir un jour se produire un nouveau miracle.
