
photo : ©PSG, Bénédicte Simon pendant le premier match amical de l’été contre Twente. Elle a joué une trentaine de minutes lors de la victoire des siennes (4-2)
Transférée de Reims au Paris Saint-Germain au début de l’été, Bénédicte Simon (23 ans) s’apprête un passer un cap. Portrait d’une jeune latérale explosive dont l’ascension fulgurante ces derniers mois s’annonce très prometteuse.
Dimanche 31 mars 2019, au stade Louis Blériot. Premier revers de la saison pour Reims (ndlr : défaite 3-1 contre Orléans) qui n’avait besoin que d’un point pour assurer sa montée en D1, à trois journées de la fin de saison. Déçue et attristée par le mauvais résultat, Bénédicte Simon fait grise mine. Pourtant, quelques minutes plus tard, la bonne nouvelle tombe : Reims est promu en D1, après trente-et-un ans hors de l’élite du football féminin. Ascenseur émotionnel pour la native de Mantes-la-Jolie qui mène la danse de la joie au milieu de ses coéquipières. Ce court instant vient de dévoiler au grand jour deux de ses principaux traits de caractère : son esprit de compétition et sa bonne humeur communicative.
Quinze matchs et une saison de D1 (écourtée) plus tard, Bénédicte Simon s’apprête à fouler la pelouse de Jean-Bouin avec le PSG, deuxième meilleur club de l’Hexagone et double-finaliste de la Ligue des Champions. Bienvenue dans la cour des grandes. Découverte d’une défenseure encore méconnue du grand public, mais dont l’évolution mérite la plus grande attention.
« Quand elle est venue me voir pour me dire qu’elle allait signer à Aurillac, je l’ai prévenue qu’elle n’allait pas y rester longtemps, que d’autres plus gros allaient venir la chercher. Je ne m’étais pas trompé (rires) »
À Mantes, une jeune joueuse multi-postes et exemplaire
Dans son enfance, la franco-ghanéenne n’a pas la trajectoire classique d’une footballeuse professionnelle. Quand les autres prennent souvent une licence en mixité très jeune, elle, vit une initiation progressive au football. « Pendant trois ans, elle ne faisait que des stages mixtes d’une semaine. Je me souviens avoir été marqué par un concours de jongles lors de sa troisième année. On a dû l’arrêter à 690 (rires) »raconte Idriss Nieng, son premier entraîneur à Mantes. À la rentrée suivante, alors âgée de 14 ans, Bénédicte Simon prend une licence U15 féminine, pour une découverte tardive mais fracassante de la compétition.
Très vite surclassée avec les seniors, Bénédicte Simon impressionne son éducateur. « On pouvait la mettre à tous les postes, aussi bien derrière, qu’au milieu, que devant. Elle était déjà bien en avance, hors norme. Elle était la première à arriver et la dernière à partir des entraînements. » Au printemps 2015, quand elle vient lui annoncer qu’elle s’envole pour la D2, Idriss Nieng n’est pas surpris : « Je lui ai vite dit qu’elle avait le potentiel pour jouer à haut niveau. Quand elle est venue me voir pour me dire qu’elle allait signer à Aurillac, je l’ai prévenue qu’elle n’allait pas y rester longtemps, que d’autres plus gros allaient venir la chercher. Je ne m’étais pas trompé (rires). »

Car dès l’été suivant, Reims, club historique du football féminin, vient toquer à sa porte. Si le club champenois évolue aussi dans l’antichambre, Bénédicte Simon rejoint le projet ô combien ambitieux de jouer la montée avec un club professionnel. La suite, vous la connaissez : sa quatrième saison en Champagne lui permet de goûter pour la première fois à la D1 Arkema.
« En D2, c’était la plus rapide et même en D1 elle va souvent plus vite que les ailières »
Du feu dans les jambes
Entraînée à Reims par Antoine Diaz puis Amandine Miquel, Bénédicte Simon fait ses gammes au stade Louis Blériot. Concentrée sur son cheminement vers le haut niveau, elle avance en silence, sans trop s’étaler. « Elle est très ambitieuse, très perfectionniste, mais elle garde tout pour elle. Elle aime travailler dans l’ombre, faire les choses de son côté » avance Océane Deslandes, qui loue les qualités de son ex-compère de la défense.

©Manu cahu, lors d’un match Reims-Soyaux
« J’ai très rarement vu une joueuse aussi rapide que Béné. Sa vitesse et son explosivité sont vraiment des atouts pour elle. En D2, c’était la plus rapide et même en D1 elle va souvent plus vite que les ailières » affirme l’internationale française U20, qui est aussitôt rejointe par un autre espoir du football français. « Elle est très puissante, même si elle a un temps de retard, elle peut le rattraper. Elle peut apporter offensivement, comme défensivement, c’est une très bonne joueuse à son poste » confirme l’attaquante des Bleuettes, Naomie Feller. Journaliste pour L’Union, Julien Collomb suit de très près l’équipe rémoise. «Elle est très forte dans les duels, c’est un vrai moteur, une bombe quand elle démarre. C’était déjà une de ses qualités, mais je pense qu’elle a encore consolidé, musclé ses gros points forts. Elle a aussi une capacité à répéter les efforts ».
« Ce qui est magnifique, c’est qu’elle a les deux pieds »
Milieu portée vers l’avant dans son début de carrière, Bénédicte Simon s’est vue reculer d’un cran et installer définitivement à ce poste de latérale par Amandine Miquel en 2017. Gauche ou droite, au bon vouloir de l’entraîneur. « Ce qui est magnifique, c’est qu’elle a les deux pieds » s’enchante son coach à Mantes. « A Reims, elle jouait à gauche, c’est ce qu’elle préfère pour rentrer sur son pied droit (ndlr : elle est droitière à l’origine), mais jouer à droite ne la dérange pas non plus » renchérit Naomie Feller. Cette polyvalence est un choix de luxe pour son nouvel entraîneur au PSG, Olivier Echouafni. D’autant que plusieurs observateurs la voient capable de retrouver une place au milieu de terrain. « Pour moi, elle peut jouer un petit cran plus haut. Il manquera peut-être des qualités de dribble purement techniques, de percussion, de duel en un contre un, mais si elle pousse le ballon et qu’elle court, je pense qu’il n’y a pas beaucoup de joueuses qui la suivent » analyse Julien Collomb. Idriss Nieng aussi, l’aurait bien vue « jouer dans l’entrejeu ». Concernant sa marge de progression, Océane Deslandes propose un axe de travail : « Je pense qu’elle peut s’améliorer techniquement, mais on a tous nos points à travailler. Au PSG, elle va apprendre tous les jours et progresser très vite ». Le spécialiste des équipes féminines et masculines de Reims à l’Union confirme : « Elle est tout sauf maladroite avec ses pieds, mais c’est peut-être sur le plan technique qu’elle peut encore s’améliorer. »

photo : ©PSG, Bénédicte Simon à l’entraînement sous ses nouvelles couleurs
Le PSG entre challenge et ambition
Le transfert de Bénédicte Simon à Paris en a surpris plus d’un. À 23 ans, elle s’apprête à débuter sa deuxième saison en D1, cette fois sous les couleurs du PSG. Si elle fait aujourd’hui partie des meilleurs espoirs français, sa trajectoire est toutefois singulière. Excepté un stage en équipe de France militaire la saison dernière, elle n’a jamais connu les Bleues chez les jeunes. Pourtant, après une grosse demi-saison de D1, elle a fait le choix d’aller se frotter à la concurrence dans l’une des meilleures équipes du monde. «Même si il y a du monde au PSG, ça ne lui fait pas peur. Elle aime beaucoup apprendre aux côtés des autres, du coach, elle est à l’écoute. Si elle est amenée à jouer, elle fera ses preuves. » explique Océane Deslandes. L’autre rémoise, Naomie Feller renchérit : « Je pense qu’elle peut vite faire sa place, si elle montre tout ce qu’elle sait faire et qu’elle s’impose. C’est un challenge, elle a toujours aimé ça. Elle ira jusqu’au bout. » Élément précieux pour son sérieux, ses ambitions et son énergie contagieuse, Bénédicte Simon pourrait être la bonne pioche de l’été. Selon Julien Collomb : « C’est un talent brut. Elle a toutes les qualités pour faire son trou. Elle s’est dit que c’était le moment de passer d’un club qui joue le maintien, à un club qui va peut-être lui amener des titres. Si elle arrive à s’imposer dans la durée avec Paris, elle peut viser l’équipe de France. » Au PSG, arrière gauche ou arrière droite, voire plus haut sur le pré, Bénédicte Simon fera des étincelles. Et en jouant avec le feu, gare à l’explosion.