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Invité de l’émission «Pleine Lucarne» mercredi, le président du Stade Rennais, Nicolas Holveck, a annoncé la création d’une école de football féminin à horizon 2023. L’occasion de faire le point sur les liens entre les clubs de Ligue 1 et le football féminin.
Si le football féminin se développe un peu partout dans l’Hexagone, les clubs de Ligue 1 ont longtemps fait figure de mauvais élèves en la matière. En France, il n’existe aucune obligation pour les clubs professionnels masculins de créer une section féminine. A son élection à la présidence de la Fédération Française de Football en 2011, Noël le Graët souhaitait pourtant introduire une telle mesure avant d’y renoncer en optant pour la mise en place d’incitations financières notamment avec l’octroi de subventions pour la création d’une école de football féminin.
Création ad hoc ou fusion : quel mode d’emploi pour établir une section féminine ?
Dans l’émission «Pleine Lucarne», le nouveau président du Stade Rennais, Nicolas Holveck, venait parler du projet d’extension du centre d’entraînement -dont les travaux pourraient débuter fin 2021-. Il a notamment justifié ce nouveau projet par sa volonté de créer une école de football féminin. «Je peux vous dire que, dans le projet de la Piverdière, la place est réservée pour le football féminin. On va sûrement commencer par l’école de foot parce que c’est la base de la pyramide […] et nos missions, à terme, c’est d’avoir une équipe féminine, et vite. Je ne sais pas si on ira vers la première division. En tout cas, on va créer ce département féminin et on va le développer.» a dévoilé le dirigeant breton. Ce dernier considère même que «pour tout le développement des clubs professionnels, le football féminin est vraiment un élément important. Il y a une dimension sociale très forte.». Le Stade Rennais penche donc pour la création ad hoc d’une section pour se lancer dans le football féminin. Un choix effectué par exemple par le Dijon FCO, qui a créé son école de football féminin en 2006.
Si la création ad hoc apparaît comme la solution la plus simple pour un club de L1 pour disposer d’une section féminine, d’autres clubs optent pour l’absorption d’une section féminine existante pour gagner du temps. Les Girondins de Bordeaux ont ainsi absorbé en 2015 l’équipe féminine de l’ES Blanquefortaise, tandis que le FCF Juvisy a fusionné avec le Paris FC en 2017. Même le DFCO, qui avait établi sa propre école de football féminin, a intégré l’ASC Saint-Apollinaire en 2015 pour disposer d’une équipe sénior de haut niveau et la faire monter en D1.
Nîmes et Monaco en contre-exemples
Sachant que trois ans après l’intégration de l’ASC Saint-Apollinaire, Dijon montait en D1, l’intégration d’une équipe féminine dans un club professionnel masculin semble être un passeport pour le haut niveau. Sur ce point, l’AS Monaco Football Féminin et le FF Nîmes Métropole Gard font office de contre-exemples.
Ces deux clubs évoluaient cette saison en Régionale 1 en toute indépendance vis-à-vis de leurs illustres homologues masculins. Si en 2010, l’ASM FF a rejoint l’Association Sportive de Monaco (ASM), au même titre que nombre de sections sportives monégasques, le club demeure aujourd’hui indépendant après plus de 40 ans d’existence. De son côté, le FF Nîmes MG, promu en D2 pour la saison à venir , a conclu en 2012 un simple partenariat avec le Nîmes Olympique et n’a donc pas intégré à part entière le club professionnel. Ce partenariat garantit au Nîmes MG un accès au centre d’entraînement de leur homologue masculin et le droit d’arborer la couleur rouge du NO.
Bientôt une section féminine dans chaque club de L1 ?
Bien que malgré son indépendance Nîmes évoluera à haut niveau en D2 l’an prochain, force est de constater, à l’image des Girondins de Bordeaux, que l’intégration pleine et entière d’une section féminine au sein des structures professionnelles des clubs de L1 accélère le développement de la pratique féminine. Outre une plus grande accessibilité du football, le fait d’adosser une section féminine à un club professionnel masculin offre en effet souvent aux joueuses de meilleures conditions d’entraînement et un véritable suivi.
Si la création d’une section féminine par le Stade Rennais se confirme, il ne resterait donc que trois clubs de L1 (Angers, Monaco et Nîmes) sans sections féminines propres. Le 24 mai 2018 pour nos confrères de Ouest France, le président du SCO d’Angers, Saïd Chabane, n’excluait pas de créer une section féminine : « Il y aura une [équipe féminine] au nom du Sco à un moment ou à un autre mais ce n’est pas la priorité du moment. On avait tenté un rapprochement avec la Croix-Blanche il y a deux ou trois ans, mais malheureusement, ils nous ont imposé certaines conditions : garder leur lieu de vie, leur indépendance, leurs couleurs… Mais je ne perds pas tout espoir à un moment ou à un autre, d’en créer une de toutes pièces ou de fusionner avec un autre club ».
Quoiqu’il en soit, à l’heure où l’égalité femmes-hommes fait partie des priorités de nombre d’organisations, dans le sport et ailleurs, les derniers clubs professionnels masculins sans sections féminines ont tout intérêt à rapidement franchir le pas sous peine de devenir les moutons noirs du football français.