©Jamie Smed
Alors que les manifestations en faveur du mouvement Black Lives Matter (Les vies noires comptent) agitent les États-Unis, de nombreux acteurs du football féminin américain ont pris position sur la question du racisme et des violences policières. Tour d’horizon.
De manière collective, via l’association des joueuses de la USWNT (équipe américaine féminine de football) ou bien chacune sur leurs réseaux sociaux respectifs, à quelques exceptions près, les internationales américaines ne sont pas restées silencieuses face à l’actualité.
Quand le silence n’est plus une option
Les comptes Instagram et Twitter de Crystal Dunn, Christen Press ou encore Megan Rapinoe ont ainsi radicalement changé : appels à l’action, ressenti personnel sur la situation, partage d’informations, liens vers des pétitions ou des comptes d’activistes en lieu et place du contenu amusant et léger habituel.
Si la prise de position de Megan Rapinoe, habituée au militantisme, n’a pas été une surprise, les déclarations de certaines de ses coéquipières, plus réticentes à s’exprimer sur ce genre de sujets, ont été plus inattendues. « Je vais être 100% honnête. Je ne suis pas du genre à exprimer tout haut ce que je ressens. Je ne l’ai jamais été. » annonce la jeune attaquante américaine Mallory Pugh qui a brisé son silence dans un message diffusé sur ses réseaux. Sentiment partagé par son ancienne coéquipière à Washington Spirit, Rose Lavelle qui reconnaît « ne pas avoir pris ses responsabilités jusque-là » alors même que « pour déclencher un changement, il est nécessaire que chacun participe, s’exprime tout haut et exige des améliorations. »
Racisme et NWSL : une histoire ancienne
En parallèle des appels au soutien, les évènements récents ont poussé de nombreuses joueuses afro-américaines de la ligue à partager leur expérience au sein de la NWSL. Dans une ligue qui se veut pourtant inclusive, la question du racisme fait écho à des histoires très personnelles pour nombre de joueuses. Sur ses réseaux sociaux, Sydney Leroux, championne du monde 2015, a dévoilé, preuve à l’appui, avoir été la cible de messages racistes de supporters par le passé, sans avoir osé en parler par peur de ne pas être prise au sérieux. Enfin écoutées, Migde Purce, Jamia Fields, Jess McDonald et tant d’autres ont témoigné pour rappeler que le football féminin n’est pas immunisé contre le racisme, loin de là.
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Dans un entretien accordé à The Athletic, Adrianna Franch explique quant à elle ne « pas se sentir en sécurité dans tous les stades de la NWSL ». Pour cause, l’an dernier la gardienne de Portland a été visée par des chants racistes lors d’un match. Souvenir encore douloureux, elle se joint à ses co-équipières afro-américaines et se sert de l’attention portée sur elle durant cette période, pour appeler à la responsabilité de chacun afin de faire de la Ligue américaine un espace d’inclusivité.
Des clubs qui s’engagent durablement
Comme l’explique Darian Jenkins, joueuse de l’OL Reign, au média All for XI, « notre ligue n’est pas timide dans son soutien à la cause LGBT par exemple et il est grand temps que les clubs affichent autant de soutien et donnent autant de voix dans la lutte antiraciste. » Voeu en parti exaucé ces derniers jours alors que certains clubs ont annoncé des changements concrets sur le long terme. Dans un long article, les Red Stars de Chicago se sont par exemple engagés à participer à la diffusion d’une meilleure éducation sur le sujet du racisme, à lutter pour plus de représentation des personnes de couleurs et enfin ont fait la promesse de « se consacrer à vie à cette cause », même après que les hashtags soient passés de mode.
L’heure du mea-culpa pour la fédération américaine ?
Comme la grande majorité des fédérations sportives américaine, la fédération américaine de football s’est fendue d’une publication de soutien au mouvement Black Lives Matter. Publié sur tous les réseaux sociaux, le visuel, accolé du hashtag #UnitedAgainstRacism (Unis contre le racisme), a suscité de nombreuses réactions. Dans les commentaires, les supporters des championnes du monde en titre, n’ont pas manqué de pointer du doigt une certaine hypocrisie de la US Soccer Federation (USSF).
#UnitedAgainstRacism pic.twitter.com/9l8R4fyOQ6
— U.S. Soccer WNT (@USWNT) June 1, 2020
Pour cause, quatre ans auparavant, cette même fédération s’était montrée hostile au soutien de Megan Rapinoe à la cause antiraciste. Première athlète blanche à se mobiliser publiquement, à l’instar de Colin Kaepernick (ndlr : joueur de football américain licencié par sa fédération après s’être agenouillé durant l’hymne national) elle avait posé un genou à terre en signe de protestation contre les injustices sociales et l’inégalité raciale lors de l’hymne national. En réponse, l’USSF s’était alors empressée d’ajouter à son règlement l’obligation pour « toutes les personnes représentant une équipe nationale de la Fédération » de « se tenir respectueusement debout pendant les hymnes nationaux. » À la suite de cette nouvelle législation, sous prétexte qu’elle avait besoin de temps de jeu avec son club, la Ballon d’or 2019 n’a plus été appelée en équipe nationale durant 6 mois. Elle ne retrouvera le maillot des Stars and Stripes qu’après avoir annoncé qu’elle ne s’agenouillerait plus…et sans avoir joué une seule minute de plus avec son club de Seattle.
Face aux événements actuels, selon les informations d’ESPN, la fédération serait en passe de révoquer cette règle. Une demande de son abrogation a été formalisée plus tôt dans la semaine par l’association des joueuses de la USWNT. Véritable prise de conscience ou manœuvre marketing pour redorer son image, difficile à dire mais quoi qu’il en soit, l’USSF semble peu à peu revoir son positionnement.