Avant-match
L’Italie peut confirmer, le Brésil doit rassurer
Après un sans faute lors de la rencontre Italie-Jamaïque, les joueuses transalpines ont pris provisoirement la tête du groupe C, et s’apprête à affronter un Brésil, qui jouera sa survie dans cette Coupe du Monde.
L’Italie a livré une parfaite entame de Coupe du Monde. Elle qui n’avait plus été conviée dans cette compétition depuis 20 ans est venue s’installer confortablement à la tête d’un groupe C imprévisible. D’abord en position d’outsiders, les Azzure ont offert la première grosse surprise du Mondial en arrachant une victoire de dernière minute à de solides Matildas (2-1), elles ont par la suite prouvé que la position de favorites leur sied également en ne laissant rien passer aux Jamaïcaines malgré quelques tentatives et un fort pressing (5-0). Elles peuvent donc aborder plus sereinement l’équipe brésilienne qui a cédé face à une exceptionnelle remontada australienne le 13 juin dernier (3-2). Les Italiennes affichent une ferme volonté de terminer premières du groupe, elles qui sont de toutes façons déjà qualifiées pour le second tour.
Match sans pression pour l’Italie
L’objectif est d’ores et déjà plus que rempli pour les Italiennes, qui rêvent pourtant d’aller encore plus loin. Et elles ont de quoi y croire : elles ont la dynamique de leur côté, avec 7 buts marqués en deux matches, et peuvent compter sur la forme olympique de leurs principales attaquantes, Bonansea et Girelli, auteures respectivement d’un doublé et d’un triplé lors des derniers matches. Leur banc est aussi de qualité en témoigne la performance d’Aurora Galli contre la Jamaïque, qui n’a pas attendu 5 minutes de présence sur le terrain pour inscrire son premier but, avant de réitérer 10 minutes plus tard. C’est également une autre victoire, hors des terrains, dont les calciatrice peuvent être fières. Dans ce pays où même au sommet de leur art, les joueuses ne peuvent pas jouer en tant que professionnelles, c’est avec une émotion particulière que la Squadra Azzura a appris que le dernier match des phases de groupe sera diffusé en direct sur la RAI Uno, la principale chaîne de télévision italienne, avant de découvrir que leurs exploits figurent aussi à la une des quotidiens sportifs nationaux.
Pour le Brésil, victoire obligatoire !
Les Brésiliennes ont l’expérience des grandes compétitions, et sont conscientes de jouer leur survie lors de ce match décisif. A l’approche de la compétition, les Canarinhas brésiliennes n’avaient pas vraiment rassuré en choisissant de ne pas jouer de matches de préparation, certains s’empressant même de dire que la sélection auriverde ne figurait pas parmi les favorites de ce Mondial. Après une très belle entame grâce au triplé de Cristiane contre la Jamaïque, la défaite contre l’Australie de jeudi dernier a ravivé les doutes sur le groupe brésilien, et notamment sur les choix du sélectionneur. Pour convaincre, les Canarinhas devront trouver un moyen de sortir de leur dépendance au trio Marta – Cristiane – Formiga, d’autant plus que la première se remet encore de sa blessure à la cuisse, et la dernière sera suspendue mardi 17. Cristiane évoquait d’ailleurs une “panne d’électricité” en deuxième mi-temps, conséquence logique de la sortie de ces deux joueuses. Le défi reste pourtant à la portée de cette équipe expérimentée qui compte dans ses rangs l’une des meilleures joueuses du monde, Marta, qui s’est déclarée confiante à l’approche du choc contre l’Italie.
C’est donc un affrontement de taille qui nous attend le 18 Juin au stade du Hainaut de Valenciennes.
Informations pratiques :
Mardi 18 Juin à 21h, Stade du Hainaut (Valenciennes)
Diffusion : Canal+ Sport, TMC
Après-match
L’Italie joue à qui perd gagne
Match au sommet dans ce groupe C plein de rebondissements. Les Brésiliennes, dos au mur après leur défaite face à l’Australie, étaient dans l’obligation de s’imposer afin d’avoir leur destin entre leurs mains. Le format d’une compétition à 24 équipes, s’il galvaude une partie de l’intérêt d’une phase de poule qui qualifie 2/3 des équipes au tour suivant, permet d’éviter l’injustice de devoir se priver du Brésil, de l’Italie, ou de l’Australie pour le reste de la compétition.
Au coup d’envoi, les quelques 21 000 supporters présents au stade du Hainaut ne tardent pas à être comblés. Le Brésil, loin d’être tétanisé par l’enjeu, se montre ambitieux dans le jeu, et prouve une nouvelle fois son aisance technique. Toutefois, comme lors du match précédent contre l’Australie, les brésiliennes sont mises à mal par l’intensité physique de leurs adversaires, et c’est l’Italie qui, mené par un trio d’attaque percutant, se procure dans un premier temps les meilleures occasions, repoussées par une Barbara en grande forme.
Les Brésiliennes, malgré une Marta pas dans le rythme, ne tardent pas à répondre à la Squadra Azzura. La remuante Debinha, d’une belle Madjer sur corner (16 e ), oblige la gardienne italienne à un arrêt réflexe. Mais malgré la bonne impression laissée par le collectif auriverde, ce sont les italiennes qui ont les plus grosses occasions en cette fin de mi-temps. La défense brésilienne croit être punie lorsque Girelli réalise un superbe enchaînement tout en technique et lucidité dans la surface, avant d’être finalement sauvée par une position de hors-jeu de la Turinoise (29 e ). La mi-temps arrive quelques minutes après une nouvelle occasion italienne, et semble tomber à point nommé pour des brésiliennes séduisantes mais friables.
Contrairement au match précédent et leur déroute lors du second acte face aux Matildas, les jaunes et vertes gardent le contrôle du ballon, et se montrent même plus pressantes. Marta sort la tête de l’eau et dicte le tempo de son équipe, qui se heurte à une défense italienne très solide. Malgré leur supériorité dans le jeu, c’est sur coups de pieds arrêtés que les brésiliennes vont se montrer les plus dangereuses. Après la barre transversale trouvée par Andressinha sur coup franc (52 e ), Kathellen, montée aux avant-postes sur coup franc, voit sa tête échouer à quelques centimètres du poteau gauche de Giulana, battue. Le KO semble proche alors que la rentrante Beatriz se procure deux grosses occasions (66 e , 70 e ), et c’est sur un nouveau coup de pied arrêté que les canarinhas vont débloquer la situation. En retard sur une énième incursion brésilienne, Linari bouscule Debinha dans la surface. L’arbitre ne bronche pas et accorde un penalty, transformé par Marta (74 e ) qui entre encore un peu plus dans la légende en devenant la seule détentrice du record du nombre de buts marqués en coupe du monde (17 réalisations). Une juste récompense pour des Brésiliennes plus entreprenantes et plus fraîches physiquement que leurs adversaires, sans doute émoussées par un premier tour éprouvant et un faible turnover. Retrouvant un second souffle grâce à ses entrantes, la Squadra Azzura gratifie ses supporters d’un sursaut d’orgueil en fin de match, et met en lumière la solidité de la défense brésilienne.
Scène étonnante au coup de sifflet final lorsque les deux équipes semblent célébrer ce résultat, et pour cause : grâce à ses 6 points, le Brésil fait partie des 4 meilleures troisièmes et est assuré de disputer les huitièmes de finale, alors que malgré sa défaite, l’Italie termine première d’un groupe C qui nous a fait vibrer pendant toute la phase de poulres. Les Bleues sont prévenues, elles qui ont 83% de chance d’affronter le Brésil au tour suivant : ces canaris ont encore des plumes.