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CARNETS DE VOYAGE – les PanamBoyz and Girlz aux Eurogames (1/3)

Par 29/07/2022 18:50 août 1st, 2022 No Comments
éventuellement une légende explicative – ©auteur
L’équipe parisienne des Paname Girlz représente, cette semaine, la France aux Euroga(y)mes. Pour L’Équipière, elles relatent leurs aventures au tournoi européen des équipes de football LGBT+.

Les Panamboyz and Girlz sont un club de football 100% inclusif, ouvert à la diversité, évoluant à Paris et luttant contre les discriminations au plus près des réalités du terrain.

Les Euro Games sont un événement sportif européen organisé tous les ans par des clubs de fédérations sportives gay et lesbiennes.

Mercredi 27 juillet 2022

16h50

Je suis en retard, on m’a demandé du taff en dernière minute et ça ne m’arrange pas niveau timing. Ça attendra lundi, parce que pour le moment, c’est direction Gare du Nord pour le 17h25 à destinationd’Amsterdam. Ce weekend, c’est les Euroga(y)mes et je rejoins ma team des panamboyz and girlz pour disputer le tournoi de la Grand-Messe LGBTQI+ européene.

Sur le quai, je croise Léo, elle me chambre sur ma coupe de cheveux :

« T’es allée chez le coiffeur ?», ouais, j’avoue, j’ai rafraîchi ça avant le départ. Et le pire c’est qu’elle en a fait de même, la coquine !

« J’ai appelé Anne-Cha, vu qu’elle panique un peu en train. C’est pas mal si on y va ensemble. »

Mais pas d’Anne-Cha, elle est déjà installée dans la même voiture que moi, la 15, avec Nancy. Le rendez-vous est fixé au wagon bar avec le reste de la team, ça commence fort…

À lire aussi : Coup de Projecteur sur… la Belleville Championne Ligue avec les Paname Boyz and Girlz

17h30

En voiture 15, c’est l’occasion d’un récap moins fun. Alix, notre seule milieu central et capitaine de toujours s’est blessée la veille, au dernier entraînement de la team, et ne sera pas des nôtres ce week-end. La poisse !

A-C me donne des news, elle tient le coup, a l’oeil défoncé depuis qu’elle s’est pris le rebond du ballon en pleine poire et la tache noire qui avait fait son apparition la veille est toujours de la partie. Lésion post traumatique et inflammatoire, contusion de la rétine… Tout un programme ! Elle va nous manquer et on pense à elle, fort.

C’est clair que ça en rajoute une petit couche à notre team d’Éclopées, Léo – notre gardienne – sera joueuse de champ depuis son entorse au poignet lors de la finale du critérium de la FFSE; moi – j’ai le pied fissuré suite à un coup de pied sentimental; Maylis – notre ailiere – s’est aussi fait mal à la patte au TIP, et Fatima- en attaque – a des douleurs aux tendons. Si avec ça on arrive en finale, mettez une pièce sur nous pour le prochain Tournoi international de Paris !

18h00

C’est l’heure de la bière. Maylis, Léo, Antoine des Boyz et Apolline sont déjà au wagon bar. Ambiance pique-nique roquefort, beaufort, et camping. On se moque d’Antoine, qui a ramené son plus beau couteau militaire pour l’occasion. En plus il s’accroche à la ceinture !

On débriefe nos jobs, l’harcèlement des boss, la mixité dans le foot en entreprise… Je relate ma mésaventure, il n’y a pas si longtemps que ça, dans un tournoi d’architecte : jouer avec une fille ou un enfant donnait un joueur en plus à l’équipe. Classe !

Dans l’école d’ingénieur d’Apolline, un but marqué par une meuf comptait double. Ok.

En tout cas, c’est l’occasion de baver sur les buts des Anglaises de la veille, en demi-finale de l’Euro. C’était un sacré festival ! On a beaucoup d’appréhension pour le match de ce soir… Les Bleues se mesureront à la Mannschaft. Déjà, l’Allemagne c’est un gros morceau, mais en plus notre correspondance pour Nimegue, où se joueront les Eurogaymes, tombe en plein milieu du match ! Du coup, ça sera la première mi-temps sur un quai, puis le reste dans le train. On est bouillantes !

20h50   

Par contre, niveau orga, c’est la cata ! Le temps d’arriver à Amsterdam, on perd la moitié de la team sur le quai pour Nimègue. Pour patienter, Léo sort son laptop et lance le match. Il reste 30% de batterie, belle métaphore de l’équipe de France face à une Allemagne boostée toute la première mi temps. 1 er but de Popp logique, égalisation délicieuse et innatendue de Diani. D’abbatus à requinqués, on surprend nos voisins teenage du train régional par nos cris collectifs. On y croit…

Le laptop un peu moins – la batterie tombe à 0, on sort les smartphones. À Nimègue, le reste de la team, partie plus tôt dans la journée, s’enquille les bières et commente à distance.

On retient notre souffle, on sent des Bleues plus battantes et pendant les pertes de 4G sous les tunnels, le débat entre nous se recentre sur une question centrale : pourquoi si peu de meufs out chez les pro ?

20h50

Par contre, niveau orga, c’est la cata ! Le temps d’arriver à Amsterdam, on perd la moitié de la team sur le quai pour Nimègue. Pour patienter, Léo sort son laptop et lance le match. Il reste 30% de batterie, belle métaphore de l’équipe de France face à une Allemagne boostée toute la première mi temps. 1 er but de Popp logique, égalisation délicieuse et innatendue de Diani. D’abbatues à requinquées, on surprend nos voisins teenage du train régional par nos cris collectifs. On y croit…

Le laptop un peu moins – la batterie tombe à 0, on sort les smartphones. À Nimègue, le reste de la team, partie plus tôt dans la journée, s’enquille les bières et commente à distance.

On retient notre souffle, on sent des Bleues plus battantes et pendant les pertes de 4G sous les tunnels, le débat entre nous se recentre sur une question centrale : pourquoi si peu de meufs out chez les pro ?

Personne n’est dupe, c’est un secret de polichinelle : un grand nombre de joueuses vivent en couple avec des femmes. Pour certaines, la réponse est toute trouvée : la faute au sponsors et aux clubs, qui pressent les joueuses pour répondre à certains critères bien stéréotypés. Footballeuse et lesbienne, c’est trop pour le public français ? Ou est ce que les joueuses françaises n’ont pas la possibilité et la facilité de s’outer dans leur vie perso ? Le débat est lancé, mais on attend avec impatience la prochaine Peyraud Magnin ou Rapinoe française.

En attendant, l’équipe de France reprend du poil de la bête, mais bute sur l’intensité physique des Allemandes.On se retrouve trop souvent à découvert derrière.Et ce sont malheureusement les adversaires qui reprennent le dessus au score. On y croit, les Bleues aussi. Ça sera tendu jusqu’au bout du trajet…

A Nimègue, Iris et Louise sont dans un rade, en compagnie de supportrices allemandes qui participent aussi aux Eurogaymes. Après avoir rechargé leur téléphone et mal vécu le 1er but allemand, elles fuient rapidement pour retrouver Fatima et Kahina.

22h00

Ça y’est, fin du match, arrivée pile poil a Nimègue. On a perdu, mais c’était mieux que les années passées, moins brouillon, plus complice, efficace. On tient le bon bout, bravo les Bleues !

On attend les filles devant la gare, c’est l’occasion de taper un petit tennis foot sous les drapeaux d’accueil des eurogames. Et puis c’est le bus, on récupère Kahina et Fatima, direction l’hôtel dans la charmante bourgade de Grosbeek. Énième galère : Iris et Louise, qui ont passé l’aprem à Amsterdam sont en pourparlers avec l’hôtel au téléphone pour récupérer les clés planquées dans une boîte à code. On va y arriver !

Surtout qu’il est 00h30, c’est l’heure des ultimes bières et du brief d’avant match. Casse tête d’organiser un 2-3-1 sans milieu central attitré, sans deuxième défenseure et une gardienne sans poignet opérationnelle. LA WIN.

C’est l’occasion de se questionner sur nos envies, notre vision du tournoi et de comment on imagine les choses. Pas plus mal, au final, d’en discuter avant les hostilités. Le collectif a du bon !

La compo finalisée, c’est donc parti pour une (petite) nuit de sommeil avant le grand saut du tournoi. 10h30, premier match de poule : c’est décidé, on jouera en rose flash, prêtes à aveugler de notre talent toutes les équipes qui croiseront notre chemin. Rien que ça.

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