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« C’est historique pour le club d’être en demi-finale de Coupe de France » – Marlène Bouedec (manager générale de l’EAG)

Par 22/07/2020 17:30 février 22nd, 2021 No Comments
©EAG.
À quelques jours de la demi-finale de Coupe de France contre Lyon, la manager générale de l’En Avant Guingamp, Marlène Bouedec, fait le point sur les sujets brûlants. Entretien. 

« Marlène Bouedec, comment se passe la reprise pour vos joueuses, après plusieurs mois sans terrain? 

Les joueuses ont repris les entraînements le 6 juillet. Après quatre mois sans terrain et d’absence de vie de groupe, il y avait un vrai manque. Tout le monde était très affecté par l’arrêt brutal à cause de la crise sanitaire, alors qu’on avait un élan de réussite sportive. Elles étaient vraiment ravies de se retrouver, en plus dans de nouvelles infrastructures au centre de formation de l’En Avant Guingamp.

Qu’est-ce qui va changer dans leur quotidien avec ces nouvelles infrastructures? 

D’abord, on n’oubliera pas leur présence sur la ville de Saint-Brieuc où elles ont pu s’entraîner les années passées, un grand merci à eux. Désormais, elles auront leur propre vestiaire, leur salle de soins et de musculation. Elles pourront alterner terrains en herbe, synthétique et sable. Et puis évidemment, elles joueront chez elles. Elles seront intégralement à l’Akadémi (ndlr : le centre de formation de Guingamp). C’est une avancée énorme et logique. Ça montre la volonté et la fierté du club d’avoir cette section féminine. 

Dans dix jours, l’EAG jouera sa demi-finale de Coupe de France contre Lyon. Dans quel état d’esprit êtes-vous ?

Je vous avoue que c’est un petit peu compliqué. On a l’avantage de jouer ce match chez nous. Heureusement que nous avions programmé cette date du 6 juillet pour reprendre. On aura eu un mois, mais le contexte sanitaire ne favorise pas une bonne préparation. Nous oeuvrons au maximum au sein du club pour la protection des joueuses et du staff. Ce sera certes Lyon en face, mais un match reste un match et on connaîtra le résultat au bout de 90 minutes.

«  S’il s’avère qu’on doit jouer à huis clos, on jouera à huis clos »

Malgré le contexte difficile, avez-vous le sentiment que le groupe se projette sur cette demi-finale avec ambition? 

Complètement ! C’est historique pour le club guingampais d’être en demi-finale de Coupe de France féminine. Contre Lyon, on va jouer avec notre force, notre hargne et avec le coeur guingampais. 

Où se jouera cette rencontre ? Avec ou sans supporters? 

La rencontre est programmée au Roudourou avec des supporters. S’il s’avère qu’on doit jouer à huis clos, on jouera à huis clos. Pour le moment, c’est prévu qu’il y ait du public, dans la limite des 5 000 personnes autorisées. 

Plusieurs cadres de l’équipe sont parties cet été. Desire Oparanozie, Ella Palis, Ekaterina Tyryshkina, Carlin Hudson… On a le sentiment qu’elles n’ont pas toutes été remplacées. Place à la jeunesse?

Dans une équipe, il n’y a pas vraiment de joueuses cadres. Il peut y en avoir mais parmi les noms évoqués, elles ne le sont pas toutes. Certes ce sont des joueuses emblématiques de l’EAG, mais ça fait partie de l’histoire d’un club, c’est le football.

« C’est la vie des clubs, les départs. On nous dit souvent que c’est la catastrophe à Guingamp (…) J’ai envie de dire, laissez-nous travailler »

Donc vous comptez sur les joueuses formées au club?

Tout à fait, c’est notre politique au club. Nous avons un centre de formation qui excelle dans la formation de jeunes joueuses. Le but c’est qu’on en ait un maximum qui puissent intégrer cette D1 féminine. Il faut qu’on ait les meilleures jeunes et qu’elles puissent ensuite pousser les joueuses expérimentées hors du onze. Elles ont fait preuve de talent sur l’année précédente, elles vont venir compléter cet effectif de D1 qui est, certes, jeune mais plein de talent. 

On ne doit donc pas s’attendre à cinq, six arrivées supplémentaires pour pallier ces départs en nombre? 

C’est la vie des clubs, les départs. On nous dit souvent que c’est la catastrophe à Guingamp, qu’on perd nos joueuses. Pourtant, la saison dernière on a fait une magnifique saison. J’espère qu’on reproduira la même chose cette année. J’ai envie de dire, laissez-nous travailler. On ne va pas faire de la masse juste pour dire qu’on a recruté tant de joueuses. S’il n’y a pas de blessées, on va pouvoir faire une très bonne saison. 

L’expérimentée Laura Brock arrive pour palier le départ de Carlin Hudson? Pourquoi ce choix?

Nous la suivions depuis quelques mois. Son profil nous a beaucoup intéressés. Laura Brock était très motivée pour venir en France. Elle a eu la joie de connaître la France et la Bretagne durant la Coupe du Monde. C’est une très belle personne qui va apporter son expérience.

recrues 2020 Guingamp
©EAG : les nouvelles recrues accompagnées de l’entraîneur Frédéric Biancalani et de Marlène Bouedec

Financièrement, la Covid a-t-elle affecté la section féminine de l’EAG?

Nous avons un partenaire emblématique, Celtigel du groupe Le Graët, qui renouvelle son partenariat à 100% avec notre section féminine. Les partenaires sont très sensibles à notre travail, à notre existence et nous n’avons pas connu trop de pertes, fort heureusement. Nous travaillons pour ne pas être trop pénalisées. On vit un contexte hors du commun qui nous alerte et nous fait réfléchir à la gestion de notre budget. 

Il y aura aussi les 508 000 d’aide de la LFP?

Ils ne sont pas sur le compte en banque, donc tant qu’ils ne sont pas dessus, on ne travaille pas en se disant que nous allons les recevoir. Pour le moment, ce n’est pas encore arrivé. Évidemment, c’est une très bonne nouvelle, mais la vigilance est de mise chez nous, à l’EAG. 

Comment les tâches sont-elles réparties dans l’organigramme de la section féminine ?

Nous travaillons main dans la main, avec l’entraîneur Frédéric Biancalani et le Président de la section féminine, Frédéric Legrand. On a chacun notre territoire, mais l’entente est juste extraordinaire et ça se ressent au niveau du groupe et du club. 

Quel est l’objectif du club cette saison après votre belle sixième place la saison dernière ? 

Quand on est dans le ventre mou du classement habituellement, on se doit de jouer le maintien. Notre objectif est de toujours figurer en D1 Arkema pour donner envie de frapper à notre porte pour défendre les couleurs du club. La D1 se professionnalise, on doit faire partie de cette histoire, c’est indéniable. 

Tout le monde travaille, se renforce, y compris vos concurrents directs. Les places en première partie de classement sont chères…

C’est plus compétitif, donc beaucoup plus intéressant. Mais on a l’habitude de se concentrer sur notre travail. On ne regarde pas les soucis des autres, ils ne résoudront pas les nôtres. Le niveau a fortement évolué, il faut rester vigilant, serein et surtout humble.

« « Notre pilier c’est la formation, notre locomotive c’est notre chance d’avoir une équipe professionnelle masculine, et cette équipe féminine qui est en D1 depuis dix ans »

Quels sont les axes de travail à Guingamp pour poursuivre votre progression? 

On est déjà très structuré. Il y a toujours des améliorations à faire, des choses qu’on aimerait avoir. C’est une question de budget, mais le club fait beaucoup pour la section féminine. Notre pilier c’est la formation, notre locomotive pour le club c’est évidemment notre chance d’avoir une équipe professionnelle masculine, et puis aussi cette équipe féminine qui est en D1 depuis dix ans.

La grève de 2018 est loin ? (ndlr : les joueuses s’étaient mises en grève pour demander un meilleur traitement par le club) 

Oui on est bien loin de la grève, donc il n’y a même plus besoin de faire référence à cet acte qui a bafoué l’instance qu’est l’EAG. On ne bafoue pas une institution. C’est le passé, je ne regarde pas en arrière. 

Qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter à l’EAG pour cette saison? 

J’espère qu’on fera une bonne saison, que les joueuses seront fières et heureuses de défendre nos couleurs et que les supporters seront de plus en plus nombreux. J’espère par-dessus tout que cette crise sanitaire puisse se résoudre. On est impacté physiquement et psychologiquement. On doit relever des défis et aller encore plus haut. » 

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