
Elles sont restées auprès de leur club à l’étranger ou ont fait le choix de rentrer en France, Aïssatou Tounkara (Atletico Madrid), Kheira Hamraoui (FC Barcelone) et Maéva Clemaron (Everton) racontent à tour de rôle leur confinement.
Aissatou Tounkara (Défenseure – Atletico Madrid)
« Je n’ai pas pu rentrer en France, j’ai dû rester ici à Madrid pendant cette quarantaine parce que notre club ne nous autorisait pas à rentrer, pour éviter de contaminer nos familles. Ici, c’est vraiment compliqué, il y a beaucoup de cas, beaucoup de morts. Ils ont préféré nous garder ici, pour avoir les médecins du club près de nous au cas où il se passait quelque chose. Je suis avec trois coéquipières, on passe la quarantaine ensemble, donc ça va, même si au début c’était compliqué de s’enfermer, je me suis habituée. Je le vis bien.
Ici, contrairement à la France, il ne faut pas une attestation pour pouvoir sortir. On sort sans feuille et si on se fait arrêter, on explique la raison. Les gens respectent, il n’y a personne dans les rues. Il y a des amendes pour ceux qui ne respectent pas mais c’est beaucoup moins courant qu’en France.

On a des séances quasiment tous les jours avec un jour de repos par semaine. Je fais mon sport dans un petit jardin, on ne peut pas sortir pour courir, seulement pour les courses et la pharmacie, c’est tout. Parfois on a une deuxième séance dans la journée. C’est compliqué, on ne sait pas quand les championnats vont reprendre et s’ils vont reprendre. On a un suivi avec le club, on leur envoie des vidéos, on s’appelle, c’est comme ça que je garde la forme. »

Kheira Hamraoui (Milieu – FC Barcelone)
« Ce confinement en Espagne, je le vis très bien. J’ai toujours été loin de ma famille depuis petite. La seule différence aujourd’hui c’est qu’ils ne peuvent pas me rendre visite, mais je me dis que c’est juste passager. Tant que ma famille va bien c’est le principal.
Ce n’est pas facile d’être confinée chez soi, mais je pense qu’il y’a bien pire que nous.
On est en confinement total depuis le 15 mars. Avant j’avais un cuisinier personnel qui préparait mes repas et mes courses mais au bout d’une semaine de confinement, il ne pouvait plus venir travailler. Je ne vais pas tarder à aller faire les courses mais pour le moment je ne suis pas sortie.
Chaque jour nous recevons le programme de la séance. Quand je finis ma séance du club, je continue en plus à bosser pour essayer de perdre le moins possible physiquement. J’ai tout ce qu’il faut chez moi, donc ça aussi c’est une chance. Deux fois par semaine, on a cours sur Skype en direct avec l’équipe et les coachs sur les schémas tactiques et puis entraînement en direct avec l’équipe. Je me suis aussi fait des programmes afin de bien alimenter mes journées.
Je me suis aussi mise à la cuisine, j’apprends pleins de recettes. En ce moment, je lis Père riche père pauvre de Robert T. Kiyosaki. Ce confinement me permet vraiment d’apprendre sur moi même et avoir du temps sur des choses qu’avant je ne faisais pas beaucoup. Je joue au uno ou au rummikub aussi en ligne avec mes amis (rires) ! En sortant de mon confinement, j’aimerais avoir appris pleins de choses et ne pas me dire que j’ai passé mon temps à regarder des films.
C’est un retour à l’essentiel : le foot me manque mais à l’heure actuelle ce n’est pas le plus important. Le plus dur aujourd’hui c’est de se demander quand je verrai ma famille. »
Maeva Clemaron (Milieu – Everton)
« Je suis rentrée le lundi 16 mars d’Angleterre, dès que j’ai senti que le confinement allait se mettre en place en France, car il était important pour moi d’être auprès de mes proches durant cette période! Je le partage aujourd’hui avec ma mère et mon petit frère!
Mes coéquipières et notre staff vont tous bien pour le moment, c’est vraiment l’essentiel en cette période! On essaye tous de nous entretenir avec le programme de notre prépa physique qui adapte le contenu en fonction de l’évolution de la situation ! Je fais aussi en sorte de beaucoup m’hydrater, d’avoir des repas équilibrés et de bien dormir !

Le club a mis en place un planning d’appels individuels avec certains membres du staff répartis dans la semaine pour prendre de nos nouvelles. Ils organisent aussi des quizz tous ensemble en visio !
L’après-midi, je travaille sur des esquisses pour un projet en architecture et je profite un peu du soleil, qui est plus rare en Angleterre (rires) ! Je passe du temps avec mon frère, entre devoirs, foot, jeux, défi cuisine! Le soir, je me pose plutôt devant une série ou un film. Récemment j’ai regardé « Validé » ou encore « Dans le cerveau de Bill Gates » et là c’est la « La Casa de papel ».
Tout n’est pas simple : ne pas pouvoir continuer quotidiennement à jouer au foot, ne pas pouvoir rendre visite au reste de ma famille ou encore passer du temps avec mes amis! Mais tout cela est secondaire quand il s’agit notre santé et de celles des autres ! »

Julie Debever (Défenseure – Inter Milan)
« Je suis rentrée dès le début de l’épidémie au moment de la trêve internationale, c’était un concours de circonstance. Je suis tombée malade, j’ai eu deux trois jours d’arrêt, qui m’ont suffi pour rester en France. Ça commençait à prendre une ampleur énorme, notamment en Italie. Un décret stipulait qu’on devait être en confinement quatorze jours si on venait d’un pays touché par la crise, ce qui était mon cas. Donc je passe mon confinement en France ! En Lombardie, j’aurais été confinée très rapidement. Mon appartement là-bas est bien, mais plus petit qu’ici. Et puis j’aurais été seule…
On est en famille chez mes parents, avec une maison, un jardin… Ma soeur et moi nous faisons des programmes. On peut sortir une heure pour aller courir ! J’essaie de faire beaucoup de renforcement. J’ai trouvé un ballon, je vais le gonfler pour pouvoir un peu titiller la balle (rires) !
Mes neveux aussi sont là, j’essaie de m’amuser avec eux. Je regarde des séries avec ma soeur et ma mère, on a des longues discussions, j’essaie de lire. On fait des choses qu’on a pas forcément l’occasion de faire habituellement ! Franchement, je ne suis pas à plaindre. C’est dur de regarder les infos et de voir que ça n’évolue pas tellement. Mais c’est bénin, d’autres sont dans des cas beaucoup plus graves !
Les internationales de l’Inter sont retournées chez elles. On essaie de prendre de nos nouvelles, certaines joueuses sont restées seules dans leur appartement et n’ont pas pu rejoindre leur famille. La situation est encore plus délicate en Italie, puisqu’elles ont été confinées avant nous, ça commence à faire long. La situation est compliquée pour une sportive de haut niveau. C’est pire qu’une préparation estivale, l’arrêt sera encore plus long. Dans quelles conditions on reprendra pour les six derniers matchs ? »