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Coup de projecteur sur… ALKÉ, la marque de foot par les femmes, pour les femmes

Par 25/09/2020 09:00 septembre 26th, 2020 No Comments
©ALKÉ
Du nom de la déesse grecque du courage et de la prouesse, ALKÉ est une marque unissant mode et football féminin sous une même bannière. Découvrez la genèse du projet, son ambition et ses prochaines étapes à travers un entretien avec sa co-fondatrice, Claire Allard.

ALKÉ a vu le jour à l’aube de la Coupe du Monde Féminine 2019. Convaincue que les joueuses de football méritaient un équipement adapté à leur propre morphologie, une équipe de trois personnes s’est attelée au projet. Une idée devenue réalité grâce à un financement participatif lancé en juin 2019, et financé à 177%. Au-delà de l’aspect vestimentaire, ALKÉ se veut également promoteur de certaines valeurs, notamment celle de l’émancipation des femmes par le sport. Et parce que les femmes peuvent jouer au football tout en ayant du style, L’Équipière vous propose d’en apprendre davantage sur la marque. 

Bonjour Claire, tout d’abord pouvez-vous nous expliquer comment ALKÉ a vu le jour ?

« Laura, Barbara et moi nous sommes rencontrées en 2018, lors de notre formation à l’Institut Français de la Mode, alors que l’on suivait l’Executive MBA « Global Fashion Management ». Dans le cadre de ce programme, il y avait un module “Création d’Entreprise” qui permettait à des groupes de travailler sur un projet spécifique pendant un an, c’est à ce moment-là que notre projet est né. Avec Laura, qui avait travaillé plusieurs années chez Décathlon, et Barbara, qui était directrice de casting et avait travaillé avec de nombreuses marques et créateurs de mode, notre équipe réunissait les différents univers nécessaires à sa réussite.

Sur le choix du nom ? On voulait qu’il ait une signification importante, Nike nous a un peu inspirées … (ndlr: son nom vient de la déesse grecque de la victoire et son logo est une représentation stylisée des ailes de la “Victoire de Samothrace”). Notre choix s’est porté sur la déesse Alké car elle incarnait le courage, la prouesse et sa sonorité nous plaisait. »

« Parce qu’en y réfléchissant, quand une femme veut s’équiper pour jouer au football, elle doit encore se rendre au rayon hommes ou enfants »

Pourquoi avoir choisi le football ? Êtes-vous joueuse vous-même ?

Oui, je joue au football depuis que je suis petite. Nous sommes toutes trois attirées par le monde du sport, en plus de celui de la mode. Le football étant le sport le plus populaire au monde, c’est la raison pour laquelle j’ai proposé de créer une marque de vêtements de foot pour les femmes. Parce qu’en y réfléchissant, quand une femme veut s’équiper pour jouer au football, elle doit encore se rendre au rayon hommes ou enfants des magasins de sport et ce n’est pas normal. En réalité, le football sert de point de départ pour aller plus loin : il est le reflet de l’image du sport, de la société. Notre revendication est que les femmes doivent avoir le droit de pratiquer le sport comme elles l’entendent et nous espérons investir le monde du sport féminin de manière générale. 

Sur quoi vous êtes-vous basée pour dessiner vos maillots, shorts et chaussettes ?

Notre collection est le résultat d’un patchwork de différentes inspirations, de différents styles qui nous plaisent et que nous sommes allées piocher çà et là, en s’inspirant de pièces de nos gardes robes ou en étudiant des images « vintage » de femmes pratiquant divers sports. Par exemple, celle de l’actrice américaine Raquel Welch qui avait posé, en 1972, pour une photo en portant le maillot et le short de Chelsea, dont elle était fan. Un autre exemple est celui du maillot porté par l’Équipe de France lors l’Euro 2000, qui m’avait marquée. Il était composé d’un mix de matières, l’une en mesh et l’autre en lycra, c’était intéressant d’avoir tant de l’aération que de la technicité dans le vêtement. Nous avons aussi intégré une quatrième personne à ce projet, Céleste, qui est styliste et créatrice pour la marque Studio Rice. 

©ALKÉ

À qui s’adressent vos équipements (joueuses lambdas, clubs amateurs, clubs pros…) ?

À la base aux joueuses amateures qui veulent s’équiper pour l’entraînement, etc, hors maillot de match imposé par leur club. Mais nous collaborons aussi avec des équipes représentant des entreprises (comme le Barreau de Paris ou PwC) ou des associations (Little Miss Soccer). Enfin, nous collaborons aussi avec des clubs amateurs comme la Jeunesse Unie Plougonven (Bretagne), le FC Sussargues-Bérange (Occitanie) ou encore le FC Wissous (Ile-de-France). Pour les clubs professionnels, c’est plus compliqué car ils ont des contrats avec des marques connues et établies qui leur apportent des revenus. Ces contrats couvrant toutes les équipes d’un club, il nous serait impossible de collaborer uniquement avec son équipe féminine. Une éventuelle porte d’entrée pour nous dans certains clubs de l’élite serait de les équiper pour la partie “lifestyle” (tenues portées en conférences de presse ou lors des déplacements officiels). »

Avez-vous approché des clubs de football féminin à un moment donné de la création de votre projet ?

Il y a quelques mois, j’ai rencontré la responsable des équipements du Paris FC. J’ai passé beaucoup de temps avec elle afin de comprendre les besoins et les difficultés des joueuses. Leur équipement est commandé sur catalogue mais, l’équipe féminine devant s’accorder avec l’équipe masculine, cela réduit drastiquement leurs possibilités. Elles se retrouvent donc avec des choix par défaut, dont le design ne leur est pas propre. 

J’ai aussi eu l’opportunité de lui présenter nos produits et elle m’a conseillée, par exemple, sur la bonne longueur de maillot ou sur le flocage des noms et numéros au dos des maillots. Elle a été très encourageante envers notre projet et a reconnu le travail de recherche que nous avions effectué.

Qui dit équipement sportif dit, en général, main d’œuvre pas chère. Où sont situées les entreprises avec lesquelles vous collaborez ?

C’était important pour nous, dès le départ, d’être une marque éthique et responsable. Les entreprises avec lesquelles nous collaborons se situent toutes en Europe. Les matières premières que nous utilisons viennent toutes d’Italie. Pour ce qui est de la confection, elle se fait principalement en Italie également. C’est le bastion mondial de la mode et il y a un savoir-faire unique chez nos voisins transalpins, notamment en termes d’impression sur tissu. Nous collaborons également avec des entreprises qui se trouvent en Pologne et au Portugal. Enfin, les prochains maillots que nous fournirons aux clubs avec lesquels nous collaborons seront fabriqués en polyester recyclé.

©Christophe Berlet via ALKÉ

« Nous avions à cœur de faire plus que juste “vendre des maillots”. »

L’équipe d’ALKÉ a aussi la fibre sociale, pouvez-vous nous en dire plus ?

Nous avions à cœur de faire plus que juste “vendre des maillots”. On voit des initiatives se lancer mais il n’y a pas vraiment d’élément fédérateur qui les relie les unes aux autres, et c’est ce que nous aimerions devenir. On a un vrai projet derrière notre marque, celui de mettre en avant les femmes actives dans le sport et de s’en servir comme levier d’émancipation. On veut porter d’autres projets en plus du nôtre et on a décidé de reverser 1% de notre chiffre d’affaires à des associations dédiées au développement du football féminin, ou à l’émancipation des femmes par la pratique du sport. Dans ce cadre, on s’est associées à “Ladies Turn”, une association sénégalaise qui promeut le droit des femmes à jouer au football, créée en 2009 par l’ancienne internationale Seyni Ndir Seck. 

Votre projet a été financé et votre marque existe. Quelles sont les prochaines étapes pour ALKÉ ?

Courant octobre, nous allons élargir notre gamme avec une nouvelle collection. Elle sera axée sur le lifestyle, plus que sur le sportswear, avec notamment des blousons, des leggings, des K-Way, etc. Elle proposera aussi des maillots à manches longues pour l’hiver. On sera aussi impliquées dans la campagne “Octobre Rose”, qui vise à sensibiliser et à mobiliser les gens pour aider dans la lutte contre le cancer du sein. 

Enfin, que peut-on vous souhaiter pour le futur ?

Plein de contrats et de collaborations diverses ! Nous sommes également à la recherche d’une ambassadrice parmi les joueuses de haut niveau afin de nous faire gagner en visibilité. »

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