Sébé Coulibaly entourée de partenaires de jeu « Ladies Squad » – ©ines.shoot
Créée en 2019 par Sébé Coulibaly, joueuse de D2 et internationale Malienne, Ladies Squad met en relation des footballeuses de tous niveaux pour disputer des matchs ensemble. L’application, de plus en plus présente en région parisienne depuis cet été, devrait se développer partout en France et à l’international dans les prochaines années.
Mettre en lien des filles qui veulent jouer
Sébé Coulibaly ne le cache pas : sa vraie passion c’est le football. Five, futsal, foot à 7 ou foot à 11, cette joueuse de D2 passe son temps sur les terrains. Pas étonnant qu’elle ait eu l’idée de créer une application en rapport avec ce sport ! L’idée de « Ladies Squad » est venue d’un simple constat : « Moi qui suis footeuse, pendant les périodes de trêves hivernales ou estivales, j’avais envie de continuer à jouer. Mais on manquait d’effectifs et de terrains aussi, et je pense que je n’étais pas la seule dans cette situation », se souvient la milieu de terrain d’Yzeure.
« J’aime bien dire que c’est comme un site de rencontre, mais pour faire du foot ensemble »
Au début, elle a pensé à simplement créer un groupe WhatsApp, mais elle s’est vite rendue compte que cette problématique était nationale, voire même internationale. C’est ainsi que la Franco-Malienne de 26 ans a voulu créer une application mettant en relation des filles qui recherchent des partenaires de jeu quels que soient l’heure et le jour de la semaine. « J’aime bien dire que c’est comme un site de rencontre, mais pour faire du foot ensemble », explique-t-elle.
Avant de se lancer réellement dans le projet, Sébé Coulibaly avait énormément de doutes : « Je ne connaissais pas du tout le monde de l’entreprenariat et créer une application ça me paraissait inenvisageable, insurmontable ». Mais un événement l’a réellement poussée à franchir le pas : L’Entrepreneur Challenge, un concours adressé aux habitants des quartiers « défavorisés » auquel l’ancienne joueuse du RC Saint-Denis a participé en février 2019. « C’est avec ce challenge, quand je suis arrivée dans les finalistes sur 238 candidats, que je me suis dit que mon projet était pas mal et ça m’a permis de prendre confiance en moi. »
L’année 2019 était également synonyme de Coupe du monde féminine en France, un véritable coup de projecteur sur la pratique et sur les joueuses. « Je voyais de plus en plus de filles qui voulaient jouer au foot et si mon application avait été disponible à ce moment-là, je pense que ça aurait répondu à un grand besoin », regrette l’Aiglonne.
Un enchaînement de défis
Lancée sur les plateformes de téléchargement mobile en février 2020, il aura fallu un an à l’internationale Malienne pour créer « Ladies Squad ». Une période durant laquelle elle a rencontré plusieurs difficultés, notamment le manque d’information, plus particulièrement en banlieue : « J’avais l’impression qu’au moment où je voulais entreprendre, ça manquait d’informations. Même quand j’allais à la recherche de l’information, j’avais du mal à trouver ce que je recherchais vraiment. En fait, l’impression que j’ai eue, c’est que les informations ne sont pas assez visibles et transparentes au sein des quartiers », se rappelle la native de Montfermeil.
Outre les problématiques financières, elle explique que l’aspect humain est très important : « Aujourd’hui, j’ai trouvé une personne avec qui je travaille mais au début j’étais vraiment toute seule. Et c’est vrai que dans un projet pareil, je pense que c’est bien d’être à deux ou plusieurs. Quand tu es seule, tu ne prends pas forcément les bonnes décisions, tu choisis en fonction de toi, alors qu’en groupe il y a plus d’idées et de choix et tu prends la meilleure décision. »
Titulaire d’une licence en management du sport, la joueuse d’Yzeure n’a pas été formée en communication, un défi qu’elle relève tous les jours : « Se faire connaître, l’utilisation des réseaux sociaux, diffuser au bon moment… Tout ça, j’apprends sur le tas et c’est parfois compliqué. » Mais son diplôme lui donnent à la fois crédibilité et légitimité à avoir un projet pareil.
Sébé Coulibaly, internationale malienne et joueuse de D2 à Yzeure ©ines.shoot
Le soutien et l’aide du monde du football
Mais heureusement Sébé Coulibaly a trouvé une personne sur qui compter pour appréhender les différentes difficultés tout au long de la création de Ladies Squad et encore aujourd’hui. « Dans le projet, on parle beaucoup de Loïc Perrin qui a parrainé l’application pendant l’Entrepreneur Challenge, mais la personne qui m’a beaucoup accompagnée c’est Frédéric Thiriez, avocat et ancien président de la Ligue de football professionnel. Il m’a vraiment aidé, il m’a accompagné, et dès que j’ai besoin d’un conseil c’est lui que j’appelle. C’est vraiment une personne clé dans le projet », avoue-t-elle.
Plusieurs joueuses françaises aident également la jeune entrepreneure à gagner en visibilité : « Pauline (Peyraud-Magnin), que j’ai rencontrée à Saint-Etienne et avec qui je m’entends super bien, partage et diffuse beaucoup mes publications sur les réseaux sociaux. Il y a aussi Sarah Palacin et Namnata Traoré, qui est aujourd’hui mon associée sur le projet et qui joue à Lens. »
Une application facile à utiliser
« Moi-même en tant qu’utilisatrice de certaines applications, dès que ça devient complexe, je laisse tomber, alors il fallait faire quelque chose de simple », explique l’ancienne stéphanoise. Ainsi, l’actuelle joueuse d’Yzeure met des créneaux et des lieux de match sur « Ladies Squad » avec les partenaires qu’elle a déjà et les filles intéressées s’inscrivent par le suite à l’évènement de leur choix. Les utilisatrices peuvent également demander à créer certains matchs via les réseaux sociaux.
En ce qui concerne le format de la rencontre, il s’agit essentiellement de “Five” (ndlr: match à 5 en indoor) : « C’est plus simple de trouver 10 personnes pour un five que 22 pour un match à 11. Le Five c’est beaucoup plus spontané, je peux en lancer un demain ou même ce soir sur l’appli, alors qu’à 11 il faut s’y prendre à l’avance. » confesse-t-elle.
Vers une expansion partout en France et à l’international
Pour le moment, si Ladies Squad a des partenariats avec des Five en région parisienne, la créatrice de l’application a pour objectif de créer sa propre structure avec « Ladies Squad », qu’elle pourra développer partout en France. « Je reçois pas mal de messages de filles sur Instagram ou Facebook qui veulent jouer mais qui sont sur Lyon, Marseille, ou Nancy. Donc l’idée, c’est vraiment de développer l’application partout en France », annonce-t-elle.
« Je voudrais vraiment développer l’application à l’international, et notamment en Afrique. Il y a une grande demande dans tous les pays »
A la création de son projet, Sébé Coulibaly imaginait déjà « Ladies Squad » à l’international, d’où le nom anglophone de l’application. « Je voudrais vraiment développer l’application à l’international, et notamment en Afrique. Il y a une grande demande dans tous les pays. » Cette demande existe aussi dans d’autres pratiques sportives et justement, la Francilienne y pense : « J’aimerais ouvrir l’application à d’autres sports qui ont des problématiques similaires à celles du foot. ».
Des objectifs ambitieux, qui requièrent encore énormément de travail, que l’internationale Malienne n’a pas peur d’atteindre.