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Coup de projecteur sur… « Les joueuses #paslàpourdanser », le film de Stéphanie Gillard

Par 09/09/2020 09:00 No Comments
OL - Film les joueuses
Les joueuses de l’OL sont au coeur de ce long-métrage – ©Rougedistribution
Ce mercredi 9 septembre sort en salles le film de Stéphanie Gillard « Les joueuses #paslàpourdanser ». À travers ce long-métrage, le public plonge pour la première fois au coeur du quotidien des footballeuses de l’Olympique Lyonnais. À l’occasion de la sortie nationale du film, nous avons discuté avec sa réalisatrice.

Comment est né le projet ? 

« Tout a commencé à l’été 2018 quand les garçons ont gagné la Coupe du Monde. TF1 avait fait un film sur leur victoire et j’ai été déçue par le résultat. Un an après, il y avait la Coupe du Monde féminine en France. Je me suis dit qu’il serait temps de faire, chez les filles, un film du style « Les Yeux dans les Bleus ». J’ai donc été voir ma productrice, Julie Gayet, qui adore le foot. Avec la Coupe du Monde en France, cela allait être difficile. On a donc rencontré Jean-Michel Aulas (le président de l’Olympique Lyonnais, ndlr) qui nous a tout de suite ouvert les portes du club. Je lui ai expliqué mon projet. Pour moi, pour que le foot féminin décolle, il fallait faire connaître les joueuses, et leur personnalité, dans le but que les téléspectateurs s’identifient à elles. Cette idée lui a parlé. Il m’a d’ailleurs tout de suite dit qu’il y avait de fortes personnalités au sein du groupe de l’OL. » 

Pourquoi s’intéresser au football féminin et précisément à l’OL ? 

« Une proposition comme celle de Jean-Michel Aulas, cela ne se refuse pas. C’est un club qui a gagné beaucoup de trophées. Et puis l’équipe était très intéressante avec deux générations différentes. La première qui a connu le football amateur avec des joueuses qui étaient presque obligées de payer pour jouer, comme me l’a dit Wendie Renard. L’autre, qui arrive et signe des contrats à 16 ans. »

Film les joueuses
Delphine Cascarino (à gauche) et Saki Kumagai (à droite), les deux générations réunies – ©Rougedistribution

Quel message souhaitez-vous porter avec ce film ? 

« La manière la plus féministe que j’ai trouvée de les présenter, c’était de les filmer comme j’aurais filmé une équipe d’hommes. J’ai donc posé le moins de questions possibles sur le sujet de l’égalité et du traitement des joueuses. Mais il revient au galop tout seul. Moi, je voulais avant tout porter leur message qui est celui du respect. Elles font le même métier que les hommes, elles ont le droit aux mêmes moyens. Au sein de l’OL, elles ont trouvé ça. On voit que, quand on leur donne des moyens, il y a des résultats derrière. Elles sont conscientes des inégalités et elles ne sont pas vindicatives par rapport à ça. Leur meilleure réponse c’est sur le terrain, en remportant de nouveaux trophées. »

Pourquoi ce titre ? 

« Ce n’est pas moi qui l’ai choisi. À une époque, je voulais que ce soit « not here to dance » en lien avec la réponse d’Ada Hegerberg après le Ballon d’Or 2018. J’ai été passionnée par l’article qu’elle avait écrit le lendemain où elle raconte le long chemin qu’elle a parcouru. J’ai aussi beaucoup regardé d’archives. À chaque fois, les journalistes ramenaient les sportives à des danseuses, comme si en gros elles feraient mieux de danser. »

Quand s’est déroulé le tournage ? 

« On a rencontré Jean-Michel Aulas en décembre 2018 et on a tourné de mars à mai 2019, ce qui a laissé peu de marge pour filmer alors que j’ai pour habitude de prendre beaucoup de temps. Pour préparer le tournage, j’ai donc suivi les joueuses en février pendant trois semaines mais sans caméra. Je me mettais dans un coin à l’entraînement, je m’asseyais dans les vestiaires, je déjeunais avec elles afin d’apprendre à les connaître. Ça a été un peu perturbant pour elles (rires). Elles devaient se demander ce que je faisais là au début. Après je suis revenue avec les caméras. Au début c’était compliqué, puis elles se sont fondues dans la masse et les joueuses les ont oubliées. »

Film les joueuses
La caméra de Stéphanie Gillard a suivi les joueuses de l’OL au quotidien – ©Rougedistribution

Quelle équipe avez-vous découvert en entrant dans les coulisses du vestiaire ? 

« Une vraie équipe. Elles ont un sens du collectif et un esprit d’équipe incroyable. Ce sont des sœurs. Des compétitrices qui aiment dans le même temps rigoler. Je n’ai pas senti de rivalité entre elles, même si bien sûr, elles se tirent la bourre. C’était vraiment impressionnant. »

À quels moments de l’intimité du groupe avez-vous pu assister ? 

« Je les suis beaucoup au sein du club et un peu dans leur vie à l’extérieur. Je voulais aussi aller dans les vestiaires à une mi-temps d’un match. Le coach était d’accord sur le principe. Hasard du calendrier, à chaque fois il y avait 0-0 alors c’était un peu tendu et finalement Reynald Pedros ne voulait pas. »

Qu’espérez-vous avec la sortie de ce film ? 

« J’espère que les gens vont aller le voir (rires). J’espère que les gens vont s’intéresser à elles. Plein de personnes portent déjà un intérêt au football féminin, mais il y a aussi ceux qui portent un regard condescendant, biaisé. Je pense que cela peut toucher un public amateur de sports ou sensible à la question du rapport entre les hommes et les femmes. Un public scolaire également. Il y a toute une partie du film à travailler avec les jeunes pour évoquer les questions de répartition entre filles et garçons dans le foot, celle des modèles. Cela rejoint l’histoire entre les deux générations au sein du club. L’une a eu des modèles masculins, l’autre peut s’appuyer sur des modèles féminins dans le football. Avec ce film, on peut se dire que des femmes peuvent être des modèles pour des garçons. Pourquoi ne pourrait-on pas inverser les rôles ? »

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La réalisatrice s’est immiscée dans la vie de groupe de l’OL – ©Rougedistribution

La sortie du film coïncide avec le septième titre des Lyonnaises en Ligue des Champions. Avez-vous suivi leur parcours ? 

« Oui bien sûr. Elles m’ont fait peur. Au début c’était compliqué avec les absences d’Ada (Hegerberg), Griedge (Mbock Bathy) et Amandine (Henry). Je sentais qu’elles manquaient de rythme au cours des premiers matchs. Puis en finale, elles ont retrouvé leur niveau. »

Après une histoire de ballon, sorti en 2006, vous en êtes à votre deuxième film traitant du football. Quelle relation avez-vous avec ce sport ? 

« Je fais beaucoup de sport. Je suis amatrice de foot mais je n’y ai jamais joué. En fait, j’aime bien partir du sport car il est révélateur de beaucoup de questions sociales. L’exemple du football est encore plus illustratif à travers sa forte médiatisation. »

« Les joueuses #paslàpourdanser », à retrouver dès le 9 septembre partout en France
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