©photo : Cléria Souza
Un an après la Coupe du Monde en France, la FIFA s’apprête à dévoiler le nom de la nation hôte de la prochaine édition du tournoi. Le 25 juin prochain, à Zurich (Suisse), le Japon, la Colombie et l’Australie/Nouvelle-Zélande seront départagés. Si la FIFA a d’ores et déjà publié ses propres notations (1), l’Équipière a parallèlement réalisé une évaluation des différentes candidatures.
Le 13 décembre dernier, la FIFA avait annoncé les quatre projets retenus, mais aujourd’hui seulement trois d’entre eux sont encore en lice. Si l’on ne sait pas encore quel pays l’abritera, la compétition promet déjà d’être un moment historique. Elle accueillera pour la première fois 32 équipes participantes (soit 20 de plus qu’en 1991).
Un concurrent en moins
Contre toute attente, la confédération brésilienne de football a annoncé le retrait de sa candidature, en raison de mesures économiques liées à la pandémie de Covid-19. Malgré un statut de temple du football et une finale prévue au mythique Estádio Maracana, le Brésil ne sera pas le siège de la plus grande des compétitions internationales.
La localisation : avantage Colombie ?
Face à deux pays de la zone Asie, la Colombie semble être le territoire le plus original. Jamais une Coupe du Monde féminine de football n’a été organisée sur le versant sud de l’Amérique. En huit éditions, ses voisins d’Amérique du Nord en ont hébergé trois. Concernant l’Asie, la Chine a accueilli la compétition à deux reprises (1991, 2007).
Si la question géographique pourrait être un facteur pesant indéniablement dans la balance, celle de la sécurité l’est tout autant. Malgré le processus de paix engagé en 2016 entre le gouvernement colombien et les FARC, la Colombie dispose d’un des taux d’homicides les plus élevés au monde (près de 25 pour 100 000 habitants en 2019).
Par ailleurs, avec une altitude comprise entre 2 et 2600 mètres, le pays du vallenato présente des conditions de jeu nettement moins favorable que les autres candidats, car plus éprouvantes que les autres candidats (maximum 80 m chez les deux autres).
Infrastructure : Tokyo avec un coup d’avance
Avec une moyenne de 40 875 places, le pays du soleil levant dispose de la capacité d’accueil par stade la plus élevée (34 600 pour l’Australie, Nouvelle-Zélande et 33 500 pour la Colombie). L’organisation des Jeux Olympiques permet également au Japon de proposer des infrastructures déjà conformes, puisque la compétition devait se tenir en 2020.
Seule ombre au tableau, 8 stades ont été présentés, contre 10 et 13 pour ses concurrents dont les édifices ne sont toutefois pas encore intégralement sur pied (General Santander en Colombie et Stadium Australia & Sydney Football Stadium en Océanie). Cette faible capacité numéraire peut interroger compte-tenu de l’augmentation du nombre de groupes.
Aussi, le Japon est internationalement connu pour ses infrastructures et réseaux de transport très développés, dont l’efficacité a déjà été prouvée lors d’autres tournois sportifs majeurs comme la Coupe du Monde de Rugby 2019. De plus, seulement deux heures d’avions séparent Sapporo et Kobe ou Suita, qui sont les villes les plus distantes entre elles. La route, le train et l’avion étant facilement combinables, la FIFA considère que l’offre du Japon est la meilleure concernant les transports.
La candidature commune de l’Australie et la Nouvelle-Zélande se distingue par les grandes distances entre certaines villes hôtes. Perth, à l’ouest de l’Australie et Christchurch, en Nouvelle-Zélande, sont par exemple séparées de plus de 5000 kilomètres, ce qui favorisera les déplacements en avion. Seules pour les villes très proches comme Sydney et Newcastle pourront être envisagés le train ou la route. Tout comme le Japon, l’Australie et la Nouvelle-Zélande ont déjà pu éprouver leurs transports lors de précédents tournois majeurs.
La Colombie, dont les villes hôtes sont relativement rapprochées, compte également sur le transport aérien. Cependant, pour accueillir le tournoi de façon optimale, certains aéroports nécessitent des améliorations, dont un en termes de capacité d’accueil. Contrairement aux trois autres prétendants, la Colombie n’a encore jamais organisé d’événement de cette ampleur.
Une communication à la pointe pour l’Australie et la Nouvelle-Zélande
A l’inverse de leurs concurrents, l’Australie et la Nouvelle-Zélande rassemblent déjà une importante communauté de fans. Alors que les comptes Twitter et Instagram de la candidature “AsOne” comptent plus de 7500 abonnés, ces derniers accueillent aussi de nombreux messages de soutien. Beaucoup de personnalités, actuelles joueuses ou retraitées du ballon rond, plaident en faveur d’une Coupe du monde 2023 en Océanie. Ainsi, des commentateurs et journalistes sportifs, des coachs, des joueuses comme Sam Kerr et Ali Riley, mais aussi Alex Wilkinson, capitaine du Sydney FC ou Moya Dodd, retraitée des Matildas, supportent activement la candidature de leurs pays.
De plus, l’Australie et la Nouvelle-Zélande peuvent compter sur le soutien du monde politique. En effet, plusieurs ambassadeurs australiens en Europe ainsi que Mitch Fifield, représentant du pays aux Nations Unies, n’ont par exemple pas hésité à faire la promotion du mouvement “AsOne”. Au total, ce sont plus de 700 000 personnes à travers le monde qui soutiennent la candidature des deux pays d’Océanie.
Dates et Climat : AsOne2023 de nouveau en tête
La question des température est, de toute évidence, une préoccupation centrale (ndlr: Ce fut une des préoccupations majeures de l’attribution de la Coupe du Monde masculine 2022 au Qatar). En pleine saison hivernale, les deux pays austraux offrent des températures fraîches (15°C en moyenne en juillet-août), lorsque ses rivaux oscillent entre 26 et 29°C dans l’après-midi.
Toutes les dates proposées dans les dossiers s’étalent entre juillet et aôut. Le projet AsOne2023 prévoit une fin plus tardive, le 23 août, ce qui pourrait décaler les calendriers nationaux mais permettrait d’augmenter le temps de récupération entre les matchs.
Des coûts maîtrisés ?
L’organisation de la candidature AsOne estime les coûts pour accueillir le Mondial 2023 à approximativement 108 millions de dollars, montant sous-estimé selon la FIFA. Compte tenu de la taille du pays, le plus gros poste de dépense de la compétition est le transport. Toutefois, ces coûts sont compensés par le fait que la candidature commune de l’Australie et la Nouvelle-Zélande constituerait la meilleure possibilité commerciale pour la Coupe du Monde 2023. Le nombre potentiel de tickets vendus est par exemple estimé à plus d’1,5 million d’unités. De plus, la possibilité de toucher aussi le marché asiatique, ainsi que les droits télévisuels de celui-ci, font de cette candidature une opportunité pour la FIFA.
Le coût de la candidature colombienne, évalué par l’organisation à un peu plus de 45 millions de dollars, reste en accord avec ceux des précédentes éditions du Mondial. Cependant, selon la FIFA, le budget pourrait être inférieur d’environ 12 millions de dollars. Le pays ayant l’avantage de pouvoir avoir une main d’oeuvre bon marché, les plus gros coûts seraient dus au transport et à la sécurité. Finalement, d’après la FIFA, la candidature de la Colombie serait la moins coûteuse mais aussi celle avec le moins de revenus.
L’Australie et la Nouvelle-Zélande en pôle ?
Alors que la candidature japonaise prévoit une dépense de plus de 50 millions de dollars pour accueillir le Mondial 2023, la FIFA considère que l’organisation de l’événement sera d’environ 60 millions de dollars. Au contraire de la Colombie, la plus grosse dépense sera la main d’oeuvre nécessaire au déroulement de la compétition. La billetterie et le sponsoring permettraient à eux deux de rapporter près de 45 millions de dollars. Le risque de l’investissement est donc considéré comme faible par la FIFA.
Finalement, en dépit de coûts plus importants, la FIFA semble d’après son rapport pencher pour la candidature de l’Australie et la Nouvelle-Zélande (ndlr: note moyenne de 4,1 sur 5 contre 3,9 pour le Japon et 2,8 pour la Colombie) notamment en raison des retombées économiques et commerciales positives de celle-ci. Dénouement imminent, puisque la FIFA désignera la candidature retenue le 25 juin prochain.