
Injures, menaces, homophobie, sexisme, racisme… Un nouveau rapport de la FIFA et de FIFPro révèle les principales tendances de discours haineux sur les réseaux sociaux envers les footballeuses lors de la Coupe du Monde féminine 2023.
Ledit rapport fait un bilan des opérations du service de modération des réseaux sociaux de la FIFA pendant la Coupe du Monde féminine 2023. Comme le décrit le site internet de la fédération Internationale, le service « vise à protéger les joueurs, les joueuses, les équipes, les officiels et les supporters face aux violences verbales en ligne en nettoyant leurs fils d’actualité et en leur permettant de pleinement profiter de la compétition de la FIFA à laquelle ils ou elles participent. » Il s’agit de la neuvième étude du genre, chacune menée lors de divers tournois internationaux affiliés à la FIFA. L’étude permet de mieux identifier les thématiques, anticiper les risques et améliorer les outils pour limiter les publications abusives.
1 joueuse sur 5 a été victime de discours haineux sur les réseaux sociaux pendant le Mondial
Une action de grande ampleur
Du 19 juillet au 21 août 2023, la FIFA a observé quotidiennement les comptes sur X (anciennement Twitter), Instagram, Facebook et TikTok des équipes participantes à la Coupe du Monde, Australie – Nouvelle Zélande, 2023, ainsi que ceux des joueuses, staffs, officiels et supporters. Publications et commentaires sur ces comptes étaient examinés pour y identifier ceux qui présentaient de la violence verbale et s’avéraient ainsi abusifs.
Une fois identifiés, ces contenus étaient masqués afin de ne pas être visibles et impacter la santé mentale des personnes qu’ils ciblaient. Le service de modération les signalait également aux plateformes de réseaux sociaux afin que celles-ci prennent aussi les mesures nécessaires.
Au total, plus de 5 millions de publications et commentaires ont été analysés sur toute la durée de la compétition, dont 116 820 ont été masqués. 1 joueuse sur 5 a été victime de ce genre discours haineux sur les réseaux sociaux.

Les propos sexistes et homophobes en tête
Le rapport met en lumière plusieurs thématiques principales autour desquelles tournent les publications et commentaires haineux en question. Il révèle que plus de 50% des contenus étaient à caractère sexiste, sexuel ou homophobe. Plus de 23% étaient des injures et presque 10% des propos racistes.

Deuxième sujet le plus représenté (20,40%), l’homophobie a été mise en exergue par l’étude. En effet, au cours d’une comparaison des statistiques entre la Coupe du Monde féminine 2023 et le Mondial masculin de 2022, il a été démontré que les footballeuses avaient 29% plus de probabilités d’être visées par des contenus anti-LGBTQIA+ que les footballeurs. La proportion de ce genre de commentaires et publications par rapport aux autres sujets d’abus était deux fois plus importante lors du Mondial féminin que masculin.
Il s’agit d’une différence significative au vu de la croissance de l’audience de la Coupe du Monde féminine. Celle-ci étant en croissance exponentielle, le pourcentage de posts abusifs homophobes, déjà très important, risque de suivre la même tendance.
États-Unis et Argentine, principales nationalités victimes d’attaques
Le rapport démontre que plusieurs nationalités étaient particulièrement visées par les discours de haine. C’était surtout le cas des Étasuniennes, qui étaient plus de deux fois plus ciblées que les Argentines, deuxième sélection la plus visée.

Les publications et commentaires haineux envers les USA étaient majoritairement des réactions aux soutiens de certains politiques étasuniens pour la sélection. Nombre de contenus visaient aussi des joueuses particulières se concentraient essentiellement sur deux ou trois d’entre elles. Le 6 août, jour de l’élimination des États-Unis suite à leur défaite face à la Suède a été le plus prolifique en termes de discours haineux et abusif. Si les messages étaient destinés à plusieurs équipes participantes, ceux visant la USWNT étaient de loin les plus nombreux.
Une grande partie des auteurs de discours haineux et injurieux étaient ressortissants de ce même pays. De fait, à l’échelle mondiale, 67% des comptes abusifs provenaient d’Amérique du Nord et centrale.
6 518 publications et commentaires ont été masqués sur les 280 000 contrôlés le jour de la finale et le lendemain
Les contenus concernant l’Argentine, deuxième sélection la plus ciblée, ont provoqué un pic de discours haineux le 2 août – date à laquelle les albicélestes ont perdu contre la Suède. C’est pourtant contre une joueuse en particulier que la plupart des publications et commentaires étaient dirigés sur toute la période de participation de la sélection au Mondial.
L’Espagne et l’Angleterre étant les seules nations à être arrivées en finale ont participé le plus longtemps à la compétition, accumulant ainsi des contenus abusifs à leur encontre pentant plus de temps. C’est une des principales raisons pour lesquelles elles sont la troisième et quatrième équipe victime de contenus abusifs. Près de 280 mille posts/commentaires ont été analysés rien que le jour et le lendemain de la finale, dont 6 518 ont été masqués par le service de modération.

5 points clé
Le rapport fait part de cinq constat principaux :
- Joueuses de la USWNT étaient les plus visées du tournoi
- Deux joueuses, une étasunienne et une argentine, étaient les plus ciblées de toutes
- Les publications (généralement de soutien) de politiques étaient la source de nouveaux commentaires haineux envers les joueuses
- Les menaces étaient le type de contenus abusifs/haineux le plus commun, souvent liées à des commentaires sexistes/sexuels.
- Les arbitres et officiels étaient également concernés. Le jour de la finale, une des personnesla plus visée par des commentaires et publications haineuses était l’arbitre centrale étasunienne.