photo : @Nicolas Jambou
L’exercice de D1 officiellement terminé, c’est l’heure du bilan. La rédaction de l’Équipière vous présente ce qui lui a plu ou non cette saison. Au programme, l’ambitieux projet bordelais, la création de l’AFPF, l’après Coupe du monde…
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Le projet Bordelais
C’est la surprise de l’année. Si Bordeaux ne concurrencera pas l’OL dans un futur proche, le club peut ambitionner de jouer la Ligue des Champions dès la saison 2021/2022. Pour la première fois de sa jeune histoire, la section féminine de Bordeaux s’est classée troisième de D1 grâce à un projet ambitieux et séduisant bâti par son directeur sportif, Ulrich Ramé. Sur le terrain, la patte espagnole du coach Pedro Martinez Losa, un technicien expérimenté (ndlr : passé par le Rayo Vallecano et Arsenal), a apporté une véritable identité de jeu à cette équipe marine et blanche. Preuve d’un projet sportif réussi, le nombre d’internationales bordelaises n’a cessé de grandir (ndlr : quatres joueuses sélectionnées pour le Tournoi de France, un record). Et les probables arrivées d’Ève Perisset (25 ans) et de Julie Dufour (18 ans) confirment les belles ambitions girondines.
La faim de titres de l’OL
Le club de Jean-Michel Aulas a remporté son quatorzième titre consécutif de champion de France. Malgré une adversité renforcée, l’OL est très peu bousculé et continue de tout glaner sur son passage. Meilleure attaque de la saison avec 67 buts inscrits mais aussi meilleure défense avec quatre buts encaissés, la régularité lyonnaise démontre une grande soif de victoire. Symbole de cette obsession pour les trophées, Wendie Renard a remporté tous les championnats avec l’OL depuis 2007. Cet été, si la Ligue des Champions va à son terme, les Fenottes tenteront de remporter leur septième couronne européenne. Gigantesque.
©Ryszard Dreger
Reims sans complexe
De retour en D1 après trente ans d’absence, Reims s’est appuyé sur un jeu ouvert et sans complexe pour décrocher le maintien. Avec 22 ans d’âge moyen, l’effectif champenois était l’un des plus jeunes du championnat (ndlr : avec Guingamp et Metz). Ce manque d’expérience apparent a très vite laissé place à une insouciance dans le jeu qui a déstabilisé les adversaires du Stade. À la surprise générale, dès leur deuxième match, les Champenoises ont ainsi réussi l’exploit de passer 3 buts à la solide défense de l’OL (ndlr: meilleure défense du championnat avec 4 buts encaissés). Malgré la lourde défaite (3-8), ce match symbolise à lui seul l’équipe d’Amandine Miquel : une équipe qui joue crânement sa chance et n’hésite pas à ouvrir le jeu face aux grosses écuries, quand d’autres se contenteraient de défendre. Un manque de rigueur défensive qui a parfois coûté cher aux Rouges et Blanches. Elles terminent la saison à une honorable 8ème place.
L’adaptation éclair de Shaw
Meilleure buteuse des qualifications de la CONCACAF avec 19 buts en 11 matchs, la jeune attaquante a grandement participé à la qualification historique de la Jamaïque pour la Coupe du Monde en France. À la veille du mondial, Bordeaux, sûr de son potentiel, lui offre deux ans de contrat. Khadija Shaw quitte alors les Tennessee Volunteers et le championnat universitaire américain pour la D1. Très vite, la jeune attaquante confirme les espoirs placés en elle avec pas moins de 9 buts inscrits lors des 10 premières journées. Grâce à cette adaptation éclair et malgré une deuxième partie de saison plus compliquée (ndlr: 1 but sur ses 6 derniers matchs), Khadija Shaw fait partie des incontournables de l’attaque girondine.
La création de l’Association pour le Football Professionnel Féminin
Désireux d’asseoir la D1 à un niveau international, Laurent Nicollin a souhaité mettre un coup d’accélérateur au championnat français en créant avec d’autres dirigeants de club, l’Association pour le football professionnel féminin (AFPF). « Il faut construire tout un modèle, pour avoir un championnat haut de gamme dans dix ans » avait annoncé celui qui a pris la présidence de l’Association sur le site spécialisé Foot d’Elles. L’AFPF est un travail de longue haleine dont les premières retombées positives pourraient bientôt arriver, puisque le principe d’un versement de 500 000 € pour chaque club de D1 par les clubs du Collège de Ligue 1 a été voté et n’attend plus que l’aval de la Fédération. La contractualisation des joueuses, l’amélioration des infrastructures et la recherche de sponsors font partie des nombreux axes de travail d’une initiative censée aider à la structuration de la D1 féminine.
On n’a pas aimé
L’effet Coupe du monde vite retombé
Le Mondial en France avait attiré plus d’un million de spectateurs dans les stades et près d’un milliard de téléspectateurs. L’événement fut aussi un immense succès médiatique. Mais alors qu’on pouvait espérer des retombées positives sur le championnat, celles-ci sont en réalité très limitées. En hausse constante ces dernières années, les affluences moyennes n’ont pas augmenté plus vite que les années précédentes (1190 spectateurs en moyenne cette saison contre 911 la saison dernière).
©photo: Inès Roy-Lewanowicz
Néanmoins, cette hausse s’explique principalement par le record d’affluence du match OL-PSG (30 661 spectateurs en novembre dernier, contre 25 907 en 2018). Le retour à la routine du championnat a été aussi douloureux pour la médiatisation autour des joueuses. Les tribunes de presse et les zones mixtes ont été désertées depuis le Mondial, à l’exception des quelques chocs de la saison. On espère un plus grand attrait du public et des journalistes pour la rentrée prochaine en D1.
Le yo-yo de l’OM et de Metz
Même musique pour les deux mauvais élèves de cette édition 2019/2020 : Le yo-yo entre la D2 et la D1 continue. Sur les six dernières saisons, les deux écuries ont passé trois saisons dans l’élite et trois saisons dans l’antichambre en alternant les montées et les descentes. Un manque de stabilité assez inquiétant remettant totalement en question les projets de ces deux sections féminines. Largués au classement, Metz (12e, 2 points) et Marseille (11e, 6 points) ont été incapables de lutter pour le maintien. Cet été encore, les deux clubs perdront une partie de leurs meilleures joueuses, désireuses de rester en D1. Alors que les projets ambitieux se multiplient en D2, les dirigeants messins et olympiens vont devoir s’impliquer davantage pour retrouver vite le plus haut niveau, et surtout y rester.
La déception Soyaux
Malgré un effectif en mesure de jouer les places d’honneur, Soyaux s’est fait peur tout au long de la saison, étant incapable d’enchaîner les bons résultats. Cet historique du football féminin français restait pourtant sur deux excellentes saisons en D1 ponctuées par une cinquième place en 2018 et une sixième en 2019. Les Soljadiciennes, qui visaient un nouveau top cinq cette saison, n’ont jamais pu vraiment décoller au classement, la faute à un manque de régularité et à des performances décevantes. Au final, l’ASJC, 10ème, échoue au pied de la zone rouge, son pire classement depuis son retour en D1 en 2013. Soyaux est aussi pénalisé par le retrait de 3 points infligé par la DNCG (Direction Nationale du Contrôle de Gestion) et par l’arrêt prématuré de la saison. Avec six matchs à disputer, les joueuses de Sébastien Joseph aurait pu remonter au classement.
La nouvelle année sans podium pour le Paris FC
Pour la 5ème saison consécutive, le club sextuple champion de France se tient à l’écart du podium de la D1. La fusion avec le Paris FC, à l’intersaison 2017, annonçait pourtant de nouvelles ambitions pour le club emblématique de la région parisienne. La montée en puissance de Bordeaux, qui depuis deux saisons s’invite au quatuor de tête du championnat, et les départs de jeunes joueuses à haut potentiel ces dernières années (Tounkara, De Almeida, Cascarino) vers des clubs professionnels, remettent progressivement en question la viabilité du « double-projet » cher à la direction du club.