©Dominique Mallen
À la veille de la reprise du championnat de France, L’Équipière vous offre un second tour d’horizon des équipes de la D1 Arkema. Passage en revue du mercato et des ambitions de six équipes.
Le Havre Athletic Club : bienvenue dans la cour des grandes
Au coude-à-coude avec Saint-Étienne dans le groupe B de D2 la saison dernière, Le Havre a bénéficié de l’arrêt prématuré des compétitions pour accéder à l’élite. En tête avec trois points d’avance sur l’ASSE, qui comptait un match en moins, les Havraises ont décroché leur montée en D1 à la faveur d’une moyenne de points par match supérieure à celle de leurs dauphines (2,5 contre 2,47). Acquise dans des conditions particulières, cette montée concrétise les investissements consentis par le HAC en faveur de sa section féminine. Créée en 2014, cette section a pris une autre dimension avec le rachat du club normand, en 2015, par l’ambitieux homme d’affaires américain Vincent Volpe. Le président et actionnaire majoritaire du HAC affiche, dès son arrivée, de grandes ambitions pour son club qu’il souhaite voir évoluer au plus haut niveau. Sous son impulsion, à l’intersaison 2017, huit joueuses du championnat universitaire américain débarquent en Normandie et participent à la montée du club en D2. A la demande de Vincent Volpe, la section féminine obtient même l’accès aux infrastructures des professionnels masculins, que ce soit le centre de formation ou la salle de musculation, et évolue au Stade Océane.
Deuxième de leur poule de D2 en 2018-2019, les Havraises ont donc réussi l’exploit d’accéder à la D1 après seulement deux saisons au deuxième échelon national. Une ascension fulgurante qui ne sera satisfaisante pour l’exécutif havrais qu’en cas de maintien dans l’élite. La mission s’annonce difficile pour Thierry Uvenard, ancien joueur du HAC, qui entame sa quatrième saison à la tête des féminines. Si le maintien demeure l’unique objectif, le technicien ne manque pas pour autant d’ambition et vise haut : « On vise la cinq, sixième place. Est-ce que l’on y arrivera ? Je ne sais pas mais je pense qu’il vaut mieux viser la cinquième que la dixième place parce qu’ensuite, tu n’as plus beaucoup de marge », a-t-il ainsi déclaré. Avec six départs, Thierry Uvenard a décidé de conserver le noyau dur du groupe promu en D1. Il a juste étoffé ce groupe avec l’arrivée de joueuses ayant déjà connu la D1 comme Lina Boussaha (Paris SG), Luce Ndolo Ewele (Thonon Évian Grand Genève FC) et avec l’expérimentée internationale chilienne Francisca Lara (Séville FC). Malgré ces recrutements, l’effectif havrais semble réduit par rapport à d’autres équipes de D1. En raison de multiples blessures, Thierry Uvenard a même été contraint de diriger certaines séances d’entraînement, fin août, avec dix joueuses de champ seulement. Victime d’une rupture totale du ligament croisé antérieur du genou lors du match amical du 22 août face à Lens, la capitaine et défenseure centrale du HAC, Jesse McDonough, voit sa participation à cette saison en D1 compromise. En dépit des absences, Le Havre devra rapidement prendre des points pour espérer se maintenir dans l’élite, à commencer par leur première journée face au GPSO 92 Issy, concurrent direct au maintien.
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Olympique Lyonnais : en quête d’une nouvelle couronne
Championnes de France pour la quatorzième fois d’affilée, vainqueures de leur premier Trophée des Championnes, de leur neuvième Coupe de France et de leur septième Ligue des Champions, les Lyonnaises ont une fois de plus réalisé une saison absolument parfaite. Avec trois points d’avance seulement sur le PSG, et un choc encore à disputer face aux Parisiennes, l’OL aurait mathématiquement pu se faire rejoindre si la saison était allée à son terme. Pourtant, ce quatorzième titre remporté par Wendie Renard, Eugénie Le Sommer et consorts ne souffre d’aucune contestation tant Lyon a survolé le championnat. Même si les écarts se resserrent chaque année en D1, aucune équipe ne semble en mesure de véritablement lutter avec les Rhodaniennes. Si les Parisiennes ont longtemps espéré pouvoir rivaliser et sont parvenues, par moments, à tenir la dragée haute à l’OL, elles ont finalement dû s’incliner que ce soit en D1, en finale de Coupe de France ou en demi-finale de Ligue des Champions.
Cette saison, sur la lancée de son “Final 8” réussi, l’OL visera un nouveau triplé consécutif (D1, Coupe de France, Ligue des Champions) et s’appuiera encore sur un effectif dont aimeraient disposer nombre d’entraîneurs. Si les supporters ont pu craindre un exode des Fenottes cet été lors de l’annonce, au printemps, des départs de Sarah Bouhaddi et Dzsenifer Marozsan, il n’en sera rien. En raison de l’incertitude liée à l’épidémie, la gardienne des Bleues et l’internationale allemande, qui devaient prendre la direction des États-Unis, ont finalement prolongé leur aventure dans la capitale des Gaules. La portière aura même une doublure de luxe cette saison avec Lola Gallardo (Atlético Madrid) tandis que Sara Björk Gunnarsdóttir (VfL Wolfsburg) apportera de la concurrence au milieu. Certes l’internationale anglaise Lucy Bronze ne portera plus la tunique lyonnaise mais elle sera remplacée par l’internationale australienne Ellie Carpenter, qui a signé pour trois ans avec l’OL. De même, déjà bien fournie côté gauche avec Selma Bacha et Amel Majri, l’équipe de Jean-Michel Aulas a pourtant convaincu l’internationale tricolore Sakina Karchaoui, désireuse d’un nouveau challenge, de rester dans l’Hexagone. Devant, avant le retour d’Ada Hegerberg, Lyon s’est attaché pour six mois les services de la buteuse anglaise Jodie Taylor, en provenance de sa franchise américaine OL Reign tandis que Melvine Malard, de retour d’un prêt concluant à Fleury, espère grappiller du temps de jeu. De quoi donner quelques maux de têtes à Jean-Luc Vasseur…
©Dominique Mallen
Montpellier HSC : un podium à retrouver
Pour la première fois depuis la saison 2014-2015, le Montpellier Hérault Sporting Club n’a pas terminé sur le podium de la D1 l’an passé. Évincées de la boîte par les Girondins de Bordeaux, les joueuses de Frédéric Mendy ont tout de même réalisé une bonne saison avec 9 victoires en 16 journées. Quatrième au classement final, ce club historique du football féminin français a achevé une dix-neuvième saison consécutive dans le top 5, une longévité au plus haut niveau qui mérite d’être soulignée. Pour la saison à venir, le MHSC visera donc un vingtième top 5 de suite, même si la liste des prétendantes au haut de tableau s’allonge d’année en année. Avec la concurrence nouvelle d’une équipe comme Fleury, qui a réalisé un excellent mercato, les joueuses de Frédéric Mendy ne pourront pas se permettre de laisser des points en route.
Véritable monument du football féminin français, le MHSC ne saurait cependant se contenter d’un top 5. La troisième place devenant potentiellement qualificative pour la Ligue des Champions cette année (ndlr: le troisième devra passer par deux tours préliminaires pour se qualifier pour la phase de poules), les Montpelliéraines auront à coeur de reprendre leur place sur le podium aux Bordelaises. Le club héraultais a déjà disputé la Ligue des Champions à 4 reprises mais leur dernière participation remonte à la saison 2017-2018. Candidat crédible à l’Europe, le MHSC devra néanmoins composer sans deux enfants de la Paillade, Sakina Karchaoui et Sandie Toletti, respectivement parties à Lyon et à Levante, en Espagne. La première étant titulaire quasiment indiscutable dans son couloir gauche depuis six saisons et la seconde une pièce maîtresse de l’entrejeu montpéllierain depuis la saison 2013-2014, leur départ va laisser un grand vide dans le groupe de Frédéric Mendy. Valérie Gauvin, buteuse à 51 reprises en D1 en six saisons dans l’Hérault, a également plié bagage direction Everton, en Angleterre. Face à ces départs, le staff montpelliérain a misé sur des joueuses étrangères avec la défenseure allemande Léonie Pankratz (Hoffenheim), la milieu slovaque Dominika Škorvánková (Bayern Munich) et les attaquantes néerlandaise Ashleigh Weerden (Twente) et finlandaise Adelina Engman (Chelsea). Il revient désormais à Frédéric Mendy de les intégrer au mieux dans le collectif pailladin pour que le MHSC puisse remonter sur le podium et retrouver la Women’s Champions League.
©Guillaume Charton
Paris FC : un club historique sous la menace
Comme lors de la saison 2018-2019, le Paris FC a terminé à la cinquième place de la D1 l’an passé. Un classement honorable pour une saison annoncée « de transition » par Sandrine Soubeyrand, la coach des Parisiennes. Alternant le bon et le moins bon tout au long de la saison, le collectif parisien est apparu très dépendant de sa capitaine et meneuse de jeu Gaëtane Thiney. S’il s’agit malgré tout du troisième top 5 depuis la fusion avec Juvisy, en mars 2017, ce résultat ne saurait satisfaire pleinement les supporters du club francilien. Solidement installé en haut de tableau, le Paris FC n’a jamais semblé en mesure de jouer le podium alors que la fusion était présentée comme un moyen de donner un second souffle au FCF Juvisy, champion de France à six reprises, qui ne se mêlait plus à la lutte pour le titre depuis la saison 2011-2012.
Prônant le double projet, le Paris FC voit, saison après saison, l’écart se réduire avec les autres équipes de D1 qui se professionnalisent. Par exemple, le FC Fleury 91, club voisin et rival du PFC dont la section féminine est 100% professionnelle, vise ouvertement une place dans le top 5 cette saison. Sous la menace d’une nouvelle concurrence, le Paris FC a réussi à conserver ses joueuses majeures durant le mercato. Mieux encore, Sandrine Soubeyrand a pu étoffer son groupe en faisant signer la milieu de terrain franco-américaine Daphne Corboz (Fleury) et la prometteuse défenseure Tess Laplacette (OM). Le Paris FC fait donc toujours figure de candidat au haut de tableau. Seul bémol, les coéquipières de Camille Catala devront se passer des services de Mathilde Bourdieu pour de longs mois, elle qui souffre d’une rupture du ligament croisé antérieur du genou gauche. L’attaquante s’est blessée lors de la rencontre amicale face à Reims (2-2), le 9 août dernier.
©Ines Roy-Lewanowicz
Paris SG : des rivales à détrôner
Dauphines des Lyonnaises pour la troisième saison consécutive, les Parisiennes ne sont pas parvenues à détrôner leurs rivales. Pourtant, à trois points de l’OL à l’arrêt de la D1 et avec une confrontation directe encore à disputer, le PSG n’a jamais semblé aussi proche de décrocher son premier titre de Champion de France. Au coude-à-coude avec les Fenottes, puis en tête du championnat à l’issue de la sixième journée et du match nul de Lyon à Dijon (0-0), les joueuses d’Olivier Echouafni ont finalement cédé au plus mauvais moment. Tenues en échec par Guingamp (1-1) lors de la huitième journée, les Parisiennes ont laissé l’OL revenir à leur hauteur à une semaine d’un choc qui s’annonçait décisif. Si lors de ce choc le PSG a fait mieux que résister, Saki Kumagai offrait la victoire aux siennes d’une tête sur corner. Alors reléguées à trois longueurs des Lyonnaises, les joueuses du club de la capitale laissaient de nouveau échapper de précieux points face à Montpellier (1-1) lors de la onzième journée. A la faveur du nul de Lyon à Bordeaux (0-0) à la reprise en janvier, le Paris SG croyait de nouveau en ses chances de décrocher le titre. Malheureusement pour les Parisiennes, la crise sanitaire les empêchait de jouer leurs chances jusqu’au bout et les Lyonnaises, globalement supérieures, étaient logiquement sacrées.
Revanchardes, les joueuses d’Olivier Echouafni espèrent enfin détrôner leurs rivales cette saison. Elles devront, pour y parvenir, faire preuve de régularité et impérativement battre Lyon lors des confrontations directes. En effet, face à l’OL, le PSG s’est incliné à chaque fois la saison dernière en quatre confrontations toutes compétitions confondues (Trophée des Championnes, Coupe de France, D1, Ligue des Champions). Certes, les défaites frustrantes aux tirs au but lors du Trophée des Championnes et en finale de Coupe de France ont montré que les Franciliennes avaient les moyens de battre les Rhodaniennes. À elles de le prouver cette saison en s’imposant en championnat. Olivier Echouafni disposera pour cela d’un atout offensif supplémentaire avec la Suissesse Ramona Bachmann (Chelsea FC). En défense, Ève Perisset, partie à Bordeaux, sera remplacée dans le couloir droit par Bénédicte Simon (Reims). Seule déception pour les supporters parisiens, le départ de la gardienne Katarzyna Kiedrzynek (VfL Wolfsburg), très appréciée des “ultras” mais lassée de l’alternance dans les buts avec Christiane Endler, et ceux des “titis parisiennes” Vicki Becho et Alice Sombath, qui ont rejoint le rival lyonnais.
Stade de Reims : place au jeu
Promu l’an passé, le Stade de Reims a séduit les observateurs en proposant du jeu à chaque rencontre, ce qui lui a permis de se maintenir avec une belle huitième place à la clé. Désireuses de s’installer durablement dans l’élite, les jeunes Rémoises ont joué avec insouciance et sans complexe, même face aux grosses écuries de D1. Cette année nul doute qu’Amandine Miquel misera encore sur la qualité de jeu pour décrocher un second maintien consécutif. Produire un contenu de qualité est d’ailleurs une priorité pour la technicienne : « L’objectif est d’essayer de jouer un maximum et d’éviter d’allonger. Avant de s’attacher aux résultats, ce qui compte c’est le contenu. Si le contenu est bon, les résultats couleront de source », avait ainsi déclaré Amandine Miquel à l’issue du match face à Dijon lors de la Women’s Cup du Grand Est. Alors que le Stade progresse saison après saison, la coach souhaite « faire aussi bien voir mieux » que la saison dernière.
Dans sa quête de maintien, Reims s’appuiera sur la plupart des joueuses présentes l’an dernier, malgré quelques départs de taille. En effet, en défense, la capitaine Giorgia Spinelli a choisi de rentrer chez elle en Italie, en signant à l’AC Milan, tandis que la latérale Bénedicte Simon a été séduite par le projet du Paris SG. En compensation de ces départs dans le secteur défensif, Reims a recruté Marie-Aurelle Awona (Dijon FCO) et Easther Mayi Kith (Montpellier HSC). Devant, les Stadistes ont fait signer la talentueuse Kessya Bussy (Orléans) et espéraient compter sur Naomi Feller, de retour d’un prêt à l’Olympique Lyonnais. Malheureusement pour elles, la jeune buteuse, qui n’a pas pu prendre part à la préparation, sera absente de longs mois pour cause d’une rupture du ligament croisé antérieur du genou gauche. En dépit de cette absence de longue durée, le Stade de Reims dispose d’un groupe de qualité qui devrait lui permettre d’atteindre ses objectifs. De plus, lors de la préparation estivale, plusieures U19 se sont intégrées avec brio dans l’effectif champenois et elles pourraient donc pallier à d’éventuelles défaillances dans le groupe professionnel.