La vente rapide de plus de 50% des billets de la Coupe du Monde le prouve, la popularité du football professionnel joué par des femmes est en plein essor. Frédérique Jossinet, directrice de la section féminine au sein de la Fédération Française de Football (FFF), se réjouissait d’ailleurs au micro de RTL que « les médias [aient] pris conscience de l’importance du football féminin ». Décryptage du phénomène sportif du moment.
Des audiences nationales en pleine croissance
Dimanche 18 novembre 2018, 487 000 téléspectateurs ont suivi la rencontre entre le PSG et l’OL féminins qui, pour la première fois de l’histoire , était diffusée en prime sur Canal+. Ce chiffre record souligne l’intérêt nouveaux des Français pour les rencontres féminines de football et l’allocation simultanée de moyens par à la diffusion de ces rencontres par les chaînes TV.
En France, la D1 féminine fait sa première apparition télévisée en 2011. A cette époque, les droits TV cédés par la FFF pour une saison atteignent difficilement 110 000€. Huit ans plus tard, Canal+ obtient les droits TV pour l’intégralité des matchs du championnat national féminin sur 5 saisons consécutives pour 6 millions d’euros, soit 1,2 million d’euros par saison. Une croissance d’environ 1100% qui n’est pas sans conséquences pour les joueuses, les clubs et les passionné.e.s du ballon rond.
Un championnat en quête de professionnalisation et d’homogénéisation
Alors que les maigres revenus issus des premiers droits TV étaient majoritairement dévolus au financement des déplacements des joueuses et de leurs cadres, les recettes TV et publicitaires actuelles permettent aux clubs d’investir davantage dans leur section féminine. Amélioration des infrastructures, de l’encadrement sportif et médical, augmentation des primes et des salaires, autant d’effets positifs pouvant être attribués en grande partie au nouveau rayonnement médiatique de la D1.
Un engouement populaire venant de l’international
Alors que les audiences de la D1 ont encore du mal à décoller, les rencontres des Bleues mobilisent un nombre toujours croissant de supporters. Lors du Mondial féminin, Canada 2015, le quart de final opposant les Françaises aux Allemandes a permis à la chaîne W9 d’atteindre son record d’audience historique de l’époque avec 4,2 millions de téléspectateurs. Le groupe M6 proposait pour l’occasion la diffusion de 23 à 28 matchs en clair sur W9 quand Eurosport diffusait l’intégralité de la compétition.
A l’échelle européenne, la Ligue des Champions féminine attire plusieurs millions de téléspectateurs également. A titre d’exemple, la finale Francfort-PSG de 2015 a été suivie par plus de 2 millions de personnes quand la finale Wolfsburg – OL 2016 était regardée par 1,35 million de téléspectateurs.
FIFAWWC 2019 : entre initiation grand public et expertise journalistique
Les groupes TF1 et Canal+ ont mis les petits plats dans les grands pour la Coupe du Monde 2019 ! Le premier a révélé début mai son dispositif spécial pour l’occasion. L’intégralité des matchs des Bleues ainsi que la finale seront diffusées sur TF1 tandis que six huitièmes de finale, les quarts, les demies ainsi que la petite finale seront diffusés sur TMC. A l’instar du Mondial masculin 2018, le duo Bixente Lizarazu et Grégoire Margotton sera aux commentaires, accompagné de l’ancienne internationale Camille Abily en bord-terrain. De même, chaque match sera suivi d’un magazine, Le Mag de la Coupe du Monde, et l’émission dominicale Téléfoot analysera l’intégralité de la compétition.
Quant à Canal+, la chaîne cryptée proposera également un dispositif inédit. En plus de la diffusion en UHD de l’intégralité des matchs de la compétition sur ses chaînes sportives, le groupe a imaginé une stratégie mobilisant l’ensemble de ses commentateurs, animateurs et consultants emblématiques. Les incontournables Hervé Mathoux et Pierre Menès, les anciennes joueuses Laure Boulleau et Jessica Houara, les célèbres voix de Stéphane Guy et David Berger, tous seront de la partie, et bien d’autres encore ! Laurent Jaoui, chef du projet FIFA 2019 chez Canal+, a également réorganisé la programmation de la chaîne: des émissions spéciales, des documentaires consacrés aux joueuses ainsi qu’un mode expert, déjà plébiscité dans d’autres disciplines, seront dédiés à la compétition.
Un investissement à deux vitesses persistant
Malgré une réelle volonté de la part des entreprises de télévision françaises de mettre en valeur cette coupe du monde de football « jouée à la maison », la valorisation de la compétition reste toujours en deçà de sa version masculine. Le groupe TF1, qui vient de rendre public ses offres publicitaires, évalue à 123 000 euros le spot de pub de 30 secondes dans le cas d’une finale jouée par les Bleues. À titre de comparaison, ce Golden Spot valait 364 000 euros en juillet dernier lors de la finale des joueurs de Didier Deschamps en Russie.
Du point du vue journalistique, il est également primordial que le football joué par des femmes fasse l’objet d’études et d’analyses approfondies afin d’éviter tout raccourcis et erreurs professionnelles. En effet, certaines chaînes gratuites continuent de promouvoir l’équipe de Corinne Diacre comme favorite de la compétition, omettant la menace directe des Américaines ou des Anglaises. De même, L’Équipe, journal sportif français de référence, a plusieurs semaines de retard dans l’actualisation des résultats des matchs de la D1.
Quoi qu’il en soit, il ne fautpas manquer le coup d’envoi du match d’ouverture opposant la France à la Chine, vendredi 7 juin à 21h, en direct sur TF1 et Canal+.