
©Juliette Bergé / Photos Sport 03
Quelques jours après la décision de la DNCG de réléguer administrativement le FF Yzeure en régional 1, le président du club auvergnat se confie sur cette situation et les solutions mises en place pour sa survie.
L’Equipière: Vous attendiez-vous à la décision de la DNCG concernant votre relégation administrative ?
Dominique Darnet: « Oui et non. On ne s’y attendait pas dans le sens où ce n’est pas ce qu’avait laissé penser la réunion que l’on a eu mercredi dernier. Mais effectivement nous avons une fragilité financière connue de tous depuis au moins quatre ou cinq ans. Je suis président depuis cinq ans, les choses s’améliorent considérablement mais ne sont pas au niveau requis par la DNCG. Nos comptes de cette année ont été plombés par une affaire contentieuse en cours, qui nous oblige à provisionner des sommes et perturbe les comptes. Ca vient encore plus fragiliser une situation qui s’améliorait mais pas encore au niveau où on voulait être »
L’Equipière: Que vous demande la DNCG à l’heure actuelle ?
D.D: « Elle nous demande de rétablir nos capitaux propres, ce que chaque club doit faire. La situation était très négative il y a quatre ans, ça ne nous a pas empêché d’avoir le feu vert de la DNCG pour évoluer en D2. Même si les capitaux propres sont pollués par cette procédure, on a une situation qui est bien meilleure qu’il y a quatre ans et on nous interdit d’évoluer en D3… C’est ce qui est difficile à comprendre. »
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L’Equipière: Combien vous réclame-t-elle exactement en termes financiers ?
D.D: « On a un contentieux de 50 000 euros au-dessus de nos têtes. Ce n’est pas une somme considérable quand on regarde les montants qu’il y a dans le football masculin. On manque de soutien financier pour évoluer à un certain niveau. On se bat, mais comme tous les clubs 100% féminin. »
L’Equipière: De quel contentieux s’agit-il ?
D.D: « C’est un contentieux qui est apparu en début de saison. Ce sont des licenciées, je ne peux même pas appeler ça des joueuses, puisqu’elles ne sont restées à peine que quelques semaines. Ce sont deux ex-licenciées qui nous reprochent de nous être mal comportés envers elles. C’est effroyable pour nous. La décision de justice sera rendue le 15 juin. On a un délai d’appel jusqu’au 14 juin donc on ne peut pas se permettre d’attendre le délibéré pour réagir. Il faut qu’avant le 14 on ait rassemblé des fonds. On a sollicité les collectivités locales comme on le fait depuis trois ans. Je vais frapper plusieurs fois par an pour demander plus d’accompagnement de leur part. Je ne réclame pas qu’il y ait autant d’argent dans le football féminin que dans le football masculin, mais plus d’équité. Ce serait dramatique qu’un club historique comme le FF Yzeure disparaisse du paysage français. Ce serait une catastrophe, pas seulement sur le plan local, mais surtout un très mauvais signal pour le football féminin français. »
L’Equipière: Comment planifiez-vous la saison prochaine dans ce contexte ?
D.D: « On avait prévu de maintenir l’ossature du groupe actuel, majoritairement issue de R1, qui a fait ses preuves notamment en fin de saison. Je pense que nous avons manqué de quelques mois pour se maintenir en D2. On a vraiment un ossature pour évoluer favorablement en D3. Maintenant avec cette situation administrative, il est vrai que ça va être compliqué, il va falloir que les filles nous fassent confiance. »
L’Equipière: Quel discours tenez-vous aux joueuses ?
D.D: « Faites-nous confiance. Elles savent exactement ce que l’on fait. Quand on signe au FF Yzeure, on sait que l’on n’a pas beaucoup de moyens qu’il va falloir se bagarrer, ce sont des combats permanents. C’est une épreuve de plus à traverser ensemble. »
L’Equipière: Qu’adviendra-t-il en cas de descente ?
D.D: « C’est avéré que dans l’hypothèse d’une descente en R1, ce sera la fin du club. Pour des joueuses d’un niveau D2 ou D3, jouer en R1 c’est toujours compliqué. Même financièrement, il n’y aurait pas les mêmes rentrées d’argent. Ce serait le coup de trop. Malheureusement ça ne dépend pas que de nous, on a activé les pouvoirs publics pour obtenir un soutien, on a monté un cagnotte sur Leetchi qui prend bien, les gens sont solidaires. Est-ce que ce sera suffisant pour sauver le club, je n’en sais rien. »