Bérangère Sapowicz, ancienne numéro 16 des Bleues, lors de la Coupe du monde 2011 – ©FFF
Ancienne gardienne des Bleues et du Paris Saint-Germain, Bérangère Sapowicz a vécu une carrière pleine avant d’y mettre un point final en 2013. Pour l’Équipière, elle se livre sur son parcours, son arrêt et surtout sur sa reconversion.
À l’été 2011, la France découvrait son équipe de France féminine de football, qui performait à l’occasion de la Coupe du monde en Allemagne. Dans les rangs de la sélection, Bérangère Sapowicz, gardienne de buts du Paris Saint-Germain, vécut une expérience inoubliable.
« Quand vous êtes dans un groupe, vous êtes avec vos amies. Quand vous devenez maman, c’est autre chose »
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« La Coupe du monde, même si elle n’a pas été très belle pour moi (ndlr, expulsée en phase de groupe contre l’Allemagne puis sortie sur blessure lors du match pour la troisième place), mais on a vécu une très belle aventure », se souvient l’ancienne Bleue.
Ces heures, Bérangère Sapowicz s’en souvient avec précision puisque c’étaient ses dernières sous le maillot Bleu. Après la compétition, son avenir en équipe de France s’est écrit au conditionnel, au gré des blessures. La Normande ne perdait pas espoir, mais en 2013, l’aventure prit définitivement fin, d’une heureuse manière, néanmoins. Enceinte de jumeaux, elle mettait un terme à sa carrière à l’âge de 30 ans.
Dix ans après son arrivée au Paris Saint-Germain et sa première sélection en équipe de France, Bérangère devait définitivement tourner cette page de sa vie. Une transition qui peut être difficile à encaisser : « Après la Coupe du monde 2011, on (les joueuses) avait plus de lumière et puis, du jour au lendemain, plus rien du tout. On perd aussi contact avec les joueuses. Quand vous êtes dans un groupe, vous êtes avec vos amies. Quand vous devenez maman, c’est autre chose. »
Dans un premier temps, elle a continué à occuper son précédent emploi. « Quand j’ai cassé mon contrat de joueuse, le Paris Saint-Germain m’a prise à temps-plein, comme convenu dans mon contrat ». De quoi occuper sa vie professionnelle dès le début de sa retraite sportive.
« Accéder au haut-niveau, c’est bien quand tout va bien. Mais quand tout va mal, on ne peut compter que sur soi »
Un travail de toujours
Sa reconversion, Bérangère Sapowicz l’a toujours préparée. « On n’imaginait même pas gagner des 5000-6000 euros en étant professionnelles. On était obligées de penser à la vie professionnelle hors football », justifie l’ancienne joueuse, qui n’a connu le statut professionnel que lors de ses deux dernières années de carrière.
Alors, elle préparait assidûment son avenir tout au long de son parcours : « J’ai toujours été étudiante ou salariée en parallèle. J’ai fait un DEUG, une licence STAPS puis un master en événementiel. En 2010, j’ai finalement intégré l’équipe administrative du PSG. »
Une précaution qu’elle recommande d’ailleurs aux plus jeunes, dont les opportunités sont bien plus vastes et rémunératrices aujourd’hui. « Accéder au haut-niveau, c’est bien quand tout va bien. Mais quand tout va mal, on ne peut compter que sur soi. Ça peut être dur psychologiquement. On peut très vite se retrouver en galère sur une blessure, ou sur un mauvais contrat signé dans un club, où on est mise à l’écart. On peut vite perdre des joueuses mais des personnes aussi » avertit-elle.
Une préparation dans laquelle les joueuses sont accompagnées. « À la fédération, il y a une personne chargée du suivi socio-professionnel et de la scolarité, qui bénéficie notamment aux joueuses en pôle. Il y a des possibilités de formation par correspondance ou d’étalement d’une scolarité. Par exemple, la formation de kiné peut se faire en cinq ans au lieu de trois. Mais avec le rythme qu’impose la professionnalisation, c’est compliqué » déplore-t-elle.
« C’est essentiellement un monde d’hommes et malgré les diplômes et l’expérience en tant que joueuse et entraineure, ça ne suffit pas »
L’ADN du football
En 2015, elle quitte la région parisienne en 2015 pour le Languedoc pour des raisons familiales. Une étape importante dans son parcours professionnel, puisqu’elle quittait alors son poste au PSG.
« Je n’étais pas orientée dans un domaine en particulier pour mon nouvel emploi. Entre-temps, j’ai passé mon brevet d’entraîneur de football avec la Ligue de football d’Occitanie, tout en étant au MHSC avec la préformation des garçons. À partir de là, j’ai commencé une formation spécifique pour les entraîneurs de gardiens. Pendant cette formation, j’ai eu l’idée de créer une société pour les gardiens de but, parce qu’il n’y avait absolument rien dans ce domaine » entame-t-elle.
En 2016, sa société Sapowicz Events Sports voyait le jour. À la carte : coaching sportif, entraînements spécifiques pour les gardiens, recherche de sponsors, mais aussi de l’événementiel pour attirer une clientèle plus large. « C’est compliqué de vivre du football quand on est une femme. C’est essentiellement un monde d’hommes et malgré les diplômes, et l’expérience en tant que joueuse et entraîneure, ça ne suffit pas pour déboucher sur un emploi stable. Donc on est obligées d’aller à droite, à gauche » précise l’ancienne joueuse.
Et parce que le football reste ancré en elle, la native de Verneuil-sur-Avre dans l’Eure est aujourd’hui trésorière de l’association française des entraîneurs professionnels de gardiens de buts (AEGB). Un moyen de continuer à vivre sa passion, autrement.