Margot Dumont, journaliste à Bien sports depuis 2012 – ©BeIN Sports
Depuis maintenant dix ans, Margot Dumont vit son rêve de jeune fille : être journaliste vedette chez l’un des plus gros diffuseurs de sport, Bein sports. Des terrains aux rédactions, en passant par les plateaux télé, rencontre avec la Lyonnaise.
Après avoir passé de nombreuses années en bord terrain pour les matches de Ligue 1, Margot Dumont est aujourd’hui en charge de la Ligue des Champions et de la Ligue 2. À côté de son métier de journaliste, elle a aussi joué au football au plus haut niveau, en D1 Arkema avec le GPSO 92.
« À trois ans j’étais déjà attirée par le ballon, j’avais tout le temps envie de jouer au foot»
Football et journalisme, entre les deux mon coeur balance
Depuis son plus jeune âge, Margot Dumont entretient sa passion pour le football : « À trois ans j’étais déjà attirée par le ballon, j’avais tout le temps envie de jouer au foot. Ce sont mes cousins qui m’ont emmenée pour la première fois à Gerland. Et malgré leurs dix ans de plus que moi, je jouais avec eux, ils étaient bienveillants et m‘ont prise sous leur aile. Rapidement, ils ont vu que je jouais bien au foot et m’ont prise au sérieux. »
Si le virus ballon rond l’a contaminée très jeune, le métier de journaliste aussi: « Être journaliste a toujours été une volonté de ma part. À 14 ans j’ai créé un site internet Espace OL, j’y postais mes comptes-rendus, mes interviews. J’ai ensuite été démarchée à Lyon pour faire des flashs info sur l’OL. J’ai toujours voulu être au cœur de l’événement, recueillir des informations, être au courant de ce qui se passe. Le football et ma passion pour l’information me caractérisent depuis toujours». Grâce à cette expérience, elle se crée petit à petit son propre réseau, ses contacts : «Je distribuais ma carte aux entraîneurs et aux joueurs. On me connaissait ».
En 2008, elle intègre l’Institut Supérieur des Médias (ISCPA) avec pour ambition d’en faire son métier. A force de persévérance, elle parvient, à 22 ans, à vivre ses deux rêves: être sur et aux bords des terrains. « En 2012, j’ai commencé à travailler à Bein et j’ai aussi été sélectionnée en D1 avec le GPSO. Pendant six mois, j’ai eu une double casquette : j’étais à l’entraînement tous les soirs, en déplacement le week-end et devais, en plus de ça, assumer mon métier de journaliste. » Pour le jeune femme, impossible de conjuguer à long terme le football de haut niveau et un poste de journaliste à Bein sports, l’un des plus gros diffuseurs du monde du football.
« Le foot et ma passion pour l’information me caractérisent depuis toujours. »
Un choix de carrière
Cette combinaison entre vie professionnelle et sportive a donné lieu à une saison éprouvante et difficile, tant sur le plan mental que physique. « Après un déplacement avec le GPSO, on était rentrées à 3h du matin et le lendemain matin je devais enchaîner à Bein. Avec ce rythme de vie, tu ne te reposes jamais. Cela se ressent ensuite sur tes performances sportives mais aussi au niveau de ton travail car tu as moins d’énergie à y consacrer. »
Après une année passée à jongler entre les entraînements, les matches et les journées de travail, Margot Dumont a dû faire un choix. Le coeur de la Lyonnaise n’a pas eu le temps de trop balancer : « Soit je mets entre parenthèse Bein alors que je viens de signer un CDI, le graal pour tout journaliste, dans une chaîne qui a tous les droits… Avec tout ce que j’ai sacrifié pour ce métier, c’est terrible. En restant à Bein Sports, j’étais sûre d’avoir un revenu à la fin du mois et d’avoir un métier sur le long terme.»
Même si elle a aujourd’hui raccroché les crampons, la jeune maman de 31 ans reconnait l’importance de son parcours au plus haut niveau national dans son nouveau métier. « Le fait d’avoir été joueuse m’a apporté un énorme plus. Si je n’avais pas eu ça, je ne suis pas sûre que ma carrière aurait décollé comme ça. C’est un plus au niveau des connaissances, ça me permet par exemple de tenir une conversation pendant 30 min avec un entraîneur, sur des principes de jeu, un poste en particulier. Dans mon métier, quand je suis au bord du terrain, dans l’analyse, je me sens avantagée. Avoir cette expérience de footballeuse m’aide aussi à me crédibiliser auprès du public, de mes collègues, dans mon milieu ».
« Avoir cette expérience de footballeuse m’aide aussi à me crédibiliser auprès du public, de mes collègues, dans mon milieu. »
Bein sports : des souvenirs et des ambitions
Son plus beau souvenir avec Bein ? Difficile de n’en sélectionner qu’un tant les expériences sont riches et nombreuses. Mais impossible pour cette rhodanienne d’origine de ne pas évoquer sa première avec l’OL : « C’était très fort en émotions, la Lyonnaise qui allait dans les gradins quand elle était petite et voyait les journalistes est, en fait, aujourd’hui à leur place ! » Un souvenir fort en émotions et symbolique. Pourtant, d’autres événements importants ont jalonné son parcours de journaliste : « L’Euro 2016 en France était un cap, un levier dans ma carrière. Une reconnaissance de sentir la confiance du diffuseur pour m’envoyer dans tous les stades. La Coupe du Monde 2018 a aussi été une expérience incroyable. Dernièrement, j’ai couvert mes premiers matches de Ligue des Champions, c’était aussi un moment très fort, extraordinaire ».
Lorsqu’on la questionne sur ses ambitions, la Lyonnaise se voit déjà à la prochaine Coupe du Monde au Qatar ou même plus loin, à la Coupe du Monde au Mexique et aux États Unis. Couvrir la prochaine Coupe du Monde féminine en Australie fait également partie de ses ambitions. Si le football est naturellement son sujet de prédilection, Margot Dumont ne ferme pas la porte à d’autres types de programmes. « À long terme, je ne suis pas contre me diversifier. Pourquoi ne pas faire des émissions comme 66 minutes ou 50 minutes Inside ? Pourquoi ne pas être un jour dans le divertissement ? »
Margot Dumont à l’Euro 2016 – ©footdelles
« C’est important pour nous de prendre position pour faire bouger les choses, pour qu’il y ait plus d’égalité homme/femme dans les rédactions et que l’on nous respecte.»
Journaliste et engagée
Margot Dumont fait partie de ces femmes journalistes qui ont osé briser le silence du sexisme dans le milieu du journalisme sportif. En prenant la parole dans le documentaire de Marie Portolano (ndlr, « Je ne suis pas une salope, je suis une journaliste »), Margot se bat pour aider ces femmes victimes, elles aussi, de sexisme dans leur milieu professionnel.
« Pour nous c’était important de prendre la parole car il y avait trop de non dits. Il fallait aussi raconter que l’on a beau être catégorisée comme forte à l’écran, on a aussi eu des moments de doutes, de faiblesse. On voulait expliquer à toutes ces femmes qu’à plusieurs on est plus fortes. On a créé une association avec plus de 170 adhérentes, on organise des actions, dans les écoles, de la sensibilisation. C’est important pour nous de prendre position pour faire bouger les choses, pour qu’il y ait plus d’égalité homme/femme dans les rédactions et que l’on nous respecte. J’ai vu un changement, beaucoup de têtes sont tombées, il y a eu des enquêtes en interne. Aujourd’hui, j’ai appris à répondre aux remarques sexistes que je peux entendre, je suis devenue plus forte », confesse-t-elle.