
Le Brésil est à son tour frappé par la pandémie du COVID-19. Le chef d’Etat Jair Bolsonaro préconise la fin du confinement pour sauver l’économie. L’ancienne défenseure du Paris Saint-Germain, Érika Cristiano aujourd’hui aux Corinthians, évoque la situation dans l’État de Sao Paulo où elle réside.
Depuis le début de la crise sanitaire, le Président Bolsonaro se positionne en fervent opposant des mesures de confinement prises par de nombreux États au Brésil et un peu partout dans le monde. Il n’a pas hésité à affirmer haut et fort que le coronavirus fait plus de mal à l’économie qu’à la santé de son pays. Il a demandé à ses gouverneurs de rompre avec l’isolement. Jair Bolsonaro est donc bien loin de la philosophie du “quoi qu’il en coûte” d’Emmanuel Macron, inspiré du “Whatever it takes” de l’ancien patron de la Banque Centrale Européenne, Mario Draghi. Mais Joao Doria, gouverneur de l’État de Sao Paulo, a expliqué que lui et ses homologues souhaitaient maintenir les mesures de confinement contre l’avis du président fédéral. Enjeux sanitaires et économiques, confinement à Sao Paulo, le football mis sur pause, l’internationale brésilienne n’a évité aucun sujet et s’est livrée en exclusivité pour l’Équipière.
« Érika, où en est le Brésil en matière de confinement?
Le Brésil a vu les autres pays comme la Chine et l’Italie souffrir de l’augmentation rapide des cas de COVID-19 avant même que cas se développent ici. Je pense qu’en dépit du scénario complètement atypique dans lequel on se trouve, les mesures de confinement ont été prises rapidement par les États, en respectant l’avis des scientifiques, pour lutter contre la maladie.
Avez-vous l’impression que ces mesures sont respectées?
Au début, la population n’a pas pris au sérieux la situation par manque de renseignements, mais après, avec la réception des informations, ils ont commencé à respecter les mesures.
“Les gens ont peur, mais ici, ils font particulièrement attention”
On rappelle qu’au Brésil, les règles peuvent être différentes dans chaque État, puisque ce sont les gouverneurs qui mettent en place les politiques contre la propagation du virus. Quelle est la situation à Sao Paulo?
Comme partout dans le monde, les gens ont peur, mais ici, les gens font particulièrement attention. Les rues sont vides, les indices de trafic sont proches de zéro, les transports publics ont vu leurs fréquentations divisées par deux par rapport au nombre d’usagers habituels. Lundi, il y a eu un décret du gouvernement de l’Etat (ndlr : Joao Dario) pour ouvrir uniquement les services essentiels à la population comme les hôpitaux, les pharmacies, les supermarchés, il n’y a plus de commerces ouverts et les gens restent chez eux.
Que penses-tu des récentes déclarations du Président Bolsonaro, qui demande aux gouverneurs de privilégier l’économie à la santé?
Évidemment que les questions économiques sont fondamentales et une société se doit de protéger dans la mesure du possible la vie économique, mais la vie d’un être humain n’a pas de valeur économique, donc je ne suis pas d’accord avec ce qu’a dit le Président Bolsonaro. Une vie humaine n’est pas estimable. Concernant les questions économiques c’est à chaque gouverneur de prendre les mesures pour que le confinement n’affecte pas trop la vie du pays.

Comment gérer le cas des nombreux travailleurs autonomes et précaires ? Ils ne reçoivent pas le chômage partiel…
Les petits travailleurs autonomes et les entrepreneurs informels sont dans des situations très préoccupantes, ils n’ont pas un grand salaire et dépendent de la consommation de chacun pour survivre. Mais si on continuait à les exposer et qu’on les laissait avoir une vie normale, ils courraient des risques encore plus grands. C’est pour ça que les gouvernements en collaboration avec les grandes entreprises travaillent sur des mesures pour protéger ceux qui n’ont pas autant de capital, de trésorerie, de liquidités. Il faut que ces petites entreprises survivent à la phase de confinement. Mais il faut les protéger de cette maladie dangereuse qui n’est pas encore complètement connue.
Et le football brésilien, il est complètement à l’arrêt?
Tous les matchs et entraînements des équipes brésiliennes sont paralysés, il n’y a pas encore eu de prévision de date de retour. Avec le Corinthians, nous avons reçu un programme d’entraînement à la maison pour rester en forme, il y a aussi un suivi nutritionnel et médical.
“Les Corinthians est l’équipe qui offre la meilleure structure et les meilleurs conditions au Brésil”
Ça doit forcément être difficile de ne plus pouvoir pratiquer sa passion, mais tu te sens bien aux Corinthians? Bien sûr que ça me manque de ne pas m’entraîner avec mes coéquipières. J’ai forcément envie de retrouver le terrain, mais cette phase là est nécessaire pour protéger toute la société. Je me sens très heureuse et épanouie chez les Corinthians. C’est l’équipe qui offre la meilleure structure et les meilleures conditions au Brésil avec des professionnels très qualifiés !
Tu as joué trois saisons au PSG (entre 2015 et 2018), as-tu encore des contacts avec les joueuses?
Oui j’ai toujours un contact avec certaines filles du PSG, notamment Laure Boulleau , Laura Georges, Aminata Diallo, Ouleymata Sarr, Christiane Endler. Je connais aussi Luana (ndlr : qui est arrivée en janvier 2020)… Je suis très heureuse qu’on soit toujours aussi proches, c’est des amitiés que je vais garder pour toute la vie !
A 30 ans, qu’est ce qu’on peut te souhaiter pour la suite de ta carrière?
Je ne sais pas encore, J’ai quelques projets en tête mais j’attendrai le meilleur moment pour en parler ! »
