Cette saison le Montpellier HSC fait face à la concurrence nouvelle de Bordeaux pour la troisième place en D1. Son directeur sportif, Jean Louis Saez, a accepté de revenir pour l’Équipière sur la première partie de saison et d’évoquer le projet montpelliérain pour les années à venir.
Le week-end dernier, Montpellier a été éliminé de la Coupe de France par Bordeaux ( ndlr : aux tirs au but ), un concurrent direct en championnat. Comment l’équipe a vécu cette défaite et quel en est votre ressenti personnel ?
Je crois que le groupe est abattu. Se faire éliminer aux tirs aux buts, c’est toujours la roulette russe. Surtout parce que l’on menait 3 à 1, et qu’on était plus proche du quatrième but. C’est vrai, qu’en fin de match, à 3-2 nous avons tremblé, ce qui a permis à Bordeaux de revenir. Sur la physionomie du match, les téléspectateurs et les spectateurs, ont assisté à une belle partie, avec six buts. Je pense que Montpellier a été supérieur à Bordeaux et que l’on peut regretter le manque d’occasions pour tuer le match à 3-1. Bordeaux a eu la force d’y croire, bravo à eux, mais en même temps je crois qu’il y a beaucoup de choses positives à en tirer pour nous, même si l’important était de se qualifier.
Marion Torrent déplorait les buts refusés à Montpellier. Pensez-vous que cette défaite va
galvaniser les joueuses dans la lutte pour la 3 ème place en championnat ?
Ce sont toujours deux compétitions différentes. Il y avait de la frustration liée à notre maîtrise de la partie. Fred ( ndlr: Frédéric Mendy, l’entraîneur du MHSC) avait bien préparé le match et notre équipe a réalisé une bonne entame de match malgré l’ouverture du score rapide de Bordeaux. On a ensuite réussi à prendre le dessus. La frustration venait sûrement de quelques faits de jeu, sans lesquels on aurait peut-être plié le match plus rapidement, mais c’est comme ça. La place en championnat, c’est différent. Il reste 7 matches, ils ont un peu d’avance et nous les recevrons bientôt. En réalisant la même prestation, avec un peu plus d’efficacité, c’est un match qu’on doit gagner et prendre les 3 points. On ne se focalise pas uniquement sur Bordeaux.
« Le challenge est de faire déplacer les gens pour voir un match de football féminin »
En 2021, il y aura une réforme de la LDC avec l’introduction d’une phase de groupe. La 3ème place du championnat pourrait être qualificative. Comment votre projet va s’articuler pour pérenniser cette 3eme place ?
Si on assiste à des matchs de ce niveau tous les week-ends, ça va élever le niveau du championnat, et on arrivera à ramener du monde dans les stades. Le challenge est surtout là, de faire déplacer des gens pour voir un match de football féminin. Il y a un resserrement d’années en années. L’an dernier on a été accrochés, Paris deux années auparavant, cette année c’est Lyon, tout est chamboulé. Nous avons envie de continuer à avancer pour être dans le haut du championnat. Il sera d’autant plus ouvert quand toutes les équipes pourront accrocher n’importe quelle formation. Quand Lyon se fait accrocher une ou deux fois dans l’année, ce n’est pas suffisant pour faire évoluer le championnat. Il y a quand même des signes d’évolution, beaucoup de clubs ont des joueuses qui s’entraînent dur tous les jours. Le niveau de la D2 augmente aussi. Ça va être de plus en plus difficile pour tous les clubs. Nous allons continuer à faire progresser le club, pour rester dans le haut du classement. Il faudra un mouvement d’ensemble pour qu’il y ait plus d’attrait dans ce championnat car Lyon survole trop le championnat, depuis trop longtemps.
« Quand vous avez les clubs numéro un et trois en Europe, se glisser entre les deux est un exploit que l’on ne peut pas réaliser chaque année »
Dans cette perspective, comment votre travail de directeur sportif s’organise. Est-ce que vous avez un œil sur les championnats continentaux et hors d’Europe ?
L’ouverture de cette 3ème place nous permettrait de regoûter à une compétition que l’on a déjà disputée il y a trois ans. Quand vous avez les clubs numéro un et trois en Europe ( ndlr: l’OL et le PSG ), se glisser entre les deux est un exploit que l’on ne peut pas réaliser chaque année. Ça nous offrirait une opportunité, comme pour Bordeaux, le Paris FC, Guingamp, Dijon ou d’autres clubs qui travaillent bien. Mon rôle consiste d’abord à développer la formation. En augmentant nos exigences, on permettra à des joueuses de notre centre de formation d’intégrer notre équipe première à moyen et long-terme. À court terme, on travaille comme on l’a toujours fait, en suivant les différents championnats pour apporter des renforts à l’équipe première, mais notre force est que 50% de notre effectif sort de notre formation, nous souhaitons rester dans cette logique. Les places sont limitées donc il faut qu’elles soient armées pour se faire une place.
Sur votre poste, comment avez-vous vécu la transition entraîneur – directeur sportif (DS) ? Et
comment avez-vous géré votre premier mercato ?
La vision d’un coach est à court terme, faire gagner son équipe le week-end. Celle d’un directeur sportif est plus globale. Je m’astreins à m’entretenir avec tous les coachs et éducateurs du club dans la planification des séances, la détection. On prépare l’avenir du club, et on a bien entendu un œil sur les autres équipes et les autres championnats.
« Ça fait partie du projet, de prendre des joueuses qui vont rapidement s’acclimater au championnat »
Au niveau de la formation, on voit que Montpellier se positionne également dans un créneau de
post-formation avec des joueuses jeunes et expérimentées comme Maëlle Lakrar ou Elisa de Almeida. Est-ce un nouveau challenge pour Montpellier, de recruter des joueuses qui sont à un
tournant dans leur carrière ?
Ça fait partie du projet, de prendre des joueuses qui vont rapidement s’acclimater au championnat. Quand elles connaissent les pôles ou la D1, elles connaissent les exigences du haut niveau. Nous sommes également là pour les accompagner. Faire deux ans de pôle pour ensuite retomber dans un club sans structure adaptée, avec deux entraînements par semaine, ça ne sert à rien. Le but est d’accompagner les joueuses avec un beau potentiel, dans un club avec plus d’ambitions.