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« Joue-la comme Megan » : la parole des femmes se libère dans le sport

Par 24/06/2021 10:00 No Comments
© Marabout
Dans son livre paru le 9 juin (18,90€ chez Marabout), Assia Hamdi analyse au travers de près de 70 témoignages comment le mouvement #MeToo a libéré la parole des femmes dans le sport.

Dans la préface signée Clarisse Agbegnenou, la judokate multiple championne du monde et d’Europe explique qu’elle utilise son statut de sportive d’élite pour aborder des sujets de société. Qu’il s’agisse de l’égalité femmes-hommes, des violences sexuelles ou, plus globalement, de la place de la femme dans le sport, elle espère ainsi faire évoluer les choses. Elle évoque également l’évolution de son sport. Si elle précise que, bien que le judo soit peut-être un univers moins sexiste que d’autres, des progrès y ont tout de même été faits dans plusieurs domaines (égalité salariale, possibilité de concourir aux Jeux Olympiques, etc). Enfin, elle envisage aussi l’avenir avec une reconversion en tant que coach de vie ainsi qu’une possible grossesse entre les JO 2020 et 2024.

Se faire une place dans des sports dits “masculins”

Qu’il s’agisse de voile, de Formule 1 ou encore de football, ces disciplines sont encore trop souvent qualifiées de “sports de mecs”. Les femmes sont pourtant nombreuses à avoir prouvé qu’elles étaient tout autant capables que les hommes de les pratiquer. En voile, Florence Arthaud ou Ellen MacArthur ont, par exemple, remporté l’exigeante Route du Rhum en 1990 et 2002 respectivement. En Formule 1, Lella Lombardi a non seulement pris part à des Grands Prix mais a également été assez bien classée lors de l’un d’eux pour marquer des points au classement (0.5 en 1976). Enfin, les exemples de réussite dans le football ne manquent pas, à l’instar de Marta, Christine Sinclair ou encore Megan Rapinoe.

Si l’aspect physique n’est pas négligeable dans la majorité des sports, il ne faut pas en oublier l’aspect mental dans lequel les hommes et les femmes sont, a priori, à égalité. Le médecin Riccardo Ceccarelli a d’ailleurs mené une étude dans ce sens, dans le cadre de la Formule 1. Et elle montre qu’un pilote passe seulement 30% de son temps sur de l’entraînement physique mais 70% sur la préparation mentale.

Le livre ne fait pas l’impasse sur l’égalité salariale

Il est impossible, en 2021, de parler d’égalité salariale dans le sport sans mentionner le combat mené par Megan Rapinoe et ses coéquipières de la sélection américaine. Si elles n’ont pas (encore) obtenu gain de cause, d’autres sélections sont parvenues à des accords avec leur Fédération comme le Brésil ou l’Angleterre, notamment. D’autres disciplines sportives sont en avance dans ce domaine, comme le tennis par exemple. Dans les quatre tournois majeurs (dits Grands Chelems) de la saison, hommes et femmes remportent le même prize money. C’est aussi le cas dans certaines compétitions de moindre envergure mais pas dans toutes.

Le combat des footballeuses américaines peut paraître incroyable quand on connaît l’histoire de ce sport aux États-Unis. C’est une discipline pratiquée majoritairement par les filles depuis 1973 et le fameux Title IX qui interdit toute discrimination sur la base du sexe dans les programmes d’éducation soutenus par l’État. Selon la FIFA d’ailleurs, 30% de la totalité des footballeuses licenciées dans le monde sont Américaines ! Et l’équipe nationale féminine obtient de bien meilleurs résultats que son équivalent masculin tout en drainant d’immenses foules derrière elles. Le problème se situe à un niveau plus global cependant : la manne financière circulant dans le football masculin est bien supérieure à celle injectée dans le football féminin.

Le thème de la maternité est aussi abordé

La maternité est peut-être, avec les menstruations, le thème le plus tabou dans le sport. Il n’y a pas si longtemps encore, jusque dans les années 1990, une grossesse annonçait une fin de carrière. Plus aucun encadrement, plus aucun soutien financier, comme une punition en quelque sorte comme l’évoque Maryse Éwanjé-Épée évoluant alors dans l’élite du saut en hauteur féminin. Sur la fin de sa grossesse, elle doit même tenir un petit emploi pour garder la tête hors de l’eau. Ceci dit, les mentalités et la société évoluent et dans certains sports, les athlètes conservent désormais leurs revenus et sont assurées de pouvoir réintégrer leurs structures après leur accouchement. L’année dernière, la WNBA (Women’s National Basketball Association aux États-Unis) a officialisé le maintien à 100% du salaire des joueuses pendant leur grossesse et la FIFA – également en 2020 – a imposé à tous ses pays membres un congé maternité de quatorze semaines au minimum. Les licenciements sont également interdits durant cette période.

Côté sportif, être athlète et mère n’est pas chose aisée quand on connaît l’impact d’une grossesse sur l’organisme. Heureusement, il existe plusieurs exemples récents de retours gagnants après un accouchement. Les championnes de tennis que sont Kim Clijsters et Serena Williams forcent le respect pour ce qu’elles ont réussi à accomplir sur les courts après être devenues mères. La Belge a gagné trois de ses quatre titres du Grand Chelem (les tournois les plus prestigieux dans le monde de la petite balle jaune) après la naissance de sa fille, dont l’US Open seulement 18 mois plus tard. Le retour de l’Américaine est plus laborieux même si elle a remporté l’Open d’Australie alors qu’elle était déjà enceinte de deux mois. Elle a avoué avoir connu une grossesse difficile et des complications lors de l’accouchement, ce qui explique probablement les difficultés rencontrées à revenir au plus haut niveau.

Un mot sur l’auteure

Assia Hamdi est une journaliste indépendante en presse écrite spécialisée en sport. Cela fait plus d’une décennie qu’elle observe l’évolution de la place des femmes dans le sport. Ses actualités se retrouvent sur son site et vous pouvez vous abonner à son compte Twitter. Enfin, outre les sports mentionnés plus haut, Joue-la comme Megan parle aussi d’alpinisme, de sumo, de saut à ski, de tennis, de course à pied, de boxe et tant d’autres. Il évoque notamment les projets (tribunes, associations, etc) qui soutiennent les femmes dans la pratique de leur passion, quelle qu’elle soit. Et au vu de leur nombre grandissant, le sport au féminin a de beaux jours devant lui.

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