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Le mois de novembre 2012 était marqué par le sacre lyonnais dans ce tournoi inventé par la Fédération japonaise. Une victoire acquise au terme d’un match d’anthologie. Patrice Lair, Corine Petit et Paul Piemontese racontent ce moment d’histoire.
Saitama, dans la région du Kantō au Japon. C’est dans cette ville qu’en 2012, la troupe de Patrice Lair a remporté la première édition de la Mobcast Cup, une Coupe internationale regroupant les meilleures écuries au monde. Cet automne-là, les Fenottes sont venues conquérir le monde et ramener ce trophée dans le Rhône, acquis face au gratin du football féminin mondial. « Ce n’était pas une Coupe du Monde des clubs officielle, malheureusement. C’était organisé par la Fédération japonaise » raconte Paul Piemontese, l’ancien Président de la section féminine lyonnaise. Pendant une semaine, quatre équipes se sont affrontées dans un tournoi à élimination directe. Les deux escouades japonaises, le NTV Beleza et l’INAC Kobe, ainsi que le club australien de Canberra United accompagnaient l’OL, alors vainqueur sortant de la Ligue des Champions. Paul Piemontese poursuit : « il y a eu quatre matchs magnifiques, sur de superbes stades au Japon. Le succès était énorme mais la Fédération Internationale n’a pas voulu poursuivre cet événement » regrette l’actuel Président d’honneur des féminines de l’OL.
Nation historique du football féminin, l’équipe nationale japonaise venait de grimper sur le toit du monde, lors du Mondial 2011 en Allemagne. Les Nadeshiko Japan comptaient dans leurs rangs de multiples stars mondiales, parmi lesquelles Yukari Kinga (Kobe), Nahomi Kawasumi, (Kobe), Azusa Iwashimizu (NTV Beleza) ou encore la légende Shinobu Ohno (Kobe). « Kobe était une équipe composée à trois quart d’internationales japonaises championnes du monde, c’était du haut niveau » s’exclame Patrice Lair, rejoint immédiatement par son ancienne défenseure Corine Petit. « Le Japon avait cette force-là d’être une grande nation, on savait qu’il y allait avoir du niveau. C’était au moment où on commençait à bien gagner avec l’OL mais là on s’est retrouvées dans un tournoi très difficile » confie l’ex-internationale française.
Niveau relevé, l’OL challengé
Après une victoire inaugurale (5-2) en demi-finale contre le NTV Beleza , les coéquipières de Sonia Bompastor ont dû batailler pendant 120 minutes pour se défaire de l’INAC Kobe en finale et soulever ce trophée si prestigieux.

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Peu habituées à tant d’adversité, les Lyonnaises ont beaucoup souffert dans le premier acte. « Le ballotage était défavorable en première mi-temps, on était menés 1-0 et elles avaient eu l’occasion de mettre le deuxième but ». se souvient Patrice Lair. Auteure de l’égalisation, Corine Petit, ne s’imaginait pas souffrir autant. « On ne pensait pas qu’elles allaient nous faire tourner et courir autant. On avait rarement vu une équipe jouer aussi bien en face, c’était du vrai beau football » avoue l’ancienne défenseure aux 89 capes en Bleue.
Avec un nouveau schéma de jeu, les Fenottes sont revenues des vestiaires avec de nouvelles intentions. « À la mi-temps, j’ai dit aux filles de mettre un pressing très haut pour les empêcher de ressortir le ballon, parce que c’était une équipe avec la possession, techniquement très forte ! On jouait pratiquement à deux derrière avec Laura Agard et Wendie Renard. On était en 2-4-4 » raconte tout sourire Patrice Lair. Des choix qui se sont avérés payants. À dix minutes de la fin du temps réglementaire, Corine Petit, venue renforcer le secteur offensif, faisait enfin trembler les filets. Un but égalisateur qui conduisait les deux équipes en prolongations. La délivrance arrivait finalement à la 103e minute sur un coup de pied de réparation transformé par Sonia Bompastor avec un poteau rentrant à la clé. « On est vraiment allé chercher cette victoire ! Le suspens lui donne d’ailleurs une saveur particulière, ça la rend presque plus belle » savoure Corine Petit.
« C’était un moment fort, certainement l’un des plus forts de ma carrière » – Patrice Lair
Au delà de la victoire, l’accueil reçu et la découverte du Japon a laissé un souvenir indélébile aux joueuses et au staff. Si « c’était une semaine sérieuse au niveau des entraînements », la délégation lyonnaise a trouvé du temps pour un peu de tourisme. « On avait visité des temples, des quartiers de Tokyo, on avait vu un entraînement d’un club masculin japonais. » se remémore le technicien passé par Montpellier, le PSG ainsi que les sections masculines de Niort et Guingamp. Alors qu’il a pourtant connu maintes compétitions dans sa carrière, ce séjour au Japon l’a particulièrement marqué « J’en garde un souvenir inoubliable, il y avait des supporters japonais qui venaient nous voir tous les jours à l’hôtel. Le personnel nous applaudissait. Le soir où on a gagné, on a eu un accueil formidable ! J’ai même vu des japonais pleurer quand on est reparti le soir à l’aéroport. C’est un moment fort que j’ai connu, certainement l’un des plus forts de ma carrière » raconte-t-il avec un brin d’émotion.

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Les joueuses sont revenues de ce séjour japonais fortes d’un premier titre mondial pour l’OL et d’une multitude de souvenirs et d’anecdotes ayant renforcés les liens du groupe. «Les chambres étaient vraiment toutes petites. Je partageais la mienne avec Wendie [Renard] et c’était marrant de devoir se partager ce tout petit espace toutes les deux. Ce ne sont que des bons souvenirs » se rappelle non sans amusement Corine Petit.
Elodie Thomis, Lara Dickenmann, Lotta Schelin, Wendie Renard et tant d’autres ont permis à l’OL de gravir ce sommet mondial. Ce groupe a particulièrement marqué les esprits de Patrice Lair. « En 2012, c’est la meilleure équipe que j’aie eu. Lors d’un stage, on avait joué une équipe masculine de CFA 2 et on avait fait match nul ! Tactiquement et physiquement c’était très costaud » affirme le technicien de 58 ans. « C’est même peut-être un souvenir supérieur aux deux Ligues des champions gagnées ! On a battu la meilleure équipe dans un pays champion du monde » s’enchante-il. Paul Piemontese non plus, ne manque pas de tarir d’éloges le groupe mené par Sonia Bompastor. « C’était une génération magnifique, un événement fantastique, avec un superbe accueil pendant une semaine. » conclut le Président historique de la section féminine.