@ASJSoyaux
Depuis le 1er novembre, Laurent Mortel est le nouvel entraîneur de Soyaux. Il succède sur le banc à Sébastien Joseph qui a quitté ses fonctions après la défaite face à Issy-les-Moulineaux le 31 octobre (0-1). Pour L’Équipière, le nouveau coach du club charentais s’est confié sur son arrivée et l’objectif de maintien pour ses joueuses et lui.
« Pouvez-vous présenter votre parcours en tant qu’entraîneur ?
J’ai commencé dans une section sportive dans un collège. Certains joueurs que j’ai eus à l’époque sont d’ailleurs devenus professionnels. J’ai entraîné de DH à CFA 2 chez les garçons dans différents clubs de Picardie. En parallèle, je suis rentré à l’université d’Amiens où j’ai été directeur du département entraînement. J’ai dirigé les équipes universitaires. En lien avec la Ligue, j’ai fondé un centre universitaire de formation et d’entraînement. La naissance de mon histoire avec le football féminin date de cette expérience. Nous avons été deux fois vice-champions de France. J’ai été sollicité par Montpellier où j’ai d’abord été à l’université de la ville avant de rentrer au MHSC pour diriger le pôle élite féminin. Après deux ans, je suis parti en Haïti où j’ai signé avec la sélection nationale.
C’est vous qui avez proposé vos services au club ?
C’est un souhait partagé. C’est la volonté du club, mais aussi la mienne. J’ai traité au départ avec Joël Cordeau et Louis Dupeyrat.
C’est à dire, comment s’est déroulée votre arrivée ?
Je ne peux pas tout dire (rires). J’ai appelé quelques contacts pour savoir comment fonctionne le club, le profil recherché et voir si les projets étaient compatibles. Je leur ai envoyé quelques vidéos pour montrer comment je travaillais en Haïti. On m’a appelé pour me dire que l’on souhaitait me rencontrer. J’ai assisté au match contre le PSG pour me faire ma propre idée. J’avais besoin de ressentir le contexte, l’atmosphère, voir le staff, mais le tout en restant en dehors. J’ai rencontré les dirigeants et on a officialisé ça.
“Je pense qu’il y a une âme pour maintenir l’équipe”
Qu’est-ce qui vous intéresse dans ce projet ?
C’est un club de D1, il a un passé, une histoire avec la première division. Ce qui m’a donné envie, c’est aussi ce que j’ai entendu sur l’état d’esprit du groupe. Je pense qu’il y a certains projets de D1 que j’aurais refusé. Mais celui-ci, je pense qu’il y a une âme pour maintenir l’équipe. Et peut-être développer le club. C’est ce qui m’a donné envie de signer ici. Il y a un projet pour 6 mois, on verra après. Ce challenge m’a motivé.
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L’objectif est donc clairement le maintien?
Se maintenir oui ! On doit prendre des points rapidement. C’est un impératif. Ça ne va pas être facile mais on doit rester en D1.
Vous pensez pouvoir redresser la situation, avec notamment cette série de quatre défaites sur les cinq derniers matchs?
Si je ne le pensais pas, je ne serais pas là. On est là, on s’investit. Depuis 9 jours on travaille. Ça se passe très bien, maintenant, ce sont les résultats qui valident votre travail. Vous pouvez bien travailler à l’entraînement, avoir un super contexte, mais ce qui va valider tout ça, ce sont les résultats.
Le contexte dans lequel vous arrivez est un peu chaotique suite aux départs de Joël Cordeau et Louis Dupeyrat, les deux dirigeants qui étaient arrivés cet été, comment vivez-vous cela ?
On a un projet qui est désormais partagé. On s’en serait passé, le contexte était très particulier mais je comprends et aujourd’hui nous sommes passés à autre chose. J’avais hâte que cela s’éclaircisse. Il y a eu une période de doute mais aujourd’hui on juge les gens sur les actes. Il y a eu des actes, donc à partir du moment où des décisions ont été prises, de vrais changements sont arrivés et ça nous permet de savoir où on va et de travailler plus sereinement. On sait avec qui on doit travailler, on sait avec qui on doit communiquer. J’ai un canal très direct avec monsieur Letapissier qui est le patron de la société, c’est avec lui que je dois traiter.
“Il y a eu une période de doute”
Comment sont les joueuses dans cette période délicate?
L’état d’esprit est excellent à l’entraînement. Les filles avaient besoin de certaines réponses, je pense qu’elles ont été apportées. C’est peut-être ce qui leur permet de se sentir mieux en ce moment. Les joueuses ont dû s’adapter à ma façon de travailler, sûrement différente de ce qui se faisait avant. Elles ont peut-être été surprises au départ mais elles se sont adaptées, comme nous l’avons fait également.
“On travaille sur des renforts”
Attendez-vous du renfort dans les prochains mois ?
C’est une des conditions selon moi qui est indispensable. Il faudra se renforcer à deux ou trois étages pour stimuler. Aujourd’hui, il y a 18 filles pour 18 places, ce n’est pas possible. Il faut créer ce doute pour qu’elles se surpassent afin d’être dans les 18. Il ne faut pas que ce soit quelque chose qui soit acquis. On travaille sur des renforts, on discute. Les profils seront donnés à monsieur Letapissier et on échangera ensemble dessus.
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Et vous resterez dans le même temps sélectionneur d’Haïti ?
Oui, j’aime honorer mes engagements. Cela fait partie d’une discussion que j’ai eue avec Soyaux. Avec la COVID, les déplacements sont compliqués. Pour l’instant, il n’y a pas de rassemblement. S’il doit y avoir des rassemblements, ils se feront sûrement en France et proche de Soyaux. Cela me permettra d’être proche de mon équipe. Notre objectif est de se qualifier pour la Coupe du Monde 2023 en Australie.
Il y a plusieurs joueuses prometteuses en Haïti, est-ce une potentielle piste de recrutement ?
Oui bien-sûr, recruter des jeunes joueuses à fort potentiel c’est quelque chose qui est possible. C’est une piste que l’on peut creuser. Il faut tout de même s’assurer que ces filles puissent apporter à moyen terme pour améliorer la quantité et la qualité du groupe. C’est un équilibre, il faut faire très attention à ce que l’on fait.
“Je dois coller au plus proche de la mentalité du club”
Vous débutez votre histoire à Soyaux par une rencontre face à l’OL, il y a plus facile pour commencer…
Lorsque j’ai pris l’équipe d’Haïti, le premier match que l’on a joué était contre l’équipe type des Etat-Unis, à Houston. Donc j’ai déjà vécu ça une fois. Jouer contre Lyon, qui est la meilleure formation d’Europe depuis presque une décennie, quasiment ce qui se fait de mieux au monde, c’est peut-être le meilleur match que l’on puisse jouer. On n’aura pas de pression. C’est forcément des rencontres plaisantes à disputer. On va devoir se surpasser. Si l’OL joue comme il doit jouer, pas une équipe en France ne lui tient tête donc pourquoi Soyaux le ferait ? Le projet n’est pas là, il doit être sur prendre des points. Maintenant, c’est aussi comment on peut leur poser des problèmes, comment on peut répondre aux problèmes qui nous seront posés. C’est plutôt vers ça que l’on doit tendre et si on a un coup à jouer, on le fera.
Mais le groupe est-il prêt à jouer l’OL?
Si nous nous sentons prêts ? Non, il nous faut du temps. Un coach n’est jamais satisfait, il veut toujours plus de temps (rires). Il arrive maintenant, on ne se pose pas de question et parfois c’est bien aussi que les joueuses puissent se lâcher. C’est ce que je veux, qu’elles jouent, qu’elles prennent du plaisir, qu’elles travaillent et qu’elles osent.
Vous rejoignez un club historique du football féminin, qu’est-ce que ça vous inspire?
C’est à moi de m’adapter. Je dois coller au plus proche de la mentalité du club. Il était amateur et depuis peu, il est passé professionnel. Si vous venez et que vous pensez qu’il est ultra professionnel, vous vous trompez. Il est en cours de développement, il y a des choses à parfaire, à améliorer. J’ai bossé plusieurs années en CFA 2 dans des clubs aussi amateurs qui avaient moins de moyens que d’autres et j’ai su m’adapter. »