
Match de futsal féminin ©Facebook – France Futsal
Si le football féminin français est en pleine expansion ces dernières années, les compétitions de futsal sont encore peu nombreuses pour que la pratique se développe et rayonne sur la scène internationale. Analyse et échange avec Sassi Ben Naceur, responsable de la Ligue Nationale de Football Féminin (LNFF).
Avec plus de 200 000 licenciées en France, le football féminin connaît une belle croissance ces dernières années, notamment depuis la Coupe du Monde 2019 qui s’est déroulée dans l’Hexagone. Mais cette vague n’a pas profité à tout le monde. En effet, le futsal féminin est encore trop peu visible et peine à se développer.
Pour commencer, il est difficile de connaître le nombre exact de pratiquantes. Contrairement au football, le futsal peut compter sur deux autres fédérations en plus de la FFF : l’Association Française de Futsal (AFF) et l’Union Nationale des Conventions de Futsal (UNCFs). Et ces trois organisations ne semblent pas travailler ensemble… Pourtant, cette donnée semble être la première étape pour pouvoir développer la pratique.
Un manque de compétitions sur le territoire français
Aujourd’hui, le développement du futsal féminin est freiné par une présence inégale sur le territoire. En effet, toutes les régions françaises ne disposent pas d’équipes ou de compétitions locales. S’il existe quelques critériums, ceux-ci restent insuffisants pour faire découvrir la pratique et faire progresser le niveau de la France sur la scène internationale. Depuis plusieurs années, la FFF aurait eu des discussions avec plusieurs présidents de clubs sur la création de championnats régionaux et d’une compétition nationale, mais aujourd’hui rien n’est encore fait.
« Pour moi, la FFF a une connaissance au niveau de la stratégie, des compétitions, de l’organisation, elle a aussi des salariés et un budget. C’est la fédération idéale pour se développer. Si elle se penche vraiment sur le futsal féminin, je suis persuadé qu’en France on peut faire des choses magnifiques. La Fédération est le principal acteur, c’est elle qui peut faire bouger les choses. Mais c’est avant tout une question de volonté », assure Sassi Ben Naceur, président du Toulon Elite Futsal.
La LNFF, une association pour faire rayonner le futsal féminin
Pour pallier ce manque de compétitions et l’absence de prise d’initiative de la FFF, plusieurs dirigeants de clubs de futsal de première division masculine ont décidé de lancer leur propre compétition : la Ligue Nationale de Futsal Féminin (LNFF). Sassi Ben Naceur est l’un d’entre eux : « Quand on veut développer le football féminin mais qu’il n’y a pas de compétition au sein de son district ou de sa ligue, on profite seulement de rencontres amicales ou on s’inscrit à certains tournois. Ce n’était pas suffisant, alors on a décidé de créer la LNFF ».

L’affiche de la LNFF Cup 2020 avec les équipes participantes ©Facebook – LNFF
Même si son nom peut porter à confusion, la LNFF n’est pas une ligue à proprement parler, mais une association loi 1901. Regroupant 12 équipes, ce grand tournoi est organisé en quatre poules géographiques, notamment pour limiter les frais de déplacement. Et à l’issue des phases qualificatives, les quatre meilleures équipes s’affrontent lors de la finale régionale. Malheureusement, la LNFF a dû suspendre les rencontres, en raison de l’épidémie de Covid-19 qui sévit en France. « Dommage que la situation sanitaire ait tout arrêté… On devait faire un final four dans une grande salle devant 2000 spectateurs, les matches devaient être retransmis à la télé. On avait vraiment gardé un budget pour la fin, pour que ce soit un événement, qui fasse la promotion de la pratique et qui donne envie à des filles et des femmes de s’inscrire au futsal », raconte le président du Toulon Elite Futsal. Et les rencontres sans public ne les intéressent guère : « On ne veut pas jouer pour jouer, on veut qu’il y ait du public, il faut donner de la visibilité à la pratique, la faire découvrir et donner envie de s’inscrire. Aujourd’hui, l’objectif c’est participer au rayonnement du futsal féminin en France. »
La création de cette association va peut-être permettre de faire évoluer les choses. En mai dernier, la FFF a une nouvelle fois annoncé qu’elle allait mettre en place des divisions régionales dès l’année prochaine qui permettront notamment d’accéder à un Championnat de France d’ici la saison 2022-2023. Nouvelles paroles sans actes ou véritable prise d’initiative ? Affaire à suivre.
La France, grande absente de la scène européenne du futsal

Les groupes du dernier Euro féminin de Futsal ©UEFA
Qui dit manque de visibilité au niveau national, dit absence sur la scène internationale. En effet, la France est la grande absente des compétitions européennes de futsal féminin alors que d’autres pays, pourtant moins avancés dans le développement du football féminin (comme le Portugal, l’Italie ou la Russie) y prennent part. Mais sans championnats régionaux et nationaux, impossible de détecter les joueuses qui pourraient la composer. C’est encore une fois tout le problème de l’avancée du futsal féminin, comme l’indique Sassi Ben Naceur : « Si on avait ces championnats, on pourrait recruter les meilleures joueuses pour créer une équipe de France. Ou alors, commencer par le haut de la pyramide : si on avait commencé par les clubs qui sont déjà en place, on aurait pu faire des tournois pour repérer les meilleures équipes, puis les meilleures joueuses et ensuite on aurait rassemblé une quarantaine de joueuses pour en sélectionner une quinzaine. C’est ce qui a été fait pour l’équipe de France masculine de futsal. »
Après avoir pris du retard sur le terrain de la professionnalisation du football féminin, il ne reste plus qu’à espérer que la France ne rate pas le train du futsal.