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Le jour où Atlético-Barça entrait dans l’histoire

Par 20/08/2020 08:30 No Comments
Wanda Metropolitano
Le stade Wanda Metropolitano de Madrid – ©Creative Commons
À la veille du quart de finale de Ligue des Champions entre l’Atlético Madrid et le FC Barcelone, l’Équipière revient sur cette rencontre du 17 mars 2019, entrée dans l’histoire pour son record d’affluence. Récit. 

L’ambiance est à la fête et la passion pour le ballon rond à son comble. Les chants et les cris pour les Colchoneros de l’Atlético Madrid s’emparent des gradins du grand Wanda Metropolitano, mis exceptionnellement à la disposition des féminines pour le choc contre le FC Barcelone. Alors que la douceur du printemps s’apprête à gagner le pays de Cervantes, 60 739 spectateurs font le déplacement pour voir les 22 actrices, un record pour un match de club féminin. Il faut dire qu’ils ont devant eux les deux meilleures équipes d’Espagne et plusieurs stars de la sélection espagnole comme les Rojiblancas Jennifer Hermoso ou Silvia Meseguer, les Barcelonaises Sandra Paños ou Vicky Losada et bien d’autres encore. Sur le terrain, la victoire (2-0) du Barça est presque anecdotique parce que c’est l’engouement autour de la rencontre qui concentre l’attention du monde entier. Les affiches précédentes entre les deux équipes avaient rassemblé 14 000 supporters en 2016 et 22 000 en 2018. Un sacré bond de popularité pour le football espagnol.

L’affluence du jour dépasse celle du match mythique entre le club de « Dick, Kerr’s Ladies » et celui de « St. Helen’s Ladies », en 1920 à Goodison Park, en Angleterre (53 000), ainsi que celle de la finale du championnat mexicain entre Monterrey et Tigres en 2018 (51 211). En Espagne, la marque qui vient d’être établie efface le record battu l’hiver précédent, lors d’un match de Coupe de la Reine entre l’Athletic Bilbao et l’Atlético Madrid au stade San Mamés de Bilbao : 48 121 y avaient assisté. En tenant compte des sélections, seule la finale du Mondial féminin en 1999, remportée par les États-Unis face à la Chine, avait attiré plus de monde (90 185 personnes au Rose Bowl de Pasadena).

Le rassemblement avant la révolution 

À 76 jours de la Coupe du Monde 2019, le football féminin est en pleine mutation. L’Espagne, terre de football masculin voit son football pratiqué par les femmes décoller doucement. D’autres signaux porteurs d’espoirs viennent s’ajouter à ce record d’affluence. Au cours des quinze dernières années, le nombre de licenciées a été multiplié par quatre ; entre 2014 et 2017, il a augmenté de 41%. Bien que leur statut et leurs conditions demeurent dérisoires en comparaison avec leurs homologues masculins, quelque chose se passe en ce mois de mars 2019, une sorte de pré-révolution. 

Car quelques mois plus tard, les joueuses espagnoles se mettaient en grève pour obtenir de meilleures conditions de travail, avant d’obtenir une première victoire, celle de la première convention collective de l’histoire. Salaire minimum, congés payés, congé maternité, l’Espagne voulait voir les filles jouer au football au niveau professionnel. Plus d’un an après, la Fédération Espagnole de Football (RFEF) allait acter le changement de statut de ses championnats de première et seconde division. Fini l’amateurisme pour les ligues espagnoles, qui deviendront professionnelles à partir de la saison 2020-2021.

Les spectateurs de ce duel de titans entre le Barça et l’Atlético ne le savent pas encore, mais ils font désormais partie de l’histoire du football pratiqué par les femmes… Ils seront cités comme exemple partout dans le monde et auront pris part à l’un des éléments déclencheurs de la révolution espagnole pour son football féminin.

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