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Le jour où Grenoble a joué l’OL en demi-finale de Coupe de France

Par 12/07/2020 09:00 No Comments
Grenoble OL
photo : @GF38 : entrée des joueuses de Grenoble et de l’OL sur la pelouse du Stade des Alpes
pour la demi-finale de Coupe de France 2019
C’était quelques mois avant la Coupe du monde 2019 en France. L’aventure grenobloise en Coupe a rythmé cette année jusqu’au 12 mars et la demi-finale au Stade des Alpes contre le géant lyonnais. Laureen Navas et le coach Nicolas Bach racontent. 

Cette saison 2018-2019 de D2 débute à merveille pour Grenoble qui enchaîne trois succès consécutifs contre Metz ESAP (0-2), Nancy (1-0) et Vendenheim (1-5). Devant, la complémentarité naissante entre les nouvelles recrues est le tube de la rentrée. Les relations sur le pré entre la Canadienne Pilar Khoury, l’ex-Lyonnaise Sandrine Brétigny et l’internationale jordanienne Maysa Jbarah bien que largement perfectibles, sont prometteuses.

Mais fin septembre, le vent tourne. Les Grenobloises sont incapables de gagner la moindre rencontre pendant près de trois mois. À ce moment là, malgré un tirage d’entrée compliqué contre le premier du groupe B de D2, le premier tour fédéral de Coupe de France contre Yzeure tombe à pic. S’attaquer à la Coupe Nationale pour oublier les maux du quotidien, c’est l’objectif du groupe mené par Nicolas Bach, qui profite de cette période pour s’essayer à un nouveau schéma tactique. Ses filles évolueront en 3-5-2 pour le reste de la saison. « C’était pour coller à l’identité des joueuses, pour les mettre dans les meilleures dispositions. »  

Cet après-midi là au stade des Lesdiguières, Yzeure ouvre le score avant que les deux Canadiennes Oliva Mbala et Khoury ne retournent la situation. « Ça a été compliqué mais au final malgré le match très difficile, on avait réussi à gagner parce que ce jour là, le mental avait été très bon » raconte Laureen Navas, Iséroise de toujours, au club depuis 2005 (ndlr : Claix devenu Grenoble en 2016). Ce premier tour remporté à l’arrachée servira de remède magique pour la troupe de Bach qui enchaînera les bons résultats après la trêve. Le GF38 passe malgré tout les fêtes à une incompréhensible huitième place entre Ambilly (7e) et Nancy (9e).

«  Personne ne mettait une pièce sur nous »

Un tirage favorable puis des duels très serrés contre Avignon et Dijon 

Alors que les joueuses doivent oublier leurs ambitions de montée en championnat, un concours de circonstances favorables va permettre aux Grenobloises de croire à un parcours en Coupe, alors que pour Navas,  « ce n’était pas un objectif fixé par le groupe ». Les deux tours qui suivent le match contre Yzeure sont remportés haut la main. D’abord à Alès (2-6) puis à Chilly (0-12) deux clubs pensionnaires de Régional. L’idée que tout est possible commence à germer tout doucement dans l’esprit des joueuses. Le huitième de finale contre Avignon (R1) est très serré et les filles de Bach frôlent la correctionnelle, avant de célébrer la victoire après une séance de tirs aux buts (1-1, T-A-B 4-3). Des matchs à rebondissement ancrés dans sa mémoire. « On a vraiment vécu des matchs de Coupe ! Contre les équipes plus faibles, on a eu des difficultés et on a posé des problèmes aux équipes plus fortes, c’était tout le charme de la Coupe de France. »

Pour les quarts, Grenoble a rendez-vous avec une première équipe de D1, le Dijon FCO de Yannick Chandioux. Le défi est de taille pour Navas et ses partenaires : « Personne ne mettait une pièce sur nous ». Mais l’assise défensive grenobloise fait la force de ce groupe et les Bourguignonnes portées par Elise Bussaglia et Laura Bouillot ne parviennent pas à faire la différence. Le GF38 l’emporte aux tirs aux buts (0-0, T-A-B 4-5) après un match « assez équilibré dans les grosses occasions, même si Dijon avait largement la possession » analyse aujourd’hui Bach.

Salomé Elisor grenoble
photo : @GF38. La milieu de terrain Salomé Elisor -aujourd’hui au LOSC- balle aux pieds.

Une demi-finale de rêve au stade des Alpes 

Pour le dernier carré de la compétition, Grenoble doit recevoir l’ogre lyonnais, qui vient de remporter les trois dernières Ligues des champions et les douze derniers championnats de France. Le match d’une vie pour les Iséroises. « Tout était réuni pour ce soit un bon moment de foot avec des souvenirs qui resteront gravés pour longtemps. On n’avait pas l’habitude d’évoluer au Stade des Alpes, devant un public assez nombreux, même si on était conscientes que beaucoup étaient venus voir l’OL, ça a montré que les Grenoblois aimaient le sport féminin » confie Navas.

« On était en train de se dire que cette Coupe de France était peut-être pour nous »

Sur le terrain, les joueuses de D2 -portées par une Cindy Perrault des grands soirs-, jouent leur va-tout. Malgré de nombreuses occasions, Wendie Renard, Eugénie le Sommer et consorts ne concrétisent pas, pour le plus grand plaisir de Navas : « Tout le monde nous donnait perdantes mais je pense que comme sur le match de Dijon, on a montré qu’on était solides et capables de tout donner sur 90 minutes.» À l’entame du temps additionnel, les compteurs sont toujours à zéro. « Ce qui est incroyable, c’est que c’est  le seul match de toute ma carrière, où mon équipe n’a eu aucune occasion. On n’avait même du mal à franchir le milieu de terrain » s’amuse Bach. À ce moment-là, c’est tout un club qui commence à croire en l’exploit. « À la 92e, je me dis que c’est possible. Mais c’est Lyon, c’est trop difficile de ne pas prendre le but, alors je n’y crois pas vraiment » poursuit celui qui a passé près de dix ans à Grenoble. « On était en train de se dire que cette Coupe de France était peut-être pour nous » ajoute son ancienne joueuse.

Mais à la 94e minute, Dzsenifer Marozsán déboule côté gauche et délivre un centre millimétré pour Ada Hegerberg. D’une tête smashée, la Norvégienne refroidit le public local. Les joueuses de Reynald Pedros passent en finale, et malgré la fierté du chemin accompli, la désillusion prédomine pour les Grenobloises, Navas en tête. « Voir tout s’écrouler a été un moment compliqué même si notre parcours a été remarquable. »  Mais aucun remord pour son entraîneur : « Qu’est ce qu’on aurait pu faire de mieux ? Il n’y a aucun regret. Dès la mi-temps, j’étais déjà fier des joueuses. »

« L’un de mes plus beaux souvenirs » 

Ce 12 mars, il s’était passé quelque chose en terre iséroise, l’émotion et la joie procurées par l’événement dépassait de loin le goût amer laissé par l’élimination. « 5000 personnes au Stade des Alpes, on a battu un record pour le foot féminin local. C’était un moment riche en émotions » livre Bach aussitôt rejoint par Navas : « C’est l’un de mes plus beaux souvenirs, moi grenobloise de toujours, représenter ma ville, c’était une grande fierté » La défaite était bien là, mais l’essentiel était ailleurs, le public grenoblois avait vibré à quelques mois d’une Coupe du monde féminine qui aura connu un franc succès dans ce même Stade des Alpes.

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