@manu cahu
C’est un moment qui reste gravé à jamais dans une carrière de footballeuse. Six internationales françaises racontent leur grande première en Bleue, avec à chaque fois, une joie et une émotion particulière.
Estelle Cascarino, 23 ans, 1 sélection
France – Ghana, le 23 octobre 2017
«Je me souviens surtout de l’ambiance et de l’atmosphère de ce jour spécial. Le stress de la première mi-temps a vite laissé place à un sentiment de plaisir et de légèreté en deuxième mi-temps, couronné qui plus est par une large victoire. Ce moment évoque pour moi beaucoup de fierté. Chanter La Marseillaise devant un stade plein et surtout devant sa famille, ça n’a pas de prix ! Corinne Diacre m’a dit de jouer comme je savais le faire et qu’elle avait confiance en moi. Mes coéquipières m’ont encouragé et mise à l’aise car elles étaient pour la plupart déjà passées par là. Ce qui m’a le plus impressionnée ce jour-là, c’est la ferveur du public. La luminosité du stade était aussi impressionnante, je n’avais pas forcément l’habitude de jouer en étant sous le feu des projecteurs. »
Camille Abily, 35 ans, 183 sélections
France – Pays-bas, le 26 septembre 2001
« J’ai pas touché le ballon ! C’était dans un tout petit stade aux Pays-Bas, sans tribunes. Il n’y avait personne !
J’étais contente de rentrer, je n’avais pas encore mes 17 ans ! J’attendais que ça. J’étais très heureuse et fière, mais comme j’étais encore une gamine, j’avais été très frustrée de ne pas toucher le ballon. J’ai le souvenir de pleurer à la fin du match comme une enfant. C’était un peu dur, une première sélection sans toucher le ballon, ça m’a quand même marquée. C’est mon côté compétitrice, je voulais encore plus ! Heureusement il y avait d’autres joueuses du CNFE de Clairefontaine pour me réconforter, elles ont toutes été super sympas avec moi. Je ne suis pas rentrée longtemps, mais ça reste quand même un super souvenir. Le match d’après, j’avais joué plus, en Ukraine !
Ma première convocation c’était une grosse surprise pour moi, on avait fait un stage élargi en août et on était trente joueuses. J’avais beaucoup de respect pour les autres, j’étais là pour apprendre. Je pense que Babeth (ndlr : Elisabeth Loisel) avait vu un potentiel en moi, même si je n’étais pas prête. Ça me permettait de voir le haut niveau à l’entraînement ou même depuis le banc. »
Aline Riera, 48 ans, 59 sélections
France – Russie, le 28 mai 1993
« Une première sélection c’est une énorme fierté , un rêve qui se réalise. Représenter son pays c’est une émotion indescriptible ! J’ai très mal dormi la veille. Lorsque j’ai entendu la Marseillaise, j’ai eu du mal à retenir mes larmes, j’étais submergée par l’émotion, mon cœur battait fort… Ça a duré quelques secondes puis je me suis re-concentrée pour rentrer dans le match. J’ai joué la première mi-temps et Cécile Locatelli m’a remplacée à la 46ème, c’était prévu avant le match. Je me suis appliquée à faire des choses simples pour me mettre en confiance mais j’ai surtout essayé de profiter au maximum. Mais le sentiment le plus fort qui m’animait à ma sortie c’était de tout faire pour revenir au plus vite jouer avec cette équipe pour revivre ces moments . Le plus dur restait à faire ! Aimé Mignot (ndlr : sélectionneur de l’époque) est mon mentor, il m’a donné le goût et la valeur de ce maillot. Il avait les mots pour vous donner confiance mais aussi les responsabilités de jouer en Bleue.
Il faut aussi préciser que la première sélection a eu lieu en Russie à un moment où le pays était en crise politique (ndlr : 1993). L’ambiance sur place était très tendue . Il n’y avait que des militaires dans les tribunes ! »
Laëtitia Philippe, 29 ans, 4 sélections
France-Serbie, le 21 novembre 2009
« Je n’avais que 18 ans, c’était un match de qualification pour la Coupe du Monde 2011, avec une victoire 2 à 0 à la clé. J’ai remplacé Bérangère Sapowicz en 2e mi-temps. C’était beaucoup de fierté, un vrai moment spécial de porter le maillot bleu, même si je l’avais déjà porté en sélection de jeunes, là c’était différent. Quand tu es jeune et que tu arrives dans une équipe de France avec Bérangère Sapowicz, Camille Abily, Laura Georges, Sonia Bompastor, Sandrine Soubeyrand, Louisa Necib, Élise Bussaglia, Gaëtane Thiney, Marie Laure Delie, Laure Boulleau….. C’est forcément impressionnant. J’étais encore en sélection U19 à cette époque, et d’être appelée chez les grandes, c’est gravé. Et ça le restera…
Depuis toutes ces années, je vois aussi l’évolution qu’il y a eu. Le monde dans les tribunes, les stades, les journalistes, les infrastructures, les conditions d’entraînements…. Tout a beaucoup changé! »
@manu cahu
Delphine Cascarino, 23 ans, 24 sélections
France – Angleterre, le 21 octobre 2016
« Je me souviens de ma première sélection, c’était un match amical contre l’Angleterre là-bas. J’étais rentrée en jeu à dix minutes de la fin, j’étais trop contente ! Malheureusement, j’ai touché que deux ou trois ballons… C’était pas évident de rentrer en fin de match comme ça, surtout contre une grande nation. C’était un 0-0. Même si j’ai peu joué, c’est la première fois que je portais ce maillot en A. C’est un souvenir inoubliable. Je me souviens avoir été impressionnée par l’intensité élevée du match et le monde dans le stade. Le sélectionneur de l’époque Olivier Echouafni, me donnait beaucoup de conseils pour me faire progresser. Il avait confiance en moi, C’est le premier coach à m’avoir donné ma chance ! »
Isabelle Musset, 59 ans, 41 sélections
France – Belgique, le 30 mai 1976
« Je n’ai pas vraiment de souvenir de ma toute première sélection (ndlr : contre la Belgique en 1976). C’est vraiment très flou parce que j’avais 16 ans et ce n’était pas des matchs très marquants. En trois ans de temps, on ne faisait que deux ou trois sélections en amical. Ces matchs étaient sous la houlette de Pierre Geoffroy, premier sélectionneur des Bleues et qui était aussi mon entraîneur à Reims. Après, en 1978, je suis virée avec plusieurs Rémoises à cause d’un contentieux avec le nouveau sélectionneur [ndlr : Francis-Pierre Coché].
La première sélection qui a vraiment compté pour moi c’est quelques années plus tard, en 1982 contre les Italiennes, nos vrais épouvantails. C’était le premier championnat d’Europe, donc toute première compétition officielle. J’étais exclue de l’Équipe de France depuis 1978 et quand j’ai été rappelée en 1982 par ce même sélectionneur, j’ai décidé de revenir. Pour le premier match, j’étais titulaire et c’est moi qui marque le but de la victoire contre l’Italie, à Valence. C’est particulier parce qu’à ce moment, c’est beaucoup de choses qui se cumulent.
Mais le football féminin était bien plus confidentiel à l’époque, on s’entraînait une à deux fois par semaine. On sentait bien que c’était plus facile d’être internationale en foot. »