Les Parisiennes félicitent Bérangère Sapowicz après la séance de tirs aux buts contre Lyon – ©Paris Canal-historique
Dimanche 23 mai 2010. Les féminines du PSG remportent le Challenge de France, l’équivalent de la Coupe de France aujourd’hui. Retour sur le premier titre de l’histoire de la section, avec l’ex-coach de l’équipe, Camillo Vaz.
À l’aube de la saison 2009-2010, les filles du PSG s’apprêtent à prendre leur envol. Deux ans avant QSI (Qatar Investment Authority) et les arrivées des stars américaines Tobin Heath et Lindsey Horan, Paris veut jouer les premier rôles. Le Président de l’Association Simon Tahar, la manager générale Brigitte Henriques et l’entraîneur Camillo Vaz, lancent un projet ambitieux sur trois ans pour « mettre en avant le football féminin au PSG ». Sans grands moyens, la quête d’obtenir des résultats au plus haut niveau est lancée. « On était encore dans la section amateure du club, ce choix était très politique » rappelle le coach, resté trois saisons dans la capitale.
Un centre de formation en construction, une école de foot, une section sportive au lycée : le développement du PSG féminin est en marche. Sur les terrains, les résultats de l’équipe féminine de D1 suivent rapidement. En championnat, les joueuses gagnent aisément les six premières manches de la saison et débutent un duel à distance avec Lyon, quadruple champion de D1 en titre. Cette année-là, les Parisiennes occupent la première place du classement entre la 7e et la 13e journée. Les recrutements de Camille Abily et Sonia Bompastor, rentrées des États-Unis pour la saison creuse (ndlr : la première jouait à Los Angeles et la deuxième à Washington), facilitent l’obtention du titre de champion d’automne. Les deux stars françaises ayant regagné le pays de l’Oncle Sam en février, Caroline Pizzala, Candice Prévost et consorts doivent s’attaquer au Challenge de France, démunies de deux atouts majeurs. Un événement fédérateur pour l’ex-coach : « Leur départ a été vécu comme un nouveau challenge pour le groupe, ça a créé une dynamique compétitive vachement intéressante. »
Des premiers tours compliqués
Le 21 février, les Parisiennes débutent l’aventure par un court déplacement en Yvelines, du côté de Montigny-le-Bretonneux, lanterne rouge de D1. Mais ce jour-là, le PSG bute longtemps face à la défense ignymontaine. C’est seulement à trois minutes de la fin que Laure Lepailleur expédie le cuir dans les buts d’une Méline Gérard héroïque jusque-là. Contre le Mans (D2), bis repetita pour les joueuses de Camillo Vaz. « C’est vraiment la caractéristique de la Coupe, avec un engagement supérieur de la part des équipes dites “plus faibles”. Je n’étais pas surpris de cette difficulté. Ces matches nous ont servi pour la suite ». Laure Boulleau et Nonna Debonne doivent même passer par les pénalties pour voir la suite de la compétition. L’attaquante sarthoise Cindy Dufeu loupe le coche, Paris est qualifié. Prévu le premier après-midi de printemps, le quart de finale verra le PSG affronter Hénin-Beaumont, un adversaire a priori à leur portée au vu des dernières confrontations en championnat, remportées 3-0 et 4-0. Largement dominatrices, les joueuses de la capitale se qualifient pour les demi-finales sans encombre (4-2). Les quatre gros poissons du championnat se donnent rendez-vous pour le dernier carré. Montpellier sera opposé à Juvisy, pendant que les Lionnes de Farid Benstiti se déplaceront au Camp des Loges, à Saint-Germain en Laye. « C’est loin d’être gagné d’avance. Sur le papier, c’est certain, elles nous sont supérieures, mais sur un match, tout est possible », annonçait Lepailleur avant le match. Camillo Vaz qui espérait « jouer Lyon et Montpellier le plus tard possible », doit maintenant trouver les clés pour faire tomber le géant lyonnais.
Paris fait déjouer l’OL
Entre temps, Lyon a repris la tête du classement de D1, le PSG a même perdu sa place sur le podium et se trouve à quatre longueurs de la tête. Comme si l’objectif était ailleurs, les yeux rivés sur la Coupe. Jean-Michel Aulas, présent pour l’occasion, voit ses filles dominer outrageusement le début de partie. Mais à la surprise générale, Pizzala ouvre le score pour Paris à la suite d’un corner de Jessica Houara (1-0, 12e). Un avantage de courte durée puisque sept minutes plus tard, Isabell Herlovsen profite d’un cafouillage pour égaliser (1-1). Après vingt minutes à rebondissements, le rythme baisse d’un ton et Paris profite du soutien de ses supporters pour tenir le score. À l’heure de jeu, la capitaine de l’OL Laura Georges est expulsée, Camillo Vaz peut y croire. « On a fait déjouer Lyon qui nous était supérieur. Il y a eu beaucoup d’abnégation, beaucoup d’envie. Lyon maladroit, Louisa Necib qui tombe dans ses travers un peu individualistes, le carton rouge, c’était un vrai match de coupe ». Pour la seconde fois de leur parcours dans ce Challenge de France, les Parisiennes devront passer par une séance de tirs au but. Avec deux arrêts décisifs, Bérangère Sapowicz qualifie le PSG. Elle a bien mérité l’adulation de ses coéquipières.
Les joueuses du Paris-Saint Germain soulèvent le premier trophée de leur histoire à Bondoufle ©Paris Canal-historique
Place à la finale le 23 mai à Bondoufle, contre le Montpellier de Hoda Lattaf et Marie-Laure Délie. « Après avoir sorti Lyon, on arrive gonflées à bloc. Je me souviens très bien de la préparation du match, tout était hyper positif » confie Camillo Vaz. Pour Paris, le plus dur reste à faire contre le vainqueur sortant et vice-champion de D1 en titre. Après un nul et une victoire lors des deux dernières confrontations en championnat, c’est d’ailleurs le MHSC qui enfile le costume de favori.
Une pluie de buts et : Hou(a)ra !
Déterminées à écrire l’histoire du club et galvanisées par les chants de plus de 4000 supporters, les Rouges et Bleues effectuent une grosse entame. Houara sert Prévost qui trouve la barre transversale d’une belle reprise de volée. À la réception, Ingrid Boyeldieu conclut (1-0, 19e). Dominées, les Montpelliéraines de Sarah M’Barek s’accrochent et gardent espoir, jusqu’au nouveau déboulé de Houara qui trouve Pizzala pour le break (2-0, 54e). Quelques minutes plus tard, c’est Nora Coton-Pelagie qui vient éteindre les derniers espoirs héraultais suite à un énième débordement de… Houara (3-0, 68e). Montpellier n’y est plus : Elise Bussaglia (4-0, 72e) et Pizzala (5-0, 85e) terminent le travail. Camillo Vaz peut savourer : ses joueuses viennent d’inscrire une première ligne au palmarès du PSG féminin.