Alors qu’aujourd’hui les Toulousaines se battent pour un maintien en D2, il fut un temps où le TFC dominait le championnat de 1ère division et faisait briller le football féminin français au niveau européen. Elodie Woock, ex internationale française qui a fait les beaux jours de l’équipe de la ville rose se rappelle cet âge d’or du TFC.
Le 20 mars 2002 est une soirée qu’Elodie Woock, alors joueuse du TFC, n’oubliera jamais. Devant les spectateurs du Stade Ernest Wallon, à domicile, la joueuse et ses coéquipières gagnaient leur ticket pour les demi-finales de la première Ligue des champions féminine de l’histoire en battant Arsenal. Après un match aller en Angleterre qui s’était conclu par un nul, c’était la première fois que les Toulousaines jouaient un match d’une telle importance chez elles, dans la ville rose.
Une soirée inoubliable
L’ancienne internationale française se souvient de l’ambiance exceptionnelle et du public venu en masse pour les supporter. « Toute une tribune latérale était pleine ! On n’avait jamais joué devant tant de public. Quand vous faites un crochet ou un geste technique et que toute la tribune fait du bruit, sur le moment, vous vous demandez ce qu’il se passe. Il faut savoir qu’on était habituées à avoir à peu près 25 personnes tous les dimanches autour du terrain pour nous encourager, pas plus. »
Ce soir-là, poussées par cette ambiance et contre toute attente, les violettes renversent le club londonien au terme d’un match féroce (2-1). Le match en lui-même, Elodie Woock n’en garde que des souvenirs un peu flous. « Au moment de la victoire, ce sont les émotions qui priment. C’est le fait de gagner avec des coéquipières avec qui vous vivez plus ou moins. C’est de voir que même si c’était parfois très dur, nos efforts ont payé. Donc ce n’est pas ce qu’il s’est passé dans le match qu’on retient mais ce sont ces sentiments, ces émotions qui marquent et qui restent. »
Malgré tout, quand l’ex-joueuse Toulousaine évoque ces quarts de finale, un souvenir bien précis et vivide lui revient. Non pas une célébration de but ou une belle action mais plutôt la causerie d’avant-match de l’entraîneur, Jean-Pierre Bonnet. « Une de ses grandes qualités de coach était de réussir à nous motiver pour qu’on sorte du tunnel en mode guerrière pour les matchs capitaux. »
L’entraîneur toulousain a donc su utiliser ce talent pour pousser ses joueuses à se montrer à la hauteur du match qui les attendait. Jamais les violettes n’ont commencé un match aussi déterminées. « Le discours d’avant match de M. Bonnet nous a toutes retourné, on a toute eu les poils qui se sont dressés et on est sortie avec des masques de guerrières, de gladiateurs. ». Elodie Woock qualifie cette causerie comme « l’un des souvenirs les plus forts en émotion » de sa carrière. En discutant plus tard avec ses coéquipières, la joueuse a compris que toute l’équipe avait vécu et ressenti cet instant de manière aussi intense. Là se cache peut-être le secret de cette victoire. « Je ne suis pas la seule de mes coéquipières à avoir vécu et ressenti cette causerie comme ça. On est toutes sorties du tunnel chargées de cette émotion et de cette détermination. La victoire n’a fait que renforcer ce sentiment. »
Malheureusement, les rêves de sommet européens d’Élodie Woock et ses coéquipières sont mis à mal par Francfort en demi-finale. Un an plus tard, la joueuse ajoutera malgré tout une victoire en Ligue des champions à son palmarès sous le maillot…de Francfort.
Un exploit au cœur des années de gloire du TFC
Avec ce match, le TFC est devenu la première équipe féminine française de l’histoire à atteindre le dernier carré de la Ligue des Champions. Une performance impressionnante mais en phase avec la situation du TFC à cette époque.
L’équipe de Jean-Pierre Bonnet connaissait alors sans le savoir la plus belle période de son histoire. Après être remontées en 1ère division en 1994, les Toulousaines qui évoluaient alors en tant que TOAC [ndlr : l’équipe est absorbée par le TFC et change de nom en 2001], décrochent quatre titres consécutifs de championnes de France entre 1999 et 2002.
Moteur du championnat féminin, au-delà des qualités techniques et tactiques des joueuses, Elodie Woock se souvient « de filles qui avaient du tempérament sur le terrain » et d’un groupe qui avait l’habitude de jouer ensemble. « Les quatre victoires en championnat de France se sont faites avec les mêmes filles et c’était un groupe qui est resté au moins 6 ou 7 ans ensemble. ». La force du groupe reposait aussi sur « une génération exceptionnelle puisque dans l’effectif on était 7 ou 8 à jouer en équipe de France », détaille l’ancienne internationale française.
Malgré ces séries de succès, les Toulousaines ont toujours gardé les pieds sur terre. Pas question de perdre de vue les objectifs et de se laisser surprendre à relâcher les efforts. « Chaque saison on remettait les compteurs à zéro. Même si on était attendues, rien n’était certain du tout et rien n’était acquis. On avait un entraîneur qui nous remettait assez régulièrement les pieds sur terre donc on ne s’enflammait pas souvent. » se remémore l’ancienne joueuse.
Et puis la descente…
La belle aventure de l’équipe de la ville rose s’est terminée en 2003 avec une 4ème place en championnat de France. Au-delà des performances, certains choix des dirigeants du club et des problèmes financiers ont poussé l’équipe à déclarer forfait. « On ne s’est pas présentés au deuxième play-off parce que le voyage coûtait plus cher que le forfait. On savait que quoiqu’il arrive on n’allait pas être championnes donc les dirigeants du club ne voulaient pas faire un trou dans le budget pour qu’on aille perdre. » explique Élodie Woock.
Il faut ajouter à cela des tensions entre l’entraîneur et les dirigeants du club. Ces derniers ont procédé à des changements d’entraîneur, d’effectif, et ont instauré une nouvelle politique… « A ce moment-là, pas mal de monde est parti, dont moi, parce que j’arrivais au bout de ma carrière. C’était une situation compliquée et l’ambiance n’était pas très saine ».
Après avoir dégringolé au classement de la D1, le club a rejoint la D2 en 2013. Depuis, l’équipe peine à obtenir de bons résultats et stagne au bas du classement. Quand on évoque cette situation, Elodie Woock, qui fait « partie des générations qui ont porté le club à haut niveau national et européen », explique être « attristée ».
Pour autant, elle est loin d’être étonnée et se dit « convaincue que si le discours politique des dirigeants du TFC était un tout petit peu plus ouvert et un peu plus axé sur le sport féminin, toutes les conditions seraient réunies pour avoir un club qui joue les 5 premières places du championnat ». Affaire à suivre…