Les Louves championnes d’Europe pour la première fois de leur histoire © VfL Wolfsburg
Berceau du football féminin, l’Allemagne a un historique prolifique en Ligue des Champions. Mais, après des années de domination, les équipes d’outre-Rhin connaissent une phase de disette sur la scène européenne.
Des abonnés de la première heure
Depuis la création de la Ligue des Champions en 2002, anciennement dénommée Coupe de l’UEFA, les clubs allemands sont des habitués de la compétition. Le premier club d’outre-Rhin à avoir disputé la Coupe d’Europe est le FFC Francfort, aujourd’hui devenu Eintracht Francfort. Et dès la première édition de la compétition continentale, le club allemand s’est emparé du trophée, marquant ainsi le début d’une ère de domination.
Réguliers, les clubs allemands figurent de manière quasi systématique en Ligue des Champions, notamment dans le dernier carré. À chaque édition de la compétition, les clubs allemands se sont au moins une fois hissés jusqu’en quart de finale, à l’exception de la Turbine Potsdam éliminée en huitièmes de finale en 2012 et du Bayern Munich, sorti à deux reprises en seizièmes.
Pour leur baptême du feu, la Turbine Potsdam (2005), le FCR Duisbourg (2009) et le VfL Wolfsburg (2012) ont même réussi l’exploit de remporter le trophée tant convoité. Plus encore, ces mêmes clubs sont parvenus à disputer une nouvelle finale lors des éditions suivantes.
De nouveaux participants
L’Allemagne est l’un des pays ayant fourni le plus d’équipes différentes à la Ligue des Champions (5 au total). Aux premières heures de la compétition, ce sont Francfort et Potsdam qui représentaient les couleurs d’outre-Rhin. Si ces deux équipes sont restées de nombreuses années habituées des rencontres européennes, un nouveau club a fait son apparition dans la compétition en 2008. Après avoir remporté la Bundesliga, le FCR Duisbourg a obtenu son ticket européen et a fréquenté la compétition pendant les trois saisons suivantes.
Après plus de dix ans d’existence, la Ligue des Champions a ensuite vu un club, jusqu’à lors inconnu en Europe, s’inviter à la fête. En 2012, le VfL Wolfsburg fait son entrée dans la compétition. Aujourd’hui, les Louves comptent 2 coupes aux grandes oreilles à leur actif et s’invitent encore régulièrement dans le dernier carré.
C’est sans conteste l’année 2015 qui marque un tournant dans l’historique allemand en Ligue des Champions. Après sa victoire en finale contre le Paris Saint-Germain, le FFC Francfort de Dzsenifer Marozsan, au même titre que Potsdam, disparaît progressivement des radars. Dans le même temps, le Bayern Munich se qualifie pour la première fois dans la compétition. Une étape à compter de laquelle les places européennes seront exclusivement partagées entre l’équipe bavaroise et Wolfsburg.
Francfort, vainqueur de l’édition 2014-2015 de Coupe d’Europe © DFB
La fin d’un règne
Entre 2002 et 2010, les clubs allemands ont largement régné sur le continent en étant sacrés 6 fois champions d’Europe. Aujourd’hui encore l’Allemagne demeure le pays avec le plus de victoires en Ligue des Champions avec 9 titres. Au total, ce ne sont pas moins de 15 finales qui ont été disputées avec au moins une équipe d’outre-Rhin. Par ailleurs, l’Allemagne est la première nation à avoir compté deux représentants en finale en 2006 (ndlr, Francfort avait été sacré champion d’Europe aux dépens de la Turbine Potsdam).
Cependant, les clubs allemands ne rayonnent plus autant. Ces dix dernières années, la Ligue des Champions n’a été remportée qu’à 3 reprises par une équipe de Bundesliga, loin des standards des années 2000. Depuis 2015, plus aucun club germanique n’a d’ailleurs réussi à soulever la coupe la plus prisée d’Europe. La suprématie de l’Olympique Lyonnais n’est pas innocente à ce phénomène. Lors des trois dernières finales comptant un club allemand, c’est à chaque fois l’OL qui s’est adjugé le trophée européen.
Wir sind so stolz auf euch! Ihr habt alles gegeben! 💚 #WOBOL pic.twitter.com/qRT0IzzGO7
— VfL Wolfsburg Frauen (@VfL_Frauen) August 30, 2020
Tabea Kemme, ancienne joueuse de la Turbine Potsdam avec qui elle a remporté la Ligue des Champions, voudrait une inversion de la tendance. Pour se faire, elle a déclaré à Sportbuzzer être candidate à la présidence du club, dont l’élection se tiendra en mai prochain. Parmi ses projets, recruter « des joueuses expérimentées », mais aussi instaurer le professionnalisme pour rattraper le retard accumulé par rapport aux autres clubs allemands et européens. Selon elle, retrouver les sommets passe aussi par le recrutement de jeunes talents. Pour cela, la Turbine doit « avant tout créer une plus grande attractivité. »
Une rude concurrence venue de l’étranger
Malgré cette tendance, de nombreuses jeunes joueuses prometteuses ont choisi de prolonger leur aventure allemande, à l’instar de Sydney Lohmann qui a paraphé un contrat la liant jusqu’à 2024 au Bayern ou Tabea Waßmuth et Lena Lattwein qui quitteront Hoffenheim à la fin de saison pour rejoindre le VfL Wolfsburg. Malgré cela, la Bundesliga subit aussi l’exode de nombreux talents qui souhaitent découvrir de nouveaux horizons.
Dzsenifer Marozsan sous le maillot lyonnais face à sa compatriote du VfL Wolfsburg, Lena Goeßling – © Ryszard Dreger
L’amélioration du niveau et des conditions des championnats étrangers pique la curiosité des joueuses allemandes. Alors que Dzsenifer Marozsan a par exemple rejoint la France en 2016, Sara Däbritz et Melanie Leupolz sont les dernières en date à avoir quitté les milieux de terrain d’outre-Rhin pour rejoindre respectivement la D1 Arkema en 2019 et la FAWSL en 2020. Le départ de ces cadres de la Mannschaft laisse transparaître un regain d’attractivité et le niveau très compétitif des championnats étrangers. Dans une interview accordée à la Deutsche Welle, Melanie Leupolz a confessé considérer que « la ligue anglaise est la meilleure du monde car elle est homogène et copte beaucoup de bonnes équipes. » Le Bayern et Wolfsburg se partageant le titre depuis 2012, la Bundesliga était devenue trop répétitive pour celle qui un envisageait donc un départ en FAWSL comme première option.
L’Allemagne n’est désormais plus la seule référence du football féminin. Dans l’Hexagone, l’expérience européenne victorieuse de l’Olympique Lyonnais et la motivation du PSG à détrôner son rival promettent de sérieux prétendants en Coupe d’Europe. En Espagne, le FC Barcelone, finaliste de l’édition 2018-2019 de Ligue des Champions, survole la Primera Iberdrola et attend avec hâte de pouvoir se mesurer à d’autres grands clubs du continent. Enfin, l’évolution du championnat anglais, qui compte maintenant plusieurs équipes du calibre européen, apporte une rude concurrence dans la lutte en Ligue des Champions.
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Les équipes de Bundesliga auront donc fort à faire pour éviter le départ de leurs joueuses talentueuses et pour ramener une nouvelle Coupe d’Europe sur leur sol afin de redonner à l’Allemagne sa gloire d’antan.