Marie-Antoinette Katoto souffre d’une rupture du ligament croisé du genou depuis le match face à la Belgique à l’EURO 2022 – ©FFF
La saison 2021-2022 a été celle des graves blessures. De nombreuses joueuses de football ont été touchées par une rupture du ligament croisé du genou. Un phénomène de plus en plus récurrent chez les femmes.
Marie-Antoinette Katoto (PSG), Alexia Putellas (FC Barcelone), Catarina Macario (OL), Ellie Carpenter (OL), Constance Picaud (PSG), la liste pourrait être bien plus longue.
Ces deux dernières saisons ont été marquées par un nombre inédit de joueuses touchées par une rupture du ligament croisé. Une des plus graves blessures dans le football, qui nécessite de longs mois de rééducation et un suivi bien particulier.
Opération ou pas
Patience. Le maître-mot après une telle blessure, celle qui fait aussi bien trembler les joueuses que les entraîneurs et les supporters. Dans la majeure partie des cas, le délai de retour sur les terrains, en pleine possession des moyens, oscille entre neuf mois et un an. Une période durant laquelle le sportif se soigne, se rééduque, selon différentes méthodes.
Rapidement après la constatation de la blessure, un bilan lésionnel doit être réalisé, au moyen d’une IRM, ou d’arthroscopies pour étudier l’ampleur de la blessure. « Les risques, à court terme, à moyen terme et à long terme, c’est la perte de performances surtout, et donc de perte de niveau, de difficultés de reprises, et de douleurs chroniques. Ça peut-être associé parfois à des lésions des ménisques et des lésions articulaires », explique Nicolas Bacchetta, médecin du sport à Marseille.
Après le diagnostic, le premier choix qui s’offre est alors au sportif est le recours à une intervention, très fréquente dans le football. Primordial pour la stabilité du genou, le ligament l’est encore davantage pour les sports où les appuis sont sollicités. « Si on n’opère pas le croisé, il y a aussi un risque d’usure prématuré des ménisques et du cartilage», poursuit-il. Dans de rares cas, certains sportifs ont pu reprendre le cours de leur carrière sans opération, notamment pour les sports ne nécessitant pas d’appui. « On n’opère pas quelqu’un qui n’est pas instable et qui n’a pas de sport pivot. On peut faire opérer quelqu’un qui a de longues années devant lui pour protéger les ménisques, composantes de stabilité en rotation du genou », précise-t-il.
Une première étape, d’un processus fastidieux, à l’issue incertaine. « Le retour à leur niveau initial n’est pas systématique, même à un an de l’opération », prévient Nicolas Bacchetta.
Un long travail d’équipe
Durant se long cheminement vers les terrains, plusieurs acteurs entrent en compte. Tout au long de sa convalescence et de sa réathlétisation puis de sa reprise, l’athlète est accompagné par un médecin du sport. A l’écoute des douleurs, des sensations d’instabilité, le praticien procède à un véritable interrogatoire, en complément des examens cliniques qui mettent en évidence l’évolution du genou.
« Il y a toujours un hématome dans le genou, à l’intérieur, après une rupture d’un ligament croisé. On regarde si les amplitudes sont totales. Si elles le sont, le genou peut supporter, en parallèle, le commencement d’un renforcement musculaire », indique t-il.
Lorsque les voyants médicaux sont au vert, une batterie de tests est alors effectuée. « On a aussi les évaluations plutôt fonctionnelles, avec les tests de sauts, des tests spécifiques de stabilité du genou en charge, qui nous guident dans la récupération avant que ça se fasse sur le terrain avec les kinésithérapeutes et les préparateurs physiques », détaille ce médecin du sport expérimenté.
Après de longs mois de suivi, lorsque la reprise des entraînements se profile, une multitude d’exercices de réhabilitation s’ajoutent encore au processus, sans que le médecin disparaisse de cette équation complexe. « On (médecin et préparateur physique) communique par des contrôles et des consultations. On appelle aussi les kinésithérapeutes quand il y a besoin, pour dire si c’est un peu tôt ou s’ils peuvent y aller. On fait ça soit par écrit soit oralement », confie t-il.