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Ligue des champions : Barcelone et Chelsea face à leur histoire

Ce soir à 21h, la Ligue des champions aura un nouveau titulaire – ©UEFA
Tous les deux sacrés champions dans leurs ligues respectives dimanche dernier, Chelsea et le FC Barcelone s’affrontent ce dimanche pour décrocher la première Ligue des champions de leur histoire.

Un Barça qui semble inarrêtable

Les Barcelonaises le répètent, elles ont l’expérience d’une finale de Ligue des Champions, qui plus est perdue en 2019, et elles ne veulent pas connaître à nouveau le même sort. Et cette saison pourrait bien être la bonne pour être devenir championnes d’Europe. L’équipe de Lluis Cortés survole ses concurrents espagnols et est tout simplement injouable. Auteur de 128 buts, le Barça a remporté tous ses matchs de Primera Iberdrola, soit 26 rencontres, ce qui lui a permis d’être champion pour la deuxième saison consécutive en ayant encore 8 matchs à disputer.

Personne ne semble pouvoir arrêter la machine catalane à tel point qu’un fossé s’est créé avec le reste de la ligue espagnole. Actuel dauphin de Primera Iberdrola, avec 16 longueurs de retard sur Barcelone qui compte pourtant 3 matchs de moins, Levante s’est incliné sur un score cumulé de 10-1 face au champion. Dans la capitale espagnole, le Real (8-1) et l’Atletico Madrid (3-0 à l’aller) n’ont guère fait mieux qu’une large défaite. Pourtant, les Colchoneras ont réussi à se défaire du FC Barcelone en Supercoupe d’Espagne au mois de janvier. Mais pour y parvenir, elles ont dû emmener les Blaugranas aux tirs au but. Après avoir raté les trois premiers penaltys, le Barça a été éliminé aux portes de la finale de la compétition, seul point noir de la saison jusqu’ici.

©FC Barcelona

En Ligue des Champions, Barcelone a aussi affiché une grande forme. Les Catalanes ont commencé par ne faire qu’une bouchée des équipes du nord de l’Europe. En 16e de finale, elles ont facilement disposé du PSV en s’imposant 8-2. Puis, elles n’ont laissé aucune chance aux Danoises du Fortuna Hjorring (9-0). Fin mars, les choses sérieuses ont commencé pour les Barcelonaises avec un premier gros rendez-vous face à Manchester City. Et l’équipe de Lluis Cortés a encore une fois dominé son adversaire à l’aller en portant le score à 3-0 et s’offrant une large avance. Mais au match retour, elle a concédé sa première défaite de la saison (1-2), sans conséquence compte tenu du score de l’aller, mais preuve que le Barça pouvait finalement être battu. 

En demi-finale face au PSG, Barcelone a bénéficié d’un but marqué à l’extérieur puis de deux réalisations de Lieke Martens dans la forteresse qu’est l’Estadi Johan Cruyff pour obtenir son ticket pour Göteborg. Pour la deuxième fois en trois ans, les Catalanes ont donc rendez-vous sur la scène finale de la Ligue des Champions. Or cette année, ce ne sont pas les championnes européennes en titre que les Blaugranas rencontreront mais les Blues, qui vivront leur première finale, ce qui fait de Barcelone l’équipe la plus expérimentée.

Chelsea, lancé à pleine vitesse

C’est un Chelsea tout fraîchement couronné champion d’Angleterre qui entrera sur la pelouse du stade Gamla Ullevi de Göteborg ce soir. En Suède, les joueuses d’Emma Hayes auront pour objectif de décrocher leur première Ligue des Champions pour leur première finale à ce niveau. Portées par une saison exceptionnelle jusqu’ici, les Blues ont même l’occasion de réaliser un doublé coupe d’Europe-championnat, inédit au Royaume-Uni. A l’issue d’un championnat où elles auront été régulières et d’un grand réalisme, les joueuses de Chelsea s’avancent avec bon nombre de certitudes face à Barcelone.

En Women’s Super League, Chelsea a su dominer jusqu’au bout malgré la pression infligée par Manchester City dans le sprint final. Chelsea l’emporte 18 fois pour 3 matchs nuls et seulement une petite défaite, preuves de l’extraordinaire saison des joueuses de Londres. Meilleure attaque avec 69 buts en 22 matchs et meilleure défense avec 10 buts seulement encaissés, Chelsea peut et sait sur quelles forces compter. Avec des victoires probantes face à Manchester United et Arsenal cette saison, et un match nul importantissime face à City à 3 journées de la fin du championnat, Chelsea a prouvé qu’il sait comment jouer les grandes rencontres.

Chelsea qualifié
©Chelsea FC

Dès décembre, les Blues ont montré qu’elles pouvaient nourrir des ambitions légitimes dans la plus grande des compétitions européennes. Une double confrontation en seizième de finale face au Benfica leur a servi d’étalon. En remportant les deux manches, 0-5 à l’aller et 3-0 au retour, sans aucune discussion possible, Chelsea s’est rassuré. De bonne augure avant d’aller défier un autre gros aux ambitions grandissantes en Europe, l’Atletico Madrid. En quart, Chelsea s’est montré bien plus bousculé et aurait pu prendre l’eau sans la maladresse madrilène et trois penaltys manqués sur les deux matchs. Toutefois, les Londoniennes s’en sont sorties avec une victoire à domicile au match aller deux buts à rien et un match nul un but partout en Espagne.

A partir des quarts de finale, la compétition de Chelsea a pris un accent allemand prononcé avec des confrontations face à Wolfsburg puis face au Bayern. Et les doubles championnes d’Europe en vert n’ont pas fait le poids. Après avoir remporté la première manche à domicile, 2-1, Chelsea est allé infliger une lourde défaite à l’extérieur (3-0) aux Allemandes. Pour une place en finale, les Blues retrouvaient un adversaire qui comme eux attendait toujours une première finale en Ligue des Champions. Face au mastodonte bavarois, Chelsea a tangué, vacillé et s’est même incliné lors du match aller, perdant deux buts à un en Allemagne. C’était avant le superbe match retour réalisé par les protégées d’Emma Hayes qui se sont imposées 4-1 pour se hisser en finale et rejoindre Göteborg. L’an dernier, Chelsea ne participait même pas à la compétition, cette année il est en passe de soulever le trophée et présente des arguments solides à l’heure d’affronter le Barça.

Les armes de Chelsea

Si Chelsea a dominé l’Angleterre et inscrit 21 buts en 8 match de Coupe d’Europe, il le doit en grande partie à une attaque en pleine bourre cette saison et portée par des individualités au top niveau. Le duo Kirby/Kerr fait des étincelles et lorsque Harder se joint à elles, c’est tout Chelsea qui sourit. Les trois attaquantes londoniennes affolent les compteurs statistiques cette saison et jouent avec les chiffres. Avec 21 buts, Sam Kerr réalise une saison pleine en championnat où elle a aussi délivré 8 passes décisives. Fran Kirby distribue quant à elle le jeu de Chelsea et ajoute 11 passes décisives à ses 16 buts inscrits. Chelsea a des armes très performantes devant qui sont toutefois entourées d’un casting qui fonctionne. Harder, England, Leupolz ou So-Yun ne sont ainsi pas en reste à l’heure pour faire trembler les filets cette saison.

©Chelsea FC

À Gotebörg, Chelsea devra remporter la bataille du milieu de terrain. À deux ou à trois, So-Yun et Leupolz devraient tenir les rênes de l’entrejeu londonien. Dangereux sur coup de pied arrêtés, étouffant au pressing et à l’aise avec le ballon, le milieu de terrain de Chelsea se porte bien cette saison. Il excelle même dans le jeu de transition et sur contre-attaque comme on a pu le voir face au Bayern en demi-finales. La relation entre Kerr et ses milieux pour prendre la profondeur est une menace permanente pour la défense adverse qui devra bloquer cette relation sous peine de crouler sous les occasions et les situations.

Avec seulement 15 buts encaissés entre championnat et Coupe d’europe, Chelsea s’avance face au Barca avec une défense XXL. Emmenée par sa capitaine Bright, la défense des Blues peut sereinement aborder cette finale tant elle a fait preuve de solidité cette saison. Si celle-ci a souffert face à Munich, elle peut aussi s’appuyer sur son assurance tout risque cette saison dans les buts, Berger. Imbattable face à Madrid, décisive face à City en championnat puis face au Bayern, la gardienne allemande réalise une saison de très haut niveau et pourrait être le facteur X de la finale.

Les armes de Barcelone

Le FC Barcelone est doté d’un collectif bien rodé. Et pour conclure les possessions catalanes, l’attaque barcelonaise compte de nombreux atouts. Caroline Graham Hansen a fait parler tout son talent contre Paris, prenant le dessus sur son adversaire directe, Perle Morroni, l’obligeant ainsi à se faire épauler par ses coéquipières de défense centrale. Dans son couloir droit, la Norvégienne a délivré 14 offrandes en Primera Iberdrola cette saison. Meilleure buteuse de l’effectif catalan lors de cette campagne européenne avec 6 unités, Jennifer Hermoso occupe elle la pointe de la structure offensive blaugrana, ce qui fait d’elle l’une de ses principales menaces devant les cages adverses.

Alexia Putellas face au Paris Saint-Germain ©FC Barcelona

Doté de plusieurs armes qui s’avèrent régulièrement létales, le milieu du FC Barcelone est un danger constant. En tête, Alexia Putellas réalise une saison exceptionnelle. L’Espagnole a disputé tous les matchs européens et 25 des 28 rencontres du championnat domestique lors duquel elle a marqué à 16 reprises et délivré 6 passes décisives. Pour animer l’entrejeu catalan, la joueuse de 27 ans est entourée par Vicky Losada (3 buts, 7 passes en Primera Iberdrola), Aitana Bonmati (10, 9) ou Patri Guijarro (1, 5).

La colonne vertébrale de la défense catalane est occupée par la traditionnelle paire Mapi Leon – Andrea Pereira. Solides et rarement dépassées, les Catalanes n’ont encaissé que 6 buts en Ligue des Champions et 5 en championnat au cours de l’exercice 2020-2021. Toutefois, en ayant écopé d’un carton jaune lors du match retour face à Paris, Pereira va se voir privée de finale. En dernier rempart, Sandra Paños a bien souvent eu peu de travail en Primera Iberdrola mais la portière barcelonaise a su se montrer décisive lorsqu’il le fallait.

Le match dans le match : Caroline Graham Hansen et Pernille Harder se retrouvent

Alors qu’elles tenteront toutes les deux de ramener la première Ligue des champions de l’histoire de leur club, Pernille Harder et Caroline Graham Hansen se connaissent bien et n’en sont pas à leur coup d’essai pour soulever le trophée le plus convoité d’Europe. Entre 2017 et 2019, la Norvégienne et la Danoise se sont côtoyées sous le maillot du VfL Wolfsburg. En 2018, elles ont atteint ensemble la finale de la compétition, mais, après avoir pris l’avantage face à Lyon, se sont inclinées alors qu’elles touchaient de près au graal (4-1).

Après 5 ans en Allemagne, Graham Hansen a rejoint le FC Barcelone, à son tour finaliste face à Lyon en 2019. Mais suite à ce départ, c’est Harder et les Louves qui ont encore connu une finale, une nouvelle fois face aux Lyonnaises. Et une nouvelle fois, Wolfsburg a été battu.

En quête de leur première Ligue des Champions, les anciennes joueuses de Wolfsburg ont choisi de s’exiler à l’étranger. Et ce choix pourrait bien payer puisque Harder et Graham Hansen vont vivre leur première finale avec leur club respectivement lors de leur première et deuxième saison avec un nouveau maillot. Toutefois, cette finale ne pourra pas satisfaire les deux anciennes coéquipières.

Désormais bien établies à Barcelone et à Chelsea où elles sont des armes offensives clés, les deux joueuses s’affronteront ce soir pour décrocher leur première Ligue des Champions. Cette fois, ce n’est pas l’ogre lyonnais qui est en travers de leurs chemins respectifs mais une équipe encore moins expérimentée de cette phase de la compétition et orpheline du trophée tant convoitée. À défaut d’avoir ramené la coupe européenne ensemble à Wolfsburg, cette finale apportera donc satisfaction dans sa quête d’une Ligue des Champions à l’une des deux anciennes joueuses du club allemand.

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