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Lisa Martinez (FC Metz) : « J’ai vraiment adoré le football écossais, c’est complètement différent du jeu français »

Par 18/08/2020 17:30 No Comments
 ©Rangers
Prêtée aux Glasgow Rangers la saison dernière, la championne d’Europe U19, Lisa Martinez, a signé cet été au FC Metz (D2). Pour L’Équipière, la défenseure formée à Montpellier a accepté de revenir sur son expérience écossaise, le projet sportif messin et ses années montpelliéraines. Entretien.

« Tout d’abord, comment allez-vous ? On vous imagine heureuse de retrouver les terrains après le confinement ?

Je vais très bien merci. J’ai l’impression que le confinement était interminable. Au tout début, une fille de mon équipe en Écosse a été malade, du coup j’ai dû rester en quatorzaine à Glasgow. Une fois la quatorzaine terminée, je suis partie en France pour retrouver ma famille. Faire son programme individuel et pas en groupe, c’est ce qui était le plus difficile mentalement. Heureusement, j’avais de l’espace et une petite forêt juste à côté de chez moi pour aller courir.

La saison dernière vous étiez prêtée aux Rangers, en Écosse. Pourquoi ce choix ?

Après l’Euro U19, j’ai parlé avec Grégory Vignal, le coach des Rangers (ndlr: Grégory Vignal a quitté les Rangers et a été nommé, début août, responsable de la pré-formation par l’Olympique de Marseille). J’avais des complications pour partir dans un club français et il a sauté sur l’occasion en me proposant un beau projet. L’expérience à l’étranger, une autre mentalité, une autre culture, c’était ce que je voulais le plus donc j’ai foncé direct. Et les Glasgow Rangers, c’est vraiment un club mythique !

« Humainement, les Rangers m’ont fait grandir […] je ne peux que leur dire merci, tout a été positif »

Malheureusement pour vous, l’épidémie de Covid-19 a mis fin prématurément au championnat écossais ce qui a tronqué votre expérience. Comment l’avez-vous vécue ?

J’étais un peu triste d’annoncer mon départ en juin après tout ce qu’ils avaient fait pour moi. Au départ, quand j’ai rejoint les Rangers, je pleurais car je partais dans l’inconnu et je savais que ma famille allait me manquer. Finalement, en quittant le club j’ai à nouveau pleuré, cette fois parce que je voulais rester en Écosse. Humainement, les Rangers m’ont fait grandir. Sportivement, j’ai pris en muscles, j’ai gagné en vitesse et au niveau du jeu ils m’ont appris à me canaliser. Franchement, je ne peux que leur dire merci, tout a été positif.

Même si vous n’avez pas disputé une saison pleine, quel regard portez-vous sur le championnat écossais ? Quid du niveau de jeu par rapport à la D1 ou la D2 ?

J’ai vraiment adoré le football écossais, c’est complètement différent du jeu français. Les équipes ne lâchent vraiment rien du début à la fin du match, peu importe le score. Cette mentalité m’a beaucoup plu. Sur le plan technique c’est bien et sur le plan physique c’est impressionnant ! Les filles sont assez musclées, parfois c’était un peu compliqué, même si je me suis vite adaptée au style de jeu.

« Le football écossais […] sur le plan physique c’est impressionnant ! »

La première participation de l’Écosse à une Coupe du Monde féminine en France en 2019 a suscité un fort engouement des Écossais, qu’en est-il du championnat ?

Je me rappelle qu’à nos matchs il y avait entre 50 et 100 supporters, et je trouve ça quand même pas mal. Les supporters étaient présents peu importe le classement de l’équipe adverse.

Globalement, on a le sentiment qu’en Écosse, que ce soit au niveau de la Fédération ou des clubs, des efforts sont consentis pour développer la pratique féminine. Partagez-vous ce constat ?

Complètement. Les deux ou trois premiers mois, c’était assez compliqué parce que le club se formait. Une fois les recrues arrivées, le club a totalement changé. Juste pour un entraînement, on arrivait dans les vestiaires, nos affaires étaient pliées à notre place et sur le terrain, tout était déjà préparé. On avait directement accès à la salle de musculation des pros masculins. Quand tu y vas et que tu vois Steven Gerrard (ndlr: entraîneur de l’équipe masculine des Rangers), ça te donne envie d’y aller plus souvent (rires).

Justement, quelle relation avaient les féminines des Rangers avec l’équipe professionnelle masculine ?

Là-bas, les garçons s’entrainent tout le temps à huis-clos, donc on ne pouvait jamais les voir s’entraîner. Comme j’ai été blessée pendant deux-trois mois, j’allais souvent en salle de musculation et je pouvais parler avec les joueurs de temps en temps. J’essayais de parler plus aux joueurs susceptibles de jouer mon poste pour prendre leur expérience. Par exemple je leur demandais comment ils se positionnent en 3-5-2, etc. Quand ils avaient un match à la télé, je les regardais. Une fois que je suis dans un club, je supporte ce club à fond (rires).

« De ce que j’ai vu [Glasgow City] est une équipe solide avec une communication impressionnante, toutes les filles parlent sur le terrain »

Preuve du développement du football écossais, Glasgow City, le club rival des Rangers, s’apprête à disputer un quart de finale de Ligue des Champions face à Wolfsburg. Bien que supportrice des Rangers, pensez-vous les joueuses de City capables de réaliser l’exploit face aux championnes d’Allemagne ?

Malheureusement, je n’ai pas pu affronter Glasgow City car j’étais blessée à ce moment-là. De ce que j’ai vu, c’est une équipe solide avec une communication impressionnante, toutes les filles parlent sur le terrain. Même en tribunes on ne s’entendait pas tellement les joueuses parlaient. Techniquement et physiquement, il n’y a rien à redire, et comme on dit dans le Sud, elles ont la grinta, elles ont envie de faire quelque chose. Pour moi, elles iront loin.

Au point de battre une équipe aussi expérimentée que Wolfsburg sur la scène européenne ?

On ne sait jamais ce qui peut se passer.

« Une remontée en D1 c’est quand même beau à vivre dans le football »

Vous venez de rejoindre le F.C. Metz, tout juste relégué en D2. C’était important pour vous de revenir en France après cette première expérience à l’étranger ?

Au départ, je voulais rester à l’étranger parce que j’ai adoré ma vie en Écosse sur le plan sportif et sur le plan personnel. Ensuite, j’ai parlé avec la coach Jessica Silva, et j’ai tout de suite eu le sentiment que j’allais rapidement progresser et que j’allais encore gagner en maturité. Elle m’a présenté un beau projet et c’est ce qui m’a poussé à rejoindre Metz.

Qu’est-ce qui vous a convaincu dans le projet sportif messin ?

Déjà, les infrastructures à disposition des féminines, puis l’objectif de remonter en D1 ont fait basculer mon choix. J’ai besoin d’être dans un club qui a de l’ambition. Une remontée en D1 c’est quand même beau à vivre dans le football.

« Cette année, je suis susceptible de jouer la Coupe du Monde U20 ou de faire partie de la liste, donc je veux jouer »

Pourtant, championne d’Europe U19 l’été dernier, vous êtes une grande espoir du football français, aucun club de D1 ne vous a approchée pendant l’été ?

Quelques clubs de D1 étaient intéressés par ma venue, mais mon principal objectif est d’avoir du temps de jeu. Si c’est pour partir dans un club de D1 et être deuxième ou troisième défenseure centrale, ça ne m’intéresse pas. Cette année, je suis susceptible de jouer la Coupe du Monde U20 ou de faire partie de la liste, donc je veux jouer pour mettre toutes les chances de mon côté.

En signant à Metz, vous quittez aussi votre club formateur, Montpellier.  Cela n’a pas dû être facile après avoir passé près de dix ans à la Paillade ?

Ça m’a fait un petit pincement au cœur parce que j’ai toujours rêvé d’être titulaire un jour à Montpellier. J’y suis née et ça reste mon club de cœur. Je suis encore jeune et quand on est jeune on a besoin de jouer pour apprendre et progresser. Pour l’instant mon cœur est grenat, on verra ensuite ce que l’avenir nous réserve mais Montpellier garde toujours une place à part dans mon cœur. A Metz, il y a un très bon groupe avec de très bonnes coéquipières, qui ont toutes des ambitions, et c’est le principal pour pouvoir remonter en D1, pour gagner nos matchs. Pour pouvoir être de bonnes coéquipières il faut avant tout être de bonnes copines sur et en-dehors du terrain. C’est ça une vraie équipe pour moi.

« Vraiment, je suis contente d’avoir fait le choix du FC Metz »

Regrettez-vous de ne pas avoir eu davantage votre chance en D1 avec le MHSC ?

Ce ne sont pas des regrets, mais ça fait un petit quelque chose car c’est mon club de cœur. Après, il faut faire des choix et avancer, je ne peux pas rester toute ma vie dans un club si je ne joue pas. Et pourquoi pas revenir un jour à Montpellier, qui sait ? Je fais aussi confiance aux qualités du coach de Montpellier, s’il ne m’a pas conservée, c’est qu’il me manquait quelque chose. Vraiment, je suis contente d’avoir fait le choix du FC Metz pour rebondir sur de nouveaux projets.

Que retenez-vous de ces années montpelliéraines ?

Mes plus beaux souvenirs resteront d’avoir été championne de France U19 en battant le PSG en finale et d’avoir signé mon premier contrat professionnel.

Lisa Martinez - MHSC
 ©Fred LG

Cette page montpelliéraine tournée, que peut-on vous souhaiter pour cette nouvelle aventure chez les Grenats ?

D’être en bonne santé tout au long de l’année, de ne pas avoir de blessures et de gagner. Je ne suis pas venue à Metz pour me tourner les pouces non plus (rires). Pour finir, je tenais à faire une dédicace à tous les supporters messins derrières les féminines, qui ne lâchent rien et qui veulent notre remontée en D1. Merci d’avoir le cœur grenat ! »

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