Mia Hamm est l’une des meilleures buteuses de l’histoire. Toutefois, celle-ci a joué gardienne de but lors d’un match de Coupe du monde. Explications.
Une grande joueuse se doit d’être polyvalente, et l’Américaine Mia Hamm l’a appris à ses dépends. Celle qui fut longtemps la meilleure buteuse de l’histoire de la sélection étasunienne avec 158 réalisations, n’a pas toujours joué au poste d’attaquante.
Lors de la Coupe du monde 1991 en Chine, Mia Hamm évoluait soit au milieu de terrain, soit sur le côté droit de la défense des Stars and Stripes. « Mia Hamm fut l’une des joueuses clés de l’équipe des USA, rapporte la FIFA dans son compte rendu du Mondial 1991. Elle a joué soit comme arrière latérale, soit en milieu de terrain, sur la droite. Infatigable, elle s’est signalée principalement par sa clairvoyance et un travail de tous les instants. »
La Mia Hamm buteuse que nous connaissons n’a endossé ce rôle qu’à la suite du départ à la retraite pour cause de blessure de sa coéquipière April Heinrichs en 1991. « April Heinrichs ayant raccroché les crampons, elle a été remplacée en attaque par Mia Hamm dont la place au milieu de terrain a été confiée à une demi-défensive, Tiffany Roberts. » Peut-on lire dans le rapport de la FIFA de la Coupe du monde 1995.
Attaquante, milieu de terrain, défenseuse… Il ne manquait plus à Mia Hamm que le poste de gardienne de but pour avoir occupé plus ou moins toutes les positions sur le terrain au cours de sa carrière. Un rôle dont elle se serait certainement bien passé mais qu’elle a pourtant dû assumer l’espace d’une dizaine de minutes dans un match capital.
Le 8 juin 1995, les États-Unis affrontent le Danemark en Coupe du monde lors de leur deuxième match de groupe. Kristine Lilly et Tiffeny Milbrett trouvent chacune la faille dans une rencontre suivie par 2 704 spectateurs réunis au stade Strömvallen de Gävle en Suède. Mais alors que la fin du match approche, l’arbitre guinéen Engage Camara décide de faire chavirer le destin d’une partie que l’on pense jusqu’alors vouée à l’oubli.
A quelques secondes de la fin du temps réglementaire, la gardienne américaine Briana Scurry s’avance balle en main aux abords de sa surface de réparation avant de dégager le cuir d’un puissant coup de pied. Dans sa course, la portière aux 173 sélections aurait franchi la ligne blanche de sa surface de réparation. L’utilisation du conditionnel est ici de mise car même les ralentis ne permettent pas de s’en assurer. Positionné à proximité du rond central au moment du dégagement de Scurry, l’arbitre de la rencontre est en revanche sûr de son coup. Convaincu que la gardienne américaine a enfreint les règles, il dégaine de sa poche un second carton jaune synonyme d’expulsion.
Kristine Lilly et Mia Hamm en 1998
© John Mena
« Très honnêtement, je n’ai pas compris la décision de l’arbitre, racontait une Briana Scurry incrédule à l’issue du match. Apparemment, je me trouvais hors de la surface lorsque j’ai dégagé le ballon. Mais j’en suis sortie à cause de mon élan […] Je n’ai commis aucune faute grave. » Une légère entorse au règlement qui, il est vrai, n’est pratiquement jamais sanctionnée par les arbitres. Le fait est que les championnes du monde en titre ont disputé les dix dernières minutes de la partie en infériorité numérique. Le sélectionneur américain Tony DiCicco ayant déjà effectué ses trois changements, c’est une Mia Hamm munie de gants et d’un maillot floqué « Scurry » trop large pour elle qui a endossé le rôle de dernier rempart.
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Si le score n’a pas bougé malgré les neuf minutes d’arrêt de jeu et que Mia Hamm n’a pas eu à s’employer dans les cages, la sévère décision arbitrale a fait grand bruit à l’issue de la partie. « C’est une décision naïve, fustigeait Tony DiCicco au terme de la rencontre. J’ai fait appel auprès de la FIFA car je pense que c’est une mauvaise décision et qu’il n’est pas question qu’un athlète soit exclu de la compétition à cause d’une mauvaise décision arbitrale. »
Une indignation partagée par son homologue et rival d’un jour Keld Gantzhorn : « Le carton rouge était vraiment sévère » reconnaissait le sélectionneur danois. Si c’est une mauvaise décision de l’arbitre, la Fédération danoise soutiendra peut-être l’appel. » Une alliance qui n’a visiblement pas suffi à faire plier la FIFA puisque c’est Saskia Webber, l’habituelle gardienne remplaçante, qui fut titularisée lors du match suivant face à l’Australie. Briana Scurry quant à elle n’était même pas sur la feuille de match.
© Pinterest de Samantha @Creampuff981
Pour la petite anecdote dans l’anecdote, sachez que Mia Hamm n’est pas la seule star à avoir connu pareille mésaventure. Hanna Ljungberg, 130 sélections avec l’équipe nationale suédoise, a dû jouer vingt minutes dans les cages lors d’un match de coupe de Suède avec son club de l’Umeå IK en 2007. Le journaliste Zendry Svärdkrona écrit même dans son compte-rendu publié sur le site aftondbladet.se que l’attaquante a réalisé « un arrêt mémorable » ! « J’avais déjà joué deux matches en tant que gardienne il y a quelques années en troisième division. » Expliquait Hanna Ljungberg au site suédois pour justifier sa parade.
Hamm, Ljungberg ; destin croisé de deux gardiennes de buts fortuites occupant chacune à l’heure où j’écris ces lignes la deuxième place des meilleures buteuses de leur équipe nationale respective.
Cet article est issu du livre Les Anecdotes historiques du football féminin de Thibault Rabeux.
Découvrez le livre intégral ici : Les anecdotes historiques du football féminin
Sources
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Rapport technique de la FIFA de la Coupe du monde 1991
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Rapport technique de la FIFA de la Coupe du monde 1995
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« Remember When Mia Hamm Played Goalie At The Women’s World Cup? » – the18.com, Travis Yoesting – 4 avril 2019
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« Målsprutan blev målvakt – höll nollan » – aftonbladet.se, Zendry Svärdkrona – 18 mai 2007
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« U.S. Wins but Protests Red Card : Women’s soccer: Controversial call against American goalkeeper mars 2-0 victory over Denmark. » – latimes.com, Grahame L. Jones – 9 juin 1995
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« WWC 1995: Briana Scurry gets red card; Mia Hamm plays in goal » – youtube.com, WoSoNostalgia