Mickaël Bunel, nouvel entraîneur du Havre, avec son staff dont Laure Lepailleur @Emmanuel Lelaidier / HAC
Nommé sur le banc du Havre le 30 décembre dernier, Mickaël Bunel va diriger pour la première fois le HAC ce samedi. Les Havraises se déplacent à Fleury pour lancer l’opération maintien. Avant cette rencontre, le coach s’est confié à L’Équipière sur le mercato, le nouveau rôle de Laure Lepailleur et les moyens possibles pour relancer son équipe.
« Vous avez repris le groupe le 3 janvier, dans quel état d’esprit étaient les joueuses ?
Elles étaient comme tout groupe qui reprend avec un nouveau coach. Elles voulaient savoir avec qui elles allaient travailler, comment les choses allaient se passer. On les avait rassurées pendant les vacances avec une visioconférence pour expliquer qu’il y aurait un nouveau staff, un nouvel entraîneur.
Et maintenant ?
On a fait un gros travail assez éprouvant, on a doublé les entraînements. On a fait des choses qu’elles n’avaient pas l’habitude de faire donc ça les a changées un petit peu. Maintenant la compétition va démarrer et elles ont hâte que ça arrive.
Quels ont été les axes de travail depuis la reprise ?
On a fait un gros travail sur le plan athlétique car c’était une reprise après les vacances de Noël donc il fallait remettre les organismes en route. On a fait beaucoup de séances avec ballon, donc il fallait que les joueuses s’habituent. On a commencé à mettre des repères par rapport à un système de jeu et à des intentions de jeu.
“Le Havre a reçu beaucoup de propositions”
Pourquoi avoir accepté ce challenge ?
Ça fait 16 ans que je travaille au Havre. Je suis un formateur. La base de mon métier, c’est de préparer les joueurs au haut niveau. Maintenant, quand Thierry (Uvenard) et le club ont choisi d’arrêter, il fallait trouver quelqu’un pour reprendre l’entraînement. Ils ont eu beaucoup de propositions. Moi, j’étais une solution en interne. Ils voulaient aussi explorer ce qui se faisait en interne, si jamais ils ne trouvaient pas d’entraîneur. Vu l’urgence de la situation, les dirigeants ont choisi de se dire, on a des gens qualifiés et diplômés dans notre structure. Ils ont regardé qui pouvait convenir pour cette tâche, ils m’ont sollicité pour plusieurs raisons.
Je suis un peu l’instigateur de la section féminine. J’avais poussé à sa création il y a 6-7 ans. J’ai également pu travailler avec du public féminin à travers les sélections de Ligue et l’équipe des États-Unis, avec qui j’ai collaboré lors de sa venue en France pour préparer la Coupe du Monde 2019. J’étais assez impliqué dans le football local. Le président me connaît très bien, je parle l’anglais, donc il m’a dit que je pouvais être une option. Forcément, lorsqu’on vous présente ça, vous réfléchissez un peu. Et quelques jours plus tard, le club m’a dit “on souhaite que ce soit toi qui reprenne l’équipe”.
L’opération maintien s’annonce difficile, vous y croyez malgré tout ?
Aujourd’hui, j’essaye de ne pas travailler dans le vide. Je suis dans l’optique, tout est possible. Maintenant, je suis aussi lucide, je connais la situation. L’équipe est dernière et n’a gagné qu’un match depuis le début de la saison. La tâche ne va pas être facile. Je relève le challenge, après on réussit ou pas. Ce qui m’importe actuellement, c’est de travailler pour se maintenir, j’y crois, il suffit de gagner deux-trois matchs et cela relance la machine. La marge de manœuvre est tout de même très réduite. Et si ça ne fonctionne pas, il faut aider la structure féminine à se développer et les joueuses à progresser. On a un double objectif.
Sur quels leviers allez-vous appuyer pour relancer votre équipe ?
Il faut redonner confiance aux joueuses. Quand vous gagnez un match en six mois, c’est dur de leur faire comprendre qu’en améliorant nos qualités techniques, physiques, qu’en jouant ensemble, on a peut-être une chance d’accrocher des victoires. Il faut leur faire prendre conscience qu’il y a du potentiel dans ce groupe, des bonnes footballeuses. Elles ont un rôle à jouer pour nous faire gagner certaines rencontres. Peut-être aussi récupérer un ou deux renforts. Sur la phase aller, cette équipe n’a pas gagné, mais elle n’a pas non plus été larguée. Plusieurs fois, ça s’est joué à pas grand-chose.
“On doit pallier nos manques dans toutes les lignes”
Vous parlez de vous renforcer, quelles sont vos priorités lors de ce mercato ?
On travaille dessus actuellement. On n’a pas assez de milieu de terrain. On doit aussi renforcer notre attaque et notre défense. Il faut être conscient qu’aujourd‘hui, on a de très bonnes joueuses mais aussi quelques différences de niveau. On doit pallier nos manques dans toutes les lignes. On doit rééquilibrer le niveau général de l’équipe. On a plusieurs pistes, on réfléchit, on regarde et on est en contact avec des joueuses.
Le mercato hivernal n’est pas non plus facile. Le principal souci n’est pas financier, c’est avec la COVID, les formations qui jouent et celles qui ne jouent pas. Les joueuses qui ne sont pas titulaires, il faut qu’elles se libèrent de leur contrat ou que leur club accepte de les prêter. Il y a pas mal de problématiques.
Manager de la section féminine depuis septembre, Laure Lepailleur est désormais votre adjointe, pourquoi ce choix et que cela va-t-il apporter à l’équipe ?
Ce choix s’est fait pour plusieurs raisons. J’ai pas mal baroudé dans les staffs professionnels du club et j’ai appris une chose. C’est toujours important dans un staff d’avoir quelqu’un qui a un vécu pro. Laure représente deux choses, parce qu’elle a aussi le côté féminin. Elle peut avoir un échange avec les joueuses que nous hommes, on pourrait ne pas avoir sur certains domaines. Elle a été une footballeuse de haut niveau donc elle a de l’expérience et une grande connaissance du football féminin. De mon côté, je vais amener mon expertise technique de l’entraînement et de la préparation. Elle a forcément des réseaux, des connaissances, des mots et des consignes à donner aux filles qui peuvent leur être bénéfique. Elle est manager, elle gère la section, mais elle est aussi un exemple pour les joueuses qui pourraient s’identifier à elle.
Votre premier match sera à Fleury, une équipe en forme en ce moment avec 3 victoires lors des 4 derniers matchs, à quoi vous attendez-vous ?
Certes, Fleury n’est pas tout en haut du classement, mais aujourd’hui, c’est l’équipe à battre. Elle est bien classée, dans le jeu, ce n’est pas mal. Elle est cohérente et solide donc on ne sera pas favoris. On a eu à peine 15 jours pour changer les choses. J’espère quand même que les nouvelles méthodes de travail vont nous permettre d’aller nous confronter à cette formation. Ça va également nous permettre de nous jauger sur nos faiblesses et nos manques. On va découvrir où on se situe par rapport à Fleury.
“Si on ne prend pas de points contre nos adversaires directs, on perdra espoir de se maintenir”
Vous accueillerez ensuite Issy, pour un match déterminant dans l’optique du maintien…
Ça paraît clair aujourd’hui. Je pense que le maintien passera par des très bons résultats face à nos concurrentes directes et Issy en fait partie. Il est essentiel de prendre des points face à cet adversaire. Je ne veux pas leur faire offense, mais par exemple face au PSG, c’est difficile d’espérer quelque chose, il y a une telle différence. En revanche, si on ne prend pas de points contre nos adversaires directs, on perdra espoir de se maintenir.
Si on part de l’hypothèse que l’on fait trois bons résultats face à Fleury, Issy et Guingamp, on peut se relancer dans le championnat. Dans le cas inverse, on peut considérer que ça sera compliqué de rester dans l’élite. Ces matchs viennent peut-être un peu trop tôt car on aurait voulu plus de préparation, maintenant, ils arrivent rapidement donc il faut espérer qu’on les joue dans de bonnes conditions pour ramener quelque chose.
L’effectif a beaucoup évolué cet été, d’après vous, cela a-t-il eu un impact sur la première partie de saison de l’équipe ?
C’est difficile pour moi de répondre à cette question car je n’ai pas de regard sur la façon dont ça a été recruté. Ce que je peux vous dire, c’est qu’aujourd’hui, on a un nombre trop réduit de joueuses. Sur les profils, c’est plus dépendant de chaque entraîneur. Au-delà du changement d’effectif, et c’est sûr qu’il faut créer une cohésion, l’effectif est trop juste. On a actuellement 16-17 joueuses, c’est trop limité pour pouvoir instaurer une concurrence et du turnover.