Sakina Karchaoui s’hydrate aux côtés de Marion Torrent – ©TimGuigon/FFF
Dania Alaeedine est nutritionniste du sport. Un aspect peu souvent évoqué mais pourtant précieux dans la gestion d’une carrière footballistique. Pour L’Equipière, elle se confie sur la place centrale de la nutrition dans la performance des sportifs.
À 24 ans, Dania Alaeedine, nutritionniste spécialisée dans le sport, travaille au plus près des athlètes et intervient dans des cabinets en collaboration avec des kinésithérapeutes et des préparateurs physiques. Un métier qu’elle exerce depuis 2021, après l’obtention d’un Bachelor en « diététique – nutrition sportive ». Durant sa formation, jalonnée par de nombreux stages, elle a notamment travaillé au profit de l’Olympique Lyonnais. Dania Alaaeddine revient pour L’Équipière sur la spécificité de son métier de nutritionniste du
sport, sa méthodologie et l’élaboration d’un programme nutritionnel, qui vaut également pour l’intersaison, facteurs clés dans la carrière d’un athlète de haut niveau.
Sur quoi repose votre métier de nutritionniste du sport ?
Il consiste à effectuer un suivi alimentaire pour des sportifs amateurs et professionnels. Je les aide à atteindre leurs objectifs, que ce soit de prise de masse, de perte de poids, d’amélioration des performances pour leur permettre par exemple d’intégrer une équipe de football ou de réussir un marathon. J’adapte leur alimentation à la pratique sportive.
En quoi la partie nutritionnelle permet-elle aux sportifs d’être plus performants ?
La partie nutritionnelle va venir compléter le travail des entraîneurs, des kinésithérapeutes et des préparateurs physiques. Elle va permettre aux sportifs d’être plus performants en apportant les nutriments nécessaires. Dans un premier temps, une alimentation adaptée à la pratique sportive avec un apport en glucides, protéines, bons lipides et vitamines, et minéraux. Dans un deuxième temps, une hydratation optimale afin de compenser les pertes hydriques. Enfin, la mise en place d’une récupération (les repas d’avant – d’après matchs ou d’entraînements, qui vont être adaptés à chaque fois à l’intensité) pour éviter les blessures.
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Avez-vous une méthodologie nutritionnelle propre ?
Généralement, quand je rencontre un patient, je procède par une anamnèse, où je vais apprendre à connaître celui-ci, prendre des informations sur la personne et les regrouper, sur son activité physique, sur ses habitudes alimentaires et son mode de vie. Le but, étant que je m’adapte à mon patient et pas forcément le patient qui va s’adapter à tout ce que je lui dis. L’objectif ? C’est de vraiment trouver un terrain d’entente, en l’aidant à atteindre ses
objectifs mais aussi pas forcément que ça soit contraignant pour sa vie et dans ses habitudes de vie.
Comment procédez-vous pour élaborer un programme de nutrition individuel ?
Pour élaborer un programme individuel, je vais prendre en considération, le poids, la taille, l’âge, le niveau d’activité physique de la personne, qu’elle soit sportive ou non. Je vais également me baser sur ses habitudes alimentaires, sur ses goûts, ce qu’elle aime manger, sur son mode de vie, et surtout sur l’intensité et la durée des entraînements. Je vais prendre aussi en considération le sport qu’elle pratique. Par exemple, dans le football, le poste
qu’elle occupe sur le terrain. Avec ça, je vais devoir calculer les besoins du sportif, hydriques et caloriques, et élaborer son menu ou une répartition alimentaire adaptée à sa pratique sportive. Je vais mettre en place, des collations de récupération et des boissons d’efforts ainsi que l’alimentation de jour de compétition.
« Le but est d’éviter les blessures et la déshydratation, parce que cette dernière réduit les capacités physiques »
Pour quelles raisons faut-il adapter un programme de nutrition à la charge des entraînements et des matchs ?
D’abord, c’est pour éviter les blessures, parce qu’en fonction de l’intensité de l’entraînement ou du match, le sportif peut ressentir une certaine fatigue, et aussi se blesser. Le but est d’éviter ces blessures-là et une déshydratation, parce que cette dernière réduit les capacités physiques. Il faut lui permettre d’accumuler des réserves importantes, pour qu’il ait constamment de l’énergie.
Pourquoi est-il essentiel de donner un programme pour l’intersaison ?
Généralement, les sportifs continuent de s’entraîner mais la charge d’entraînement sera moins importante qu’en club et pendant les matchs. Il faut donc adapter de nouveau les collations et les repas, à la durée d’entraînement et aussi à combien de fois le sportif va s’entraîner par semaine, parce que le niveau d’activité physique change. Le but est de maintenir une alimentation adaptée aux entraînements et ne pas perdre en performance, en sensibilisant le sportif quant à une bonne alimentation, malgré qu’il soit en intersaison. Je recalcule les besoins de mon sportif, de par le niveau d’activité de celui-ci, donnant le nombre de calories obtenues. Je redonne un nouveau programme aussi en prenant en compte le mode de vie de mon sportif, s’il est en vacances ou en déplacements.