#MetempsSanté

Nutrition (2/2) : « Il est important de s’hydrater pour éviter une baisse des aptitudes physiques »

Par 04/07/2022 13:37 No Comments
Les joueuses de l’équipe de France en pause fraicheur à l’entrainement – ©FFF
Nutritionniste du sport – métier de l’ombre mais si précieux dans la carrière d’un sportif, qui contribue à ses performances et à son bien-être. Dania Alaeedine, qui exerce cette profession depuis 2021, se confie pour L’Equipière. Elle évoque la sensibilisation de nouvelles générations quant à une nutrition de qualité, les coulisses auprès des sportifs, des kinésithérapeutes et des préparateurs physiques.

Dans cette seconde et dernière partie d’interview, Dania Alaeedine, nutritionniste du sport de 24 ans, revient pour L’Équipière, sur la prise de conscience de la nouvelle génération de sportifs quant à l’importance de la nutrition, ses interactions avec les acteurs de la sphère sportive, l’alimentation à privilégier et l’hydratation optimale à atteindre. 

Quel regard portez-vous sur la prise de conscience de la nouvelle génération sportive quant à l’importance de la nutrition dans une carrière ? 

C’est vrai que c’est un métier qui reste assez caché. Les populations ne se rendent pas vraiment compte de l’importance que ça peut avoir. Mais moi, aujourd’hui, dans mon métier, je travaille avec une agence de football, des jeunes joueurs, et là je me suis rendu compte que les jeunes prennent conscience de l’importance de la nutrition dans leur pratique sportive. J’ai vu ça quand j’ai dû accompagner des jeunes de 17-18 ans qui sont encore amateurs mais qui veulent devenir professionnels sur le long terme. Il y en a qui sont venus justement vers moi pour que je puisse venir les aider et compléter le travail qu’ils ont avec les kinésithérapeutes, les préparateurs physiques ou les médecins, par un suivi nutritionnel, pour pouvoir améliorer leurs performances. Je pense que petit à petit, ça commence à se développer, même si ça prend un peu du temps. Mais aujourd’hui, j’arrive quand même à le voir chez les jeunes avec lesquels je travaille. 

Comment gérez-vous le relationnel avec les sportifs ? 

Quand il n’y pas de confiance, si je ne suis pas à l’écoute de mes sportifs, le travail ne pourra pas réellement être productif ou de qualité. Généralement, il y a une relation de confiance qui est établie directement dès le premier rendez-vous, parce que je suis quelqu’un de très à l’écoute de mes sportifs, j’écoute leur ressenti. Il ne faut pas être dans le jugement, pour qu’ils puissent se confier réellement sur leurs habitudes alimentaires, comment ils se sentent vis-à-vis de certaines choses. C’est vraiment important de discuter avec le sportif sans rien lui imposer au sujet de son alimentation. Il faut plutôt sensibiliser quant à une meilleure alimentation adaptée aux besoins exprimés par le sportif, et bien sûr trouver des solutions en fonction de ce qu’il aime et du mode de vie dans lequel il est. Cela aide aussi à créer une relation de confiance et permet au sportif d’être rassuré, et de voir que ce qu’on lui propose peut-être différent de ce qu’un autre sportif pourrait avoir. On va venir s’adapter à son alimentation, même si parfois, on va déconseiller ou conseiller certains aliments à manger ou à consommer. C’est vraiment de la sensibilisation. 

« Il faut un apport alimentaire adapté à la charge de l’entraînement. »

Quelle relation entretenez-vous avec les staffs médicaux et techniques pour vous adapter aux besoins des sportifs et établir un programme ? 

Sans l’accord de mon sportif, je ne partage pas les comptes-rendus. D’un point de vue professionnel, de par mes responsabilités, je ne peux pas du tout partager ce qui se passe entre mon sportif et moi durant les consultations aux staffs, tant que je n’ai pas son accord. Une fois que j’ai l’accord du sportif, je partage des comptes-rendus et un peu le suivi que je fais. Cela me permet surtout, en collaboration avec les kinésithérapeutes, de travailler avec les sportifs blessés pour pouvoir adapter mes conseils et mon suivi nutritionnel en fonction de la blessure et de son évolution. Je travaille aussi avec des préparateurs physiques. Là, la clé de mon suivi est la préparation : donner des idées, des conseils pour les sportifs, afin qu’ils puissent récupérer. Des idées de collations pour qu’ils puissent les mettre en place, à la fin des matchs ou des entraînements. Ou également, pendant les mi-temps, laisser le temps aux sportifs de s’hydrater. 

Quels aliments les sportifs doivent-ils privilégier pour performer ? 

Généralement, il faut qu’ils aient un apport adapté à la charge de l’entraînement. Ensuite, un apport en glucides peut reposer sur des féculents, des fruits, des compotes ou encore des barres de céréales. Des apports en protéines animales (tranches de blanc de poulet, des œufs, du poisson, du poulet ou des produits laitiers, dont des yaourts) et en poisson, pour les Omega 3, sont aussi bénéfiques aux sportifs. Il faut aussi privilégier les bonnes graisses, qui vont se retrouver dans les huiles d’olive et de colza, les poissons gras dont le saumon, le maquereau et la sardine, ayant un rôle anti-inflammatoire. Toujours sensibiliser et éduquer les sportifs pour maintenir une hydratation optimale lors des jours d’entraînements, de matchs ou de repos. Un apport en vitamines et minéraux également, que l’on retrouve souvent dans les fruits et légumes. Les aliments anti-inflammatoires vont venir réduire l’inflammation dans le corps, en l’aidant en tant que complément, si le sportif est blessé. On les retrouve dans les fruits, les légumes, les poissons gras, l’huile de colza, le curcuma ou encore le chocolat noir. Pour les aliments antioxydants, ils sont également trouvables dans les légumes, les fruits, les céréales, les haricots, les lentilles, les noix, les graines et les huiles végétales. 

Veiller à la supplémentation des sportifs est-il primordial ? 

Si l’athlète a un régime alimentaire varié et équilibré, les supplémentations ne sont pas forcément nécessaires. Dans certains cas exceptionnels, elles peuvent aider le joueur à performer et à récupérer. Mais comme le nom l’indique, la supplémentation va venir un peu compléter un régime alimentaire déjà équilibré, et pas remplacer un repas ou un aliment.  

Comment contribuer à la bonne récupération d’un sportif ? 

La récupération doit se faire le plus tôt possible après l’effort dans les 30 minutes qui suivent l’effort. La récupération consiste à : réhydrater et reminéraliser l’organisme en consommant des boissons alcalinisantes (boissons gazeuses) après l’effort ; reconstruire les fibres musculaires lésées à l’effort, en consommant des protéines pour limiter le catabolisme et favoriser l’anabolisme, donc la reconstruction des muscles lésées ; reconstituer les réserves en glycogène en consommant des glucides après un effort pour assurer la resynthèse des stocks en glycogène. 

« Une perte en eau de 2% équivaut à une baisse de 20% des capacités physiques »

Qu’est ce qui permet un regain en glucide et en glucose ? 

Les glucides sont très importants pour les sportifs, parce qu’ils vont permettre de rétablir la glycémie et recréer des stocks en glucides dans les muscles. Les aliments possibles sont les fruits, à travers la banane, les barres de céréales, du pain, des compotes et des barres énergétiques. 

Quelle est l’importance de l’hydratation ? 

Il est important de s’hydrater pour éviter une baisse des aptitudes physiques. Une perte en eau de 2% équivaut à une baisse de 20% des capacités physiques. Il s’agit d’un facteur très important pour la performance. Il faut veiller à une hydratation optimale que cela soit pendant ou après l’effort. Généralement, on part sur 1,5 à 2 litres d’eau par jour, pour minimiser les symptômes d’une déshydratation. On conseille aux sportifs de s’hydrater avant l’effort et pas uniquement pendant l’entraînement, sans être toutefois en hyperhydratation. Le but est de boire en petit volume, soit 250 ml toutes les 30 minutes à peu près, pour hydrater normalement l’organisme. Pendant l’effort, tout va dépendre de la durée de l’entraînement. Lorsqu’il est supérieur à une heure, on peut mettre une boisson d’effort, à base de glucides, qui va permettre aux sportifs de s’hydrater et également apporter un peu de glucide et d’énergie. Après l’effort, il est important de continuer à s’hydrater mais là on fait appel à des boissons bicarbonates, comme celles gazeuses, que l’on recommande aux sportifs. 

Leave a Reply