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NWSL : L’entraîneur de Washington suspendu, les joueuses s’expriment

Par 13/08/2021 15:13 No Comments
©washingtonspirit
A la suite de la suspension de l’entraîneur de Washington Spirit, les joueuses témoignent de l’enfer qu’il leur aurait fait vivre dans le Washington Post.

Des abus verbaux graves à répétitions

Il y a deux jours, le Washington Spirit a annoncé le départ de l’entraîneur Richie Burke en prétextant des « raisons de santé ». Cependant, avant-hier cette nouvelle a pris une nouvelle tournure après la publication d’un papier du Washington Post, dénonçant les agissements de l’entraîneur. En réponse à cette enquête journalistique, une enquête a été lancée sur Richie Burke.

Interrogées par le journal, quatre joueuses du club de la capitale étasunienne décrivent une situation « d’abus verbal et émotionnel » du coach à leur encontre et dénoncent « l’environnement toxique » qu’il a créé. Apparemment « très agressif » , les joueuses rapportent que Richie Burke n’hésitait pas « à les insulter » « m**** de chien », «gâchis d’espace », etc. – et à les « attaquer personnellement », en faisant notamment preuve d’un racisme très violent. Il les aurait également menacé de perdre leur travail.

Des joueuses traumatisées et dégoutées du football

Seule joueuse à avoir accepté de témoigner sans anonymat, la jeune Kaiya McCullough – recrutée l’an dernier lors du draft universitaire – explique avoir « pleuré à plusieurs reprises à la sortie des entraînements » et « être passée en “mode survie” » afin de résister à la toxicité de l’environnement créé par Richie Burke. Elle détaille également à quel point elle est devenue effrayée de faire des erreurs footballistiques par peur de faire l’objet des foudres de son entraîneur. Parmi les multiples exemples illustrant la perversité du coach et le climat de peur qu’il avait instauré, le journal rapporte également que pendant les matchs, les joueuses se sont mises à « redouter les pauses fraîcheur par peur de se faire crier dessus par Burke ». Kaiya McCullough se rappelle également des cris de l’entraîneur sur l’une de ses coéquipières, pourtant en détresse respiratoire et en pleine crise de panique.

Traumatisée par cette expérience et comme au moins quatre de ses coéquipieres, Kaiya McCullough a décidé de se retirer de l’équipe et de s’éloigner du football pour un temps. À seulement 23 ans et une saison à peine en professionnel, la joueuse indique qu’elle « ne sait pas si [elle] rejouera un jour au football » car il est « très difficile pour [elle] de passer outre et de ne pas associer le football avec cette expérience douloureuse et traumatique ».

En effet, les agissements de Richie Burke n’ont pas eu seulement raison de l’amour du ballon rond des joueuses mais ont également eu des conséquences graves et irréversibles sur leur santé mentale. L’une d’entre elles explique ainsi au journal « qu’elle a développé des troubles de panique et d’anxiété » des suites de cette expérience et « n’est pas sûre de pouvoir retoucher un ballon de foot de sa vie ». À coup de remarques très personnelles et foncièrement méchantes – « tu ne remettras plus jamais les pieds en équipe nationale », « tu ne vas même pas tenir 20 minutes dans le prochains match », etc.. –  le coach aura ainsi détruit la confiance de ses joueuses, sapé toute joie de jouer et les aura poussées à quitter un sport qui, pourtant, était leur passion.

Un fonctionnement de la NWSL propice aux abus

D’autre part, les joueuses interrogées pointent du doigt « l’absence de sécurité de l’emploi en NWSL » qui donne à des personnes comme Richie Burke un ascendant sur elles. Ainsi, « il est possible que notre contrat soit rompu pour rien. C’est possible que si tu rates un tir, ton emploi soit sur la ligne » explique une ancienne joueuse de Washington. Alors que les joueuses de NWSL n’ont pas de convention collective, au Washington Spirit elles vivaient alors dans la peur constante de perdre leur emploi des suites d’un coup de colère de Richie Burke. Une épée de Damoclès constante qui pesait sur elles et leurs performances et qui les empêchait de parler et de dénoncer ces abus. À Kaiya McCullough de résumer : « les joueuses ne peuvent absolument rien dire. Tout le monde a peur pour son contrat. » Elle explique « qu’être dans cette position l’a fait se sentir petite et impuissante et qu’elle ne veut que jamais personne ne ressente la même chose. »

Un passif déjà alarmant

La jeune joueuse s’est également « sentie trahie par les personnes qui l’ont mise dans cette position ». En effet, dès les premiers mois de Richie Burke à Washington en 2018, deux anciens de ses joueurs avaient dénoncé son homophobie et ses abus verbaux. Le club de la capitale avait alors balayé ces accusations d’un revers de la main en indiquant qu’une enquête avait déjà été menée et qu’aucune mesure n’était nécessaire. Quand Kaiya McCullough a découvert cette histoire après son arrivée en 2020, ses coéquipières et elle subissaient quotidiennement ces mêmes abus incessants de la part Richie Burke, dans l’indifférence générale des instances de directions de la NWSL. Au-delà de son incompréhension quant à la nomination du coach malgré ces accusations, ces non-actions à répétitions lui a donné l’impression que « tout le monde s’en moquait ». Elle espère désormais que son témoignage permette aux langues de se délier et à la situation des joueuses en NWSL de progresser.

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