©Atlético feminino
Tout juste arrivée à l’Atlético Madrid, la gardienne des Bleues prépare déjà son quart de finale de Ligue des Champions contre le FC Barcelone. Ses deux saisons à Arsenal, les Bleues, les contours du transfert, ses objectifs, “PPM” se livre.
Pauline, comment se passent vos premières semaines à Madrid ?
Ça se passe très bien, les filles sont cools, le staff aussi. Je découvre d’autres méthodes de travail. On bosse vraiment le jeu à l’espagnole, les passes, la possession. C’est vraiment ce qu’on entend sur l’Espagne. Il y a beaucoup de travail physique, on a tout de suite tapé dans le dur pour la préparation.
La pandémie a été particulièrement difficile pour vous puisque vous avez contracté le Covid-19. Vous n’avez plus de séquelles aujourd’hui ?
J’ai l’odorat et le goût qui ne sont pas totalement revenus. Il y a des jours où je ne sens rien. Mon parfum je ne le supporte plus. Apparemment ça peut durer entre quinze jours et un an…
« J’ai longuement hésité à venir à Bordeaux. C’est un vrai projet, je connais pas mal de filles là-bas »
Revenons au football. Vous avez signé à l’Atlético, malgré les nombreuses convoitises…
J’ai pas mal été sollicitée, mais l’Atlético est l’une des meilleures équipes d’Europe. J’avais à coeur d’aller dans ce club pour jouer la Ligue des Champions et faire partie d’une grande écurie, dans le même standing que Lyon, Arsenal, Wolfsburg…
À un moment, votre nom est passé du côté de Bordeaux. Un retour en France a t-il été envisagé ?
Pour être honnête, j’ai longuement hésité à venir à Bordeaux. C’est un vrai projet, je connais pas mal de filles là-bas. Mais le désir de voir autre chose a été plus présent. Bordeaux m’a contactée avant l’Atlético. Mais dès que l’Atlético m’a appelée, j’ai eu envie de tenter l’aventure.
Qu’est-ce qui a motivé votre choix ?
Y a plein de choses qui m’ont motivée. Je voulais changer de pays, pour parler une nouvelle langue, pour mon enrichissement personnel. D’un point de vue football, c’est aussi intéressant de découvrir autre chose. La Présidente m’a contactée et m’a montré une très belle image de l’Atlético, j’ai tout de suite adhéré.
Vous ne parlez pas du tout espagnol ?
J’ai des connaissances très très lointaines (rires) ! Je suis en train de prendre des cours donc ça va venir. Mais le groupe est très prévenant, si je ne comprends pas, ils répètent en anglais, l’ambiance est très internationale.
« J’arrive dans un nouveau club, il y a des choses à montrer, des choses à prouver. C’est ce que je vais faire »
En rejoignant l’Atlético, vous avez aussi envie de retrouver du temps de jeu après une année plus compliquée à Arsenal…
(Elle coupe). J’ai peut-être moins joué que la première année, mais j’ai quand même fait pas mal de matchs. Je préfère préciser. Certes je n’ai pas beaucoup joué en championnat mais j’ai joué trois matchs sur quatre en Ligue des Champions et plusieurs matchs en Coupe aussi.
Vous serez en concurrence avec la Suédoise Lindahl (37 ans), tout juste arrivée au club. Il est prévu que vous soyez titulaire ?
Quand on débute une saison, l’objectif est de jouer, mais il n’y a jamais de garantie. On ne va pas me dire que je suis numéro une. J’arrive dans un nouveau club, il y a des choses à montrer, des choses à prouver. C’est ce que je vais faire.
Avec Lindahl, vous allez avoir de précieux conseils d’une joueuse expérimentée. Vous le sentez déjà sur les premières semaines ?
Elle m’apporte déjà. Quand tu es avec quelqu’un qui a autant d’expérience, c’est toujours bénéfique de demander des conseils, de travailler ensemble. C’est un poste individuel mais pour lequel on a besoin des autres pour avancer. La longévité de Lindahl est impressionnante, je me souhaite d’avoir le même palmarès.
Que retenez-vous de ces deux années à Londres avec Arsenal ?
La première année, je retiens surtout le titre, les 9 victoires d’affilée. Pour Arsenal, ça faisait sept ans sans titre et cinq ans sans Ligue des Champions. J’ai aussi le record de clean sheets sur la saison (ndlr : 7). La deuxième, c’est quand même une année compliquée psychologiquement. Je retiens surtout l’Équipe de France. La sélectionneure m’a fait confiance, notamment contre le Brésil lors du Tournoi de France.
©Atlético feminino, Pauline Peyraud-Magnin à gauche, Hedvig Lindahl à gauche
« Je suis partie parce que je n’ai pas eu d’explications sur mon temps de jeu, mais je n’ai aucune rancune envers Arsenal »
Vos sélections en Bleue montraient que vous étiez au niveau pourtant…
Cette année, j’ai des bonnes statistiques ! Je n’ai pas pris beaucoup de buts. Sur la douzaine de matchs, j’en ai pris quatre.
Compreniez-vous pourquoi vous n’étiez pas titulaire en championnat ?
Non.
Vous n’avez pas essayé de vous manifester?
On m’a dit de prendre les jours comme ils viennent. Je suis restée neutre, sur ma ligne. C’est ce que j’ai fait et ça a payé.
C’est ce qui vous a poussée à partir ?
Oui. (Elle réfléchit) Je suis partie parce que je n’ai pas eu d’explications sur mon temps de jeu, mais je n’ai aucune rancune envers Arsenal. J’ai appris une langue, un nouveau football. Cette expérience m’a montré que le mental était important. En club, je n’étais pas très bien et Corinne Diacre me donne le match contre le Brésil. J’ai fait un bon match, ça m’a reboostée. Je ne me suis pas laissée abattre.
Vous êtes autorisée à jouer le “Final 8” de la Ligue des Champions avec l’Atlético. On imagine votre satisfaction…
Je suis très contente ! J’ai joué les matchs de Coupe d’Europe avec Arsenal, sachant qu’on était aussi qualifiées pour les quarts de finale, ça me tenait à coeur de pouvoir jouer cette deuxième partie de Champions League.
« J’ai aussi envie de jouer pour mon pays, j’ai 28 ans, je ne m’en cache pas »
Avouez que c’est quand même particulier de changer d’équipe au milieu de la compétition?
Certains pourraient dire que je retourne ma veste, mais j’ai juste changé de club. Les modalités, ce n’est pas nous qui les choisissons. Aujourd’hui, je suis très contente de jouer avec l’Atlético.
Cette saison, l’Atlético a d’abord pris une claque en septembre contre le Barça (6-1) puis il y a eu match nul en janvier (0-0). Comment battre cette équipe qui sort d’une grosse saison?
Le groupe connaît bien cette équipe et ses qualités, mais nous aussi on a de grosses qualités. Le match se jouera sur le terrain, pas avant. On est très motivées, je suis très motivée. On rêve de ce match, c’est une grosse affiche. À nous de faire quelque chose et d’écrire l’histoire.
Quels sont vos prochains objectifs en club et en sélection?
Avec l’Atlético, je vais tout faire pour qu’on puisse gagner un nouveau titre. Quand on arrive dans un nouveau club, on veut y faire honneur. Je veux des titres. J’ai aussi envie de jouer pour mon pays, j’ai 28 ans, je ne m’en cache pas. Porter ce maillot, c’est toujours une très grande fierté. J’ai envie qu’on se qualifie pour l’Euro et qu’on le gagne. »