
Surfant sur la vague de la Coupe du Monde 2019 en France, le développement des championnats féminins pourrait être remis en cause par la crise du COVID-19. Une annulation des compétitions serait dramatique pour la promotion du football féminin, c’est la raison pour laquelle de nombreux acteurs mettent tout en oeuvre pour poursuivre les championnats quand les conditions sanitaires le permettront.
La volonté de reprendre ?
De nombreuses fédérations se prononcent en faveur de la reprise de leurs championnats.
À ce sujet, Ludovica Mantovani, Présidente de la division féminine à la Fédération italienne de football, a déclaré : “Notre priorité, en toute sécurité, est de terminer les championnats féminins de Serie A et de Serie B, même si nous devons aller au-delà du 30 juin.” Cette décision est notamment motivée par la volonté de promouvoir le football féminin, économiquement fragile : “La crainte que cet intérêt [d’après Coupe du Monde] puisse être dispersé à cause de l’arrêt est réelle.”
En France, où la Fédération a choisi de mettre fin à la deuxième division, une reprise de la D1 Arkema est souhaitée pour veiller à “un traitement harmonisé du haut niveau féminin et masculin” et faire perdurer l’enjeu des qualifications à la Ligue des Champions. Cependant, un sondage de l’UNFP, le syndicat des joueuses, a révélé que deux tiers d’entre elles n’étaient pas favorables à une reprise, soucieuses de ne pas mettre leur santé en danger.
En Espagne, le scénario est différent. Alors que la Fédération espagnole a l’intention de mettre fin aux championnats, les clubs veulent reprendre et demandent donc, via l’Association des clubs de football féminin, à faire partie des discussions.
L’avenir de la saison reste flou
Malgré les volontés de certains, la reprise des compétitions pourrait s’avérer compliquée et les modalités restent floues. Dépendante de l’évolution du coronavirus, aucune date exacte de reprise n’a, pour l’heure, pu être donnée pour les championnats européens et américain.
L’organisation de la reprise de la saison est un casse-tête pour les fédérations qui pensent à de multiples schémas, à partir des recommandations gouvernementales et des clubs. “Tous les scénarios sont constamment revus en fonction des derniers conseils du gouvernement.” a déclaré la Fédération anglaise. Un des schémas imaginés pour le championnat anglais serait que les entraînements reprennent à la fin du mois de mai pour que les matchs puissent débuter le week-end des 6 et 7 juin. Les équipes joueraient alors deux matchs par semaine de manière à ce que la saison se finisse les 18 et 19 juillet. Dans ce scénario, toutes les rencontres se joueraient sur un unique terrain neutre et à huis clos, possiblement le St George’s Park, siège de la Fédération. Cependant, il n’est pas encore exclu que les matchs se déroulent dans les stades de chaque équipe en gardant les rencontres à domicile et à l’extérieur.
Aux Etats-Unis, les neuf franchises de NWSL avaient repris les entraînements le 9 mars pour préparer la reprise du championnat, prévue pour le mois d’avril. Mais les équipes ont été rapidement stoppées puisque le 12 mars, Lisa Baird, commissaire de NWSL, a annoncé l’annulation de la pré-saison. Suite à la progression du coronavirus dans le pays et aux mesures de confinement, la décision a été prise de suspendre les entraînements collectifs jusqu’au 5 mai. La reprise de la compétition outre-Atlantique n’est maintenant pas espérée avant la fin du mois de juin.
Des espoirs : l’Allemagne semble voir le bout du tunnel
L’Allemagne, où l’épidémie est dite maîtrisée, a entamé un déconfinement progressif le 20 avril. La Bundesliga et la Coupe d’Allemagne, officiellement suspendues jusqu’au 30 avril, pourraient donc reprendre dans les prochaines semaines. Alors que les joueuses de la majorité des championnats sont contraintes de s’entraîner seules chez elles, plusieurs équipes allemandes ont repris l’entraînement collectif. En effet, pour préparer les possibles rencontres à venir, le VfL Wolfsburg, le TSG Hoffenheim, le 1. FFC Francfort et le Bayern Munich sont de retour sur les terrains. Afin de respecter les mesures barrières, les joueuses sont réparties par petits groupes. Stephan Lerch, entraîneur de Wolfsburg a déclaré : “En ce moment, nous travaillons beaucoup avec le ballon, l’accent est mis sur la technique et le but. Nous revenons lentement à des changements rapides de direction. Et évidemment, nous ne faisons pas de duels”.
Une décision radicale à l’autrichienne reste à craindre ?
L’Autriche a été le premier pays européen à progressivement assouplir ses mesures de confinement. Cependant, le 15 avril, la Fédération autrichienne de football a annoncé que la coupe et le championnat féminins ne reprendront pas. En conséquence, la fédération a tranché : il n’y aura ni promu, ni relégué, ni champion. Pour l’heure, il n’a pas été décidé si le SKN St Pölten, premier au classement, pourra jouer le tour de qualification de la prochaine Ligue des Champions.
Alors que la saison 2019-2020 post-Mondial s’annonçait prometteuse, l’arrêt indéterminé des compétitions met en péril son avenir. Sans reprise, le développement de la discipline pourrait marquer le pas pour une durée également indéterminée…