Les clubs de D2 ont appris la reprise de leur championnat ce vendredi. Celui-ci devrait reprendre ses droits le 18 avril prochain. Pour l’Équipière, William Monthezin (Président de la VGA Saint-Maur) et Ophélie Meilleroux (entraîneur adjoint d’Yzeure) ont accepté de revenir sur cette période délicate et leurs aspirations pour le futur de leur championnat.
L’aboutissement d’un combat…
C’est peu après 16 heures vendredi dernier, à l’instar des amateurs de football féminin, que les clubs de deuxième division ont appris la nouvelle. Leur championnat pourra enfin reprendre. Une nouvelle qui sonne comme une libération après plusieurs mois d’arrêt. Plus encore, une victoire pour William Monthezin, président de la VGA Saint-Maur. « C’est tellement de combats, d’échecs, que l’on est obligé de savourer cette victoire. Le problème est qu’on est resté trop longtemps dans le flou. On ne savait pas si ça allait être positif ou négatif ». Même sentiment pour Ophélie Meilleroux, entraîneure adjointe à Yzeure : « C’est un soulagement d’avoir une date de reprise pour redynamiser le groupe et bien se préparer à la reprise ».
Après des mois de négociations auprès de la fédération, des mois de pétitions, de communication à travers la presse, les voix de la D2 ont enfin obtenu gain de cause. Pourtant, quelques heures auparavant, l’incompréhension restait à son paroxysme après que la reprise du championnat de N2 masculine (ndlr, lui aussi considéré comme amateur) ait été annoncée la veille. « C’était l’incompréhension totale, avec le sentiment de ne pas être considérés » confesse-t-il. Si ce combat semble gagné, une autre lutte, mise en lumière par la crise sanitaire, commence. Celle pour la reconnaissance. « On n’est peut-être pas professionnels sur le papier, mais on l’est dans nos actions » affirme-t-il.
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… Le début d’un autre
Bien plus qu’un statut administratif, ce qualificatif « professionnel » a été un véritable déterminant quant au sort de nombreux clubs ces dernier mois. « Quand on a vu que certains pouvaient s’entraîner, par rapport aux contrats, c’est vrai que la pilule n’est pas très bien passée. C’est pour cela que l’on s’est battus, pour ne pas qu’il y ait de différence au plus haut niveau » déplore le président du club six fois champion de France dans les années 1980. Une différence qui n’est pas sans rappeler le long feuilleton, encore en cours, de la subvention accordée par la LFP aux clubs féminins.
« Avec cette histoire de subvention, il y a eu une première rupture d’égalité entre les clubs, puis une nouvelle avec cette histoire. On s’est battu pour que toute la D2 soit considérée comme faisant partie du haut niveau » ajoute William Monthezin. Un sentiment partagé par Ophélie Meilleroux : « Cette inégalité au sein des mêmes championnats, que ce soit financier comme en début de saison, ou maintenant sur le plan sportif… (silence) On a l’impression que la D2 n’est pas prise au sérieux ! »
L’ancienne joueuse de Montpellier va même plus loin : « C’est un championnat de haut niveau, ce sont des joueuses de haut niveau même si elles n’ont pas le statut, car la majorité sont des joueuses amateures. Malgré tout, elles font les mêmes efforts tous les jours à l’entraînement pour atteindre la compétition le week-end. Donc il y a une réelle question à se poser sur le statut de la D2 ».
Se préparer pour la reprise
Le premier défi des clubs de D2 est évidemment sportif. Et la date relativement éloignée de la reprise permet au club de se préparer en conséquence. « C’est très bien d’avoir le temps de voir venir, de préparer les joueuses. Il faut une réathlétisation pour éviter les blessures, c’est important pour leur santé. On a quand même eu 4 mois d’arrêt ! C’est important pour réduire l’écart entre les clubs qui ont pu s’entraîner et les autres » estime le président de Saint-Maur, dont l’équipe n’a pas pu s’entraîner normalement depuis octobre, malgré un staff assidu.
« On a la chance d’avoir un staff très impliqué, qui proposait toujours quelques chose. On avait des séances en visioconférence. Psychologiquement, sur la durée c’est très lourd » loue-t-il. Ophélie Meilleroux l’admet sans détour, « c’était compliqué de garder les filles sous tension durant ces quatre mois ». Avec cette reprise, les joueuses de D2 ont enfin l’opportunité de se projeter et de revivre pleinement leur passion pour le ballon rond.
Ophélie Meilleroux sur le banc d’Yzeure – ©La Montagne
William Monthezin, président de la VGA Saint-Maur (à droite) – ©auteur
Une période riche en enseignements
Si cette période a été indéniablement pénible à vivre pour les clubs, quelques lueurs d’espoir ont également émergé. Dans l’adversité, les clubs amateurs ont choisi la voie du rassemblement :
« Depuis juin, on travaille avec ce collectif qui réunit les 14 présidents de clubs amateurs (ndlr, D1 et D2). On se réunit tous les vendredis, pour échanger de manière constructive, ce qui nous permet d’être force de proposition auprès de la FFF et la LFP. Il y a des problèmes, mais il y a des bonnes choses qui en ressortent. On sait que l’on peut faire entendre notre voix collectivement. On ne peut être que contents. » se réjouit William Monthezin.
Une volonté de représentation également présente chez les joueuses. « Les joueuses veulent aussi se faire reconnaître pour leurs statuts. Nous coachs, on leur demande d’avoir des attitudes de sportives de haut niveau. Aujourd’hui, on ne lâchera pas, pour que la D2 ait un autre statut que celui actuel » explique Ophélie Meilleroux.
Reste à savoir si les instances du football l’entendront de la même oreille.