© The Women’s Football Shop
Si la pratique féminine gagne en popularité et en adhérentes, se vêtir ou encore se chausser reste un long périple pour les footballeuses. Face à cette difficulté, Justine Rouer, 34 ans, a décidé de créer le premier e-shop dédié au football féminin.
Trouver chaussure à son pied
C’est l’histoire d’un contre temps que les moins de vingt ans doivent assurément connaître. Dans leur soif de jeu, de nombreuses footballeuses rencontrent le souci de s’équiper correctement. Encore aujourd’hui, vêtements et accessoires de football sont souvent taillés et dessinés pour les hommes.
S’il existe des marques, connues et moins connues, qui ont pris le tournant du football féminin, les dénicher reste encore une épreuve supplémentaire pour le grand public. De cette difficulté, Justine Rouer a développé une idée, créer une plateforme dédiée aux équipements féminins. « J’ai lancé le site parce qu’en tant que joueuse de football, j’ai toujours constaté qu’il y avait un manque d’équipements adaptés aux filles et surtout il n’y avait pas une plateforme qui rassemble les quelques articles qui existent », explique cette amatrice de ballon rond.
En ligne depuis 4 mois, le site est l’aboutissement d’un projet qui germe depuis deux ans. Un saut dans le grand bain, qui n’est pas de tout repos, puisqu’elle est en parallèle employée dans une société pharmaceutique. « C’était très compliqué pour plein de raisons. Je n’ai pas de compétences spécifiques en e-commerce ou même travaillé dans un magasin », avoue-t-elle.
Jusqu’à sa sélection des articles et des marques, tout est millimétré. « L’idée c’est de rassembler un maximum de produits, sans être le Alibaba du football. Je m’implique beaucoup dans la sélection de produits », explique-t-elle.
Rhabiller les préjugés pour l’hiver
Sur la trentaine de catégories répertoriées sur son site, certaines sont plus fournies que d’autres. Un fait qui traduit les orientations des marques. «Le catalogue dépend des marques mais il y a des réalités communes. Par exemple, il y a très peu de pantalons de gardiennes, et les cyclistes, les gants… Les chaussures sont très importantes. Il y a une étude (ndlr, publiée par la revue scientifique Sports Engineering le 16 novembre 2022) qui montre qu’avec des chaussures et des ballons plus adaptés, les joueuses se blesseraient moins.»
Si les marques ont souvent du mal à passer le cap, elles ne sont pas les seules à devoir être convaincues. « J’avais réalisé une petite étude de marché au départ. Je me suis aperçue que paradoxalement, dans la majorité des cas, les filles préfèrent les équipements mixtes. Je vends pas mal de maillots unisexes à des filles, parce qu’elles pensent parfois qu’elles ne vont pas être à l’aise avec des coupes plus cintrées. C’est aussi une question de marketing. Dans les grandes enseignes, on voit très peu de filles en égérie des rayons football. »
Une réalité, reflétée dans sa clientèle : « Pour l’instant, je ne vends pas beaucoup au détail, c’est surtout des équipes. Je fais beaucoup de démarchage auprès des équipes et des clubs. Au départ, je visais les filles en individuel, mais c’est compliqué lorsque l’on a pas Nike, Adidas ou Puma. »
Traverser les frontières
Domiciliée en Belgique, sa jeune société, qui vend essentiellement en local, vise plus loin que le Royaume. « J’ai choisi un nom anglais pour traverser les frontières. Le site est en trois langues. Pour l’instant je vends essentiellement en Belgique », analyse-t-elle à chaud.
Mais Justine Rouer n’abandonne pas le combat pour autant. « J’ai envie de servir et de rendre service aux filles, qu’elles se sentent elles aussi représentées dans le football. Parfois je me dis qu’il y a des montagnes devant nous mais c’est motivant. »
