Joueuses de l’US Orléans en 2024 – ©Nathalie Querouil
Alors que l’US Orléans a annoncé le retrait de son équipe féminine de la D2 pour des raisons financières, le destin des guêpes ne serait pas encore définitivement scellé.
Le 24 mai dernier, le président du club orléanais annonçait à l’effectif de D2 féminine sa volonté de rétrograder l’équipe féminine en D3 la saison prochaine pour des raisons financières. Les joueuses, surprises de cette décision malgré une saison réussie, ponctuée par une 7e place en championnat, se sont dites « trahies et humiliées ».
Les joueuses entre incompréhension et sentiment de trahison
L’annonce de la nouvelle leur a tout simplement semblé « lunaire ». Elle a été portée à leur connaissance seulement deux jours avant la dernière journée de championnat, alors qu’elles n’avaient aucune nouvelle sur le déroulement de la saison à venir. Loin d’imaginer une telle décision, perçue comme un manque de considération pour le travail effectué depuis deux ans pour se maintenir en D2, les joueuses ont exprimé un sentiment d’injustice.
En interne, elles vivent ce couperet comme un priorisation de la réussite de l’équipe masculine au détriment du reste du club, notamment de la section féminine et des équipes jeunes. Une analyse de la situation qui s’illustre par des choix concrets. Arrivé à la tête du club en avril dernier dans un contexte financier difficile, avec une équipe masculine au bord de la relégation en National 2, le président de l’USO avait d’emblée annoncé la couleur: “Notre seul vrai objectif est de ramener le club au niveau minimum qu’il mérite : la Ligue 2”. Entre les lignes, d’aucuns comprennent que les efforts du club seront désormais concentrés sur l’équipe première masculine.
Après la révélation du retrait de l’équipe féminine en D2, une vague de contestation et de soutien émerge chez des supporters et la communauté du football féminin sur les réseaux sociaux, avec notamment le lancement d’une pétition pour soutenir l’équipe.
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Une décision à contre-courant
Qualifiée de « hors du temps» par un membre de l’UNFP, l’annonce contraste avec la volonté affichée par la FFF de promouvoir le football féminin et met à mal la crédibilité du projet collectif de professionnalisation des deux premières divisions féminines.
La LFFP (Ligue féminine de football professionnel) doit en effet voir le jour dès juillet 2024 après plus d’une année de travaux dans lesquels la FFF, les clubs et les syndicats de joueuses ont été impliqués. Survenue quelques semaines après l’annonce du cahier des charges et des noms officiels des première et seconde divisions, l’annonce de l’US Orléans met en lumière l’un des nombreux défis du football féminin tricolore, à savoir – éviter que les sections féminines ne soient considérées comme une simple variable d’ajustement, liée aux résultats de l’équipe fanion masculine.
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Un club en difficultés financières
La rétrogradation de l’équipe féminine est justifiée par le club par des raisons économiques. Objet d’une enquête de la Direction nationale du contrôle de gestion, depuis l’année dernière, l’US Orléans fait face à des difficultés financières. Au mois de janvier 2024, déjà, la DNCG avait préconisé que l’équipe masculine soit rétrogradée en National 2 si les comptes du club n’étaient pas redressés avant la fin de la saison 2023-2024. La rétrogradation de l’équipe féminine a donc finalement fait partie des sacrifices consentis par le club à faire pour satisfaire les exigences de l’instance.
Mais les dépenses de l’équipe en D2 seraient-elles substantiellement moins importantes qu’en D3 ? Alors que la création de la LFFP et les subventions qu’elle garantit aux équipes de Seconde Ligue (nouveau nom de la D2) sembaient être attractives pour les clubs, ce ne serait pas le cas pour tous. L’US Orléans s’est justifié sur son site internet que « les prérogatives du cahier des charges prévisionnel de la future Licence Club féminine ne sont […] pas compatibles avec les possibilités budgétaires d’un club de National comme l’US Orléans.»
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Le cahier des charges de la Ligue Professionnelle a pour but de définir les engagements de la fédération et des clubs évoluant en Première et Seconde Ligue pour garantir des conditions professionnelles aux joueuses. D’une part, les clubs doivent mettre en place un certain nombre d’aménagements. Parmi eux, avoir un nombre minimum de joueuses salariées. Ce serait cette masse salariale qui poserait principalement problème à l’US Orléans et ses difficultés budgétaires. D’autre part, la LFFP prévoit des subventions aux clubs pour les soutenir dans la création de conditions répondant au cahier des charges. Pourtant, ces financements semblent insuffisants pour les dirigeants orléanais afin d’assurer au club une gestion non-déficitaire de son équipe féminine en Seconde Ligue.
L’UNFP à la rescousse ?
La semaine suivante, l’UNFP (Union National des Footballeurs Professionnels) publiait un communiqué de presse expliquant que, en collaboration avec la FFF et la LFFP, des solutions pour soutenir le club orléanais et son équipe féminine seraient envisagées. En effet, la direction du syndicat des joueuses s’est déplacée le vendredi 31 mai dans le Loiret pour rencontrer des « acteurs locaux» qui ont présenté un « projet qui souhaite intégrer le football féminin à Orléans et dans l’agglomération dans la politique de développement locale. »
Alors que le syndicat reste très discret sur le fond du projet et l’identité de ses mystérieux contributeurs, il s’agirait bien d’investisseurs impliqués dans la politique locale. Un représentant de l’UNFP, qui a accepté de répondre à nos questions, qualifie le projet d’« innovant, cohérent et [qui] pourrait sauver l’US Orléans et sa section féminine». Conscient de la situation financière fragile dans laquelle se trouve le club, il espère que ce projet, s’il est mené à bien, pourrait donner « un bol d’air aussi aux équipes masculines », puisque ces fonds supplémentaires permettraient de soulager économiquement l’ensemble du club.
D’après cette même source, les prochaines étapes seront d’essayer d’impliquer les autorités locales et le club dans la suite des discussions.